« Czy pamiętasz miła jak przy ognisku, W ciemnym borze, na polanie Spotkaliśmy się. Bór nam szumiał rzewnie, Byłaś tak blisko. Serca nasze z żarem iskier Połączyły się.
I choć nas dzieli, Może tysiące wiosek i mil, Nie zapominaj razem spędzonych chwil. Tę leśną serenadę śpiewam dla Ciebie, Obozowe tango, które nam wspomnienia śle ».
Te souviens-tu ma douce quand près du feu de camp Dans l’obscurité d’un bois, dans une clairière Nous nous sommes rencontrés. Le bois bruissait joyeusement, Tu étais si proche. Nos cœurs, avec la chaleur des étincelles, Se sont fusionnés.
Et bien que nous soyons séparés Peut-être par des milliers de villages et de kilomètres, N’oublies pas le temps passé ensemble. Cette sérénade forestière, je la chante pour toi, Le tango des colonies que nous renvoient nos souvenirs.
Paroles de la chanson : « Obozowe tango», que nous avions rebaptisé « Colonine tango ».
Pas de Comblain sans ognisko … C’est là que nous donnions le meilleur de nous ! Du coup, chacune de ces photos est une pépite, un trésor, une gouttelette de cet élixir de jouvence qu’ensemble nous composons depuis quelques années.
16/09/2019 – JP Dz
1.877 : COMBLAIN-LA-TOUR : Ognisko : ( ? ) ; …; assis, Michel Konarski ; … A l’arrière : Annie Wizla ; la maman de Franca Fisher ; Mme Dziewiacien ; Mme Konarski ; Franca Fisher ; Patricia Młynarski ; ( ? ) ; Czesiu Kucharzewski ; Richard Konarski ; le séminariste, Joseph ; Helena Wochen ; Eveline Ogonowski ; le séminariste Kazik ; …
Commentaires : Helena Wochen : Cher Jean-Pierre Dziewiacien, que de merveilleux souvenirs … de plus, tu as une excellente vue … et certainement aussi une bonne loupe …
1.879 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1975 : Ognisko : ( ? ) ; …; Georges Załobek ; … ; Mme Bujanowski ; … ; Pani Bardo ; … ; Gisèle Wojas et sa maman à l’arrière ; … ; Mr Wilcezk ; ( ? ) ; Ks Kurzawa ; et derrière lui, Eveline Ogonowski et Francine Załobek ; …
Commentaires : Michel Wojas : A wsrodku, 4 od Bardo, jest Gisèle Wojas a w tyle ich mama ktura pracowała wkuchni.
1.880 : COMBLAIN-LA-TOUR : Ognisko : ( ? ) ; Nadine Kucharzewski ; Jean-Pierre Blaszka ; Edward Kucharzewski ; ? Mielcarek ; ( ? ) ; ( ? ) ; Henri Bogdanski ; le séminariste Kazik ; au premier rang : Czesiu Kucharzewski ; Janek Konarski ; ( ? ) ; Richard Konarski ; Pierre Front ; Jerzy Bardo ; au deuxième rang : Zuhal Gunal ; Annie Wizla ; la maman de Franca Fisher ; Mme Dziewiacien ; Mme Konarski ; Franca Fisher ; Patricia Młynarski ; ( ? ).
Commentaires :
Monique Kiełtyka : La « balancelle » dans laquelle on se balançait si fort que les adultes disaient qu’on allait « wykożiołkować » de cet engin diabolique …
Janina Zapalowski : Bein, jusqu’à présent, personne n’est mort ! Ah! les adultes …. pfffffffff ! Je crois qu’ils n’ont jamais compris qu’on géraient l’truc !!!
Nous avons pris l’habitude d’évoquer ensemble toutes sortes de sujets, et plus particulièrement ceux qui concernent tout ce que nous avions à Comblain. Jamais, jusqu’ici nous n’avons parlé de ce que nous n’avions pas ! Vous me direz : « Quel intérêt de perdre son temps à discuter de quelque chose qui n’existait pas ? ». Pourtant, j’ai envie, ce matin, de vous entraîner sur le sujet de l’absence …
Le début des années soixante a été marqué par l’apparition ( que dis-je l’apparition, l’invasion ), dans tous les foyers du monde civilisé, de la télévision. Nous avons été la première génération d’enfants qui ont eu une télé à la maison. Très vite, ce nouvel équipement est devenu le centre d’intérêt et l’objet de toutes nos préoccupations. Bien sûr, les émissions n’étaient pas encore diffusées en continu … il fallait attendre l’heure du début d’antenne ; notre impatience nous faisait souvent regarder la « mire » durant de longues minutes. N’empêche que c’est tout notre mode de vie qui a été bouleversé. Dorénavant, toutes les soirées étaient conditionnées par la curiosité de savoir ce qui passerait dans le petit écran. Nous sommes vraiment les « enfants de la télé » et même les « premiers enfants des premières télés ». Mais quand on débarquait à Comblain … plus de TV !
Aujourd’hui, vous imaginez-vous des vacances sans télévision ? La moindre chambre du moindre hôtel, le plus modeste soit-il, est pourvu d’écran plat. C’est la même chose dans les gîtes, les chambres d’hôte, les auberges. Même les campings sont équipés de grands écrans pour ne pas rater tel ou tel match, ou telle ou telle finale de concours plus ou moins intéressants ou … plus ou moins débiles.
À Comblain-la-Tour, il n’y avait pas de télévision. Et pourtant, nos séjours ne nous ont jamais paru « monacaux » ( cet adjectif est à prendre ici dans le sens de monastère et n’a rien de commun avec un certain rocher et une certaine Stéphanie de même nom ! ). Ceux qui débarquaient pour la première fois étaient étonnés … mais très vite on s’habituait à vivre « sans ». Au contraire, c’est l’absence de télévision qui a permis de créer des liens uniques.
Du coup, cette absence faisait que nos soirées étaient rythmées par deux options : avec ou sans ognisko ?
Les soirées sans feu de camp devenaient des espaces de liberté. C’était la seule fois de la journée que nous étions libres de faire ce que bon nous semble. Le reste du temps, les activités s’enchaînaient, dès le réveil, à une cadence infernale … c’était « pobutka » … débarbouillage … levée du drapeau … déjeuner … remise en ordre de la chambre … première promenade de la journée, la plus longue … dîner … sieste … deuxième promenade … goûter … troisième randonnée … souper … et enfin … un peu de temps pour soi. On en profitait pour prendre possession du parc ; pour s’y disperser, pour changer de groupe, pour découvrir ceux qu’on avait croisés durant la journée, mais qui étaient allé se promener autre part. C’est là que les véritables affinités se forgeaient. C’est là que l’alchimie de l’amitié distillait ses savants dosages qui faisaient de celui-ci « notre meilleur ami » ou de celle-là « notre âme sœur ». La douceur de la soirée et l’obscurité qui s’installait lentement semblaient sceller des pactes invisibles mais définitifs.
Les soirées avec feu de camp écourtaient ces instants magiques de liberté pour nous rassembler autour de l’ognisko. Pourtant, personne ne considérait cette dernière activité de la journée comme une contrainte … au contraire.
Sans doute qu’être dehors quand il faisait déjà noir, qu’être assis autour d’un brasier, avec des flammes gigantesques, qu’être entouré par ses nouveaux amis, et partager ensemble des moments d’exception, nous apportaient ce petit frisson supplémentaire et l’impression de vivre des minutes dont on se souviendrait encore 40 ans plus tard … la preuve.
Ceci dit, il nous faudra bien – bientôt – comprendre que tous les plaisirs ont une fin ! Il nous faudra apprendre à passer le relais, à offrir à d’autres la possibilité de prendre la relève … à accepter de passer de « l’actualité » aux « archives » … en un mot : « de rendre l’antenne » ! Alors pour paraphraser Mr Léon Zitrone, je dirais : « A vous Comblain-la-Tour ».
05/08/2019 – JP Dz
Commentaires :
Anne Wuidar : Tes dernières phrases laissent-elles augurer de la fin de ces retrouvailles à Comblain, Jean-Pierre ? Il n’y a pas très longtemps que je participe à ces denières mais c’est à chaque fois une telle joie !!! La perspective de devoir me passer de la chaleur et de la belle humeur de chacun d’entre vous m’attristerait profondément. Même si je ne comprends pas les paroles des chansons, j’ai plaisir à chantonner en votre compagnie autour du feu, dans la clairière, où chaque fois la même magie opère. Chacun de vos visages est entré dans mon cœur et je vous remercie de m’avoir si bien accueillie et intégrée. Grâce à vous, toutes et tous, grâce à tous ces petits papillons souvenirs que tu partages, Jean-Pierre, je me sens riche d’une sève qui m’épanouit. Bises à tous, mes amis !
JP Dz : Merci Anne, c’est très gentil. Tu sais, si ces rencontres t’ont tant plu, c’est que les Anciens de Comblain c’est avant tout un « énorme enthousiasme » … Mais le plus grand ennemi de l’enthousiasme, c’est la routine ! Et si on n’y prend garde, la routine c’est le plus court chemin vers la lassitude. Ce serait dommage ! Je pense que c’est Voltaire qui disait : « Les choses ont souvent besoin d’être quittées pour être bien senties. ». Il faut donc prendre le risque, de temps en temps, de changer de direction. D’autant plus que j’ai souvent le sentiment d’être trop envahissant, trop pesant. Je déteste ma gravité. À présent, j’ai surtout envie de Vous écouter, de Vous entendre et de Vous lire ! Nous en reparlerons lors de notre week-end des ACLT, le 31 août, d’ici là, il y a encore 3 semaines …
Alice Golusinski : Bonjour … je me disais bien que tes mots prenaient ce sens … mais dans chaque groupe … quel qu’il soit il y a un meneur … tu écris et gères ce groupe comme personne pourrait le faire … encore ce matin tu m’as mis les larmes aux yeux avec la chanson de Renaud et tes mots si beaux envers ta maman …
Je ne vais plus à Comblain … mais en te lisant c’est un peu comme si je retrouvais cette enfance à jamais perdue … et qu’est-ce que ça fait du bien !
Merci pour ta belle plume, tes mots si justes … tes souvenirs si intenses …
Je me permets de te dire ces mots ici et non en privé … car tout simplement envie de le dire haut et fort … je ne te connais que par tes écrits … mais mes lundis ne se passeraient plus au soleil … comme le disait cloclo … si tu t’arrêtais de publier tes belles chroniques !
Bravo et merci.
Janina Urbanek : Très juste et beau commentaire Alice, je ressens la même chose ainsi mes souvenirs sont encore plus intenses.
1.815 : COMBLAIN-LA-TOUR : Ognisko : Géniu Bujanowski ; ( ? ) ; Mr Joseph Szczepanski ; Mr Andreï Makarow ; ( ? ) ; Christian Szczepanski, 2ème avec les bras croisés ; … ; ( ? ).
Le dimanche, c’était le jour de tous les dangers : on pouvait se faire choper dans le « Café des Sports » ou se faire couper un doigt dans la friterie … Mais c’était celui chargé de préparer l’ognisko qui courait sans doute le plus de risques : il pouvait se brûler en l’allumant, par exemple ( en cas d’urgence, il y avait l’infirmerie où il était toujours bien accueilli … ). En revanche – situation beaucoup plus explosive – il pouvait aussi se faire allumer par le directeur. Car pour ce dernier, le principal critère permettant de juger le travail du préparateur était de savoir si la pile de bois allait produire de belles flammes ou si de l’amas ne sortirait qu’une fumée bleuâtre empestant l’ambiance. Surtout les jours de pluie, il y avait péril en la demeure.
La journée pour les pyrotechniciens ne se terminait donc pas de la même façon : acclamations et éternelle gloire pour les uns ( les « happy few » ) ou … huées et éclats de risée pour les autres.
Afin de gagner l’estime du public ( et, accessoirement, du directeur ), chaque préparateur y allait de sa technique : empiler des branches pendant des heures, à commencer par des toutes petites, entrelacées de bouts de papier. D’autres, n’ayant pas la même patience, privilégiaient un recours aux gros moyens : un gobelet d’essence ( soigneusement siphonnée de la voiture d’un des visiteurs dominicaux ) et le tour était joué ( empestant autant l’ambiance et … l’audience, condamnée à passer la moitié de la soirée dans les vapes … effet collatéral négligeable ).
Quel que soit le procédé utilisé, le lendemain, surtout après une nuit orageuse, de l’ognisko il ne restait pas grand-chose : quelques branches récalcitrantes, un amoncellement de cendres tièdes … Et, chose intrigante, sous ces décombres, on pouvait découvrir du sable cuit, dur comme fer, qui s’était cristallisé sous l’effet de la chaleur. Avec un peu d’imagination ( et Dieu sait qu’on en avait … ), on découvrait alors des formes étranges ou des dessins surprenants. Quand on cherchait bien, on pouvait parfois même trouver une jolie rose de sable.
Quand je pense aux feux de camp, me vient alors à l’esprit ce passage d’un des poèmes du poète polonais Cyprian Norwid ( Za Kulisami ), devenu célèbre grâce au roman de Jerzy Andrzejewski Popiół i Diament ( Cendres et Diamant ) et au film d’Andrzej Wajda du même nom :
Czy popiół tylko zostanie i zamęt,
Co idzie w przepaść z burzą ? – czy zostanie
Na dnie popiołu gwiażdzisty dyjament,
Wiekuistego zwycięstwa zaranie …
Cela va-t-il en cendre et chaos se réduire,
Que jettera l’orage au gouffre ? – ou, dans un creux
de cendre, un diamant-étoile va-t-il luire,
de triomphe éternel point-du-jour radieux …
Et vous, qu’est-ce qu’il vous reste de vos passages à Comblain ?
Les colos, que vous ont elles apportées ?
Quels talents avez-vous pu développer grâce à ces séjours, quelle partie de votre personnalité ont elles forgées ? Organisation, initiative, leadership, sens de la responsabilité, vivre-ensemble, travail d’équipe, tolérance, compétences linguistiques … Ou encore autre chose ?
Dites-nous ce que vous retenez, ce qui vous a marqués.
03/07/2017 – Piotr Rozenski
0105 : COMBLAIN-LA-TOUR : Ognisko … i popiół : Alexandre Persik ; Jean-Pierre Dziewiacien ; à l’avant plan, et de dos, le séminariste : Zénon Zak ; Henri Bogdanski.
Vacances à Comblain, ce n’était pas synonyme de laisser-aller … bien au contraire.
Ce qui frappe, quand on prend le temps d’analyser les photos de l’époque, c’est le sérieux qui domine quand il s’agit de montrer de quoi on est « capable ».
Fabriquer le feu de camp, l’allumer et l’entretenir demande du sérieux. Dans ce domaine, il y a quelqu’un qui semble être l’éternel préposé … Alexandre Persich.
Si vous allez revoir les photos 105 et 106 ( article 21 ), c’est déjà Alexandre qui est à la manœuvre. Sur la photo 553 ( article 87 ), c’est encore lui.
Sur les photos 575 et 576, en annexe, c’est toujours lui. D’ailleurs, je n’ai aucune photo de lui … sans feu de camp ! Bizarre ! La gentillesse d’Alexandre et son envie d’aider – et de bien faire les choses – expliquent sans doute qu’il ait été si souvent de corvée. Merci Alexandre.
Mais le sérieux s’exprime aussi – et surtout – lors de l’élaboration des spectacles.
Les photos 577 et 578 illustrent l’un de ces moments forts. Theresia Sierkowicz ( la blonde ), Alice Bardo et ( ? ) ont présenté, ce jour-là, un corps de ballet. J’ignore si c’est « Le lac des cygnes » ou « Casse-noisette » qui les a inspirées … ou bien si c’était une libre interprétation …. Mais force est de constater qu’elles y ont mis tout leur cœur.
Tout y est : la grâce, la posture, le costume, le sourire et le sérieux. Je ne doute pas que la danse était parfaite et leur succès total. Si quelqu’un possède d’autres photos de ce spectacle, merci de partager.
Quant aux danseuses, BRAVO et racontez-nous d’où vous est venue cette idée et comment l’avez-vous finalisée ?
Notez que sur la photo 71 ( article 12 ), c’était déjà Theresia Sierkowicz et Alice Bardo qui présentaient un spectacle de danse.
À d’autres moments, le sérieux prenait la forme des détails mis en œuvre.
Les costumes des photos 579 et 580 prouvent le souci d’aller au fond des choses. Et quand on sait le peu de moyen dont on disposait sur place, on se demande comment tout ça a pu voir le jour.
Ça veut dire – aussi – qu’en amont, il y avait une gigantesque envie de bien faire ! Je mesure toute l’imagination qu’il a fallu pour inventer … toute l’intelligence qu’il a fallu pour concevoir … toute la patience, pour convaincre … toute la créativité, pour concrétiser … et tout l’amour, pour finaliser.
Comblain-la-Tour c’était un formidable réservoir de pensées positives … un formidable réservoir d’amour.
21/11/2016 – Jean-Pierre Dziewiacien
0575 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1974 : Ognisko : Alexandre Persich surveille le feu ; Michel Konarski, Jozef Pachel et Jef Rozenski dans un sketch qui mettait en scène des mendiants …
Aussi loin que m’entraîne ma mémoire, je n’ai pas le souvenir d’un « ognisko » installé ailleurs qu’au bord du terrain de volley. L’endroit d’ailleurs me paraît indissociable de l’activité.
Pourtant, ces photos montrent clairement que des feux de camp étaient organisés devant le perron, entre la maison et l’Ourthe. Je ne comprends pas pourquoi ?
De toute évidence, ne nous sommes pas ici dans le cadre d’une improvisation … Tout y est, les sketchs, les chants, les danses et même le foyer … même s’il n’a pas l’air de fumer beaucoup.
Autour du spectacle, on retrouve les spectateurs, assis sagement tantôt sur des bancs – qui semblent être ceux du réfectoire – tantôt sur des chaises pliables. On semble n’avoir rien laissé au hasard. Le temps est propice et la lumière permet de supposer que la soirée n’est pas encore entamée. Ce n’est pas exactement comme ça que je me représente un « ognisko » … et vous ?
Cette impression est renforcée par le sérieux apparent du public ; ils ont l’air presque « coincés ». Certains garçons ont mis des cravates, les filles sont « endimanchées ». On est sûrement fin des années soixante, début des années septante.
Il y a sans doute une bonne raison. Je suis sûr que les plus anciens d’entre nous savent pourquoi. Je lance donc un appel à tous ceux qui étaient là lors de ces épisodes. S’il vous plaît, expliquez-nous … nous sommes curieux. Ça fait partie des questions qu’on se pose tous à propos de Comblain. Comment c’était avant nous ?
Une autre question me ronge : « Où sont passées les photos que Mr Rzemieniewski faisait de nous ? ». Sur la photo 545, on le voit bien avec son superbe appareil photos qui semble sorti du siècle passé.
Il ne ratait jamais une occasion d’immortaliser là un ognisko, là une joyeuse ambiance, là un sourire. Sans doute voulait-il transmettre à la postérité toutes ces petites scènes de bonheur partagé.
S’il était encore parmi nous, il serait un de nos « correspondants officiels » des Anciens de Comblain, évidemment.
Retrouver toutes les photos de Mr Rzemieniewski et les déposer à Comblain, c’est le moins qu’on puisse faire.
Vous avez une idée par où commencer les recherches ?
24/10/2016 – Jean-Pierre Dziewiacien
0545 : COMBLAIN-LA-TOUR : Ognisko devant le perron : ( ? ) ; … ; debout, Józef Rzemieniewski ; Christiane Kubarek ; Christiane Lukowiak ( collection Zdzisław Blaszka ).
0546 : COMBLAIN-LA-TOUR : Ognisko devant le perron : Debout, Ks Kurzawa ; ( ? ) ; ….. Mme Koldziejka qui se tient la tête ; Violette Kiełbowicz ; Thérèse Wojnarowski ; Lalounia Zawadski. ( collection Zdzisław Blaszka ).
0547 : COMBLAIN-LA-TOUR : Ognisko devant le perron : ( ? ) ; debout, Ks Kurzawa ; … ; debout, Józef Rzemieniewski ; … ( collection Zdzisław Blaszka ).
Si les garçons préféraient faire des sketchs lors des feux de camp – en reproduisant souvent les mêmes – les filles, elles, aimaient innover et présenter des mini-spectacles, souvent de danse.
Les rythmes et les genres musicaux variaient. Mais ce qui était constant, c’est leur acharnement à produire quelque chose de qualité. Elles s’impliquaient fortement et y mettaient tout leur cœur.
Ce qui m’a toujours étonné, c’est de voir comment elles pouvaient s’inventer des costumes pour la circonstance. C’était parfois des chemises de nuit « customisées », d’autres vêtements détournés, des accessoires improbables… Le tout avait de l’allure. Elles avaient le chic pour nous épater.
En plus, ça devait être, à chaque fois, une surprise. Donc, elles s’efforçaient de répéter à l’abri des regards.
Le jeu pour les garçons consistait à trouver l’endroit où elles se réfugiaient et de les surprendre.
Quand un garçon arrivait à découvrir leur secret, il était poursuivi, à travers le parc, pour lui faire promettre son silence.
Pour accepter de se taire et ne pas dévoiler leur secret, nous, les garçons, nous étions prêts à tout.
Un baiser sur la bouche, c’était souvent le prix à payer. Et forcément, le lendemain, on recommençait à chercher.
Lors du spectacle, tout y était, même la musique. Comment faisaient-elles ?
Et d’où sortaient-elles les costumes folkloriques ?
Alors il cherche. Il cherche. Sans jamais rien trouver.
Un autre gars arrive, regarde la scène et fini par interpeller le premier : « Mais que cherchez-vous Monsieur ? ».
« J’ai perdu mes clés », dit le premier. « Je vais vous aider à chercher ». Et tous les 2 se mettent à chercher.
Au bout d’un moment, le second interroge, à nouveau, le premier : « Mais vous êtes sûr de les avoir perdus ici ? ».
« À non », répond le premier, « Je les ai perdus là-bas », dit-il en désignant un autre endroit.
C’est un endroit obscur – qu’on a pris soin de représenter par une couverture noire.
« Mais alors, pourquoi cherchez-vous ici ? » demande le premier intrigué… « Parce qu’ici, il fait clair », répond le second.
Je suis sûr que ça n’a plus fait rire personne ! ! !
Pourtant, c’était le genre de sketch auquel nous avions droit, chaque année, lors des feux de camp. Et à l’époque, on riait de bon cœur. Même en connaissant par cœur la chute.
La troupe de soldats avance à pas de loup. On devine que ce sont des soldats grâce à leurs uniformes ( improvisés ) et aux marques noires qu’ils ont sur leurs visages. Ils se sont badigeonnés avec des bouchons brûlés. C’est sûrement l’avant-garde d’une armée en campagne. Le silence et le camouflage sont de rigueur.
Au bout d’un moment, le dernier de la troupe éternue… « Qui a fait ça ? », crie le chef qui marche en tête. « C’est moi », répond le dernier de la file. Et Pan, il est abattu sur le champ par le chef. La troupe repart.
Au bout d’un moment, le nouveau dernier éternue à son tour. « Qui a fait ça ? », crie le chef. « C’est moi », répond le nouveau dernier de la file. Et Pan, il est abattu sur le champ par le chef. Ils sont 2, à présent, allongés par terre. La troupe repart. Et ainsi de suite…
Maintenant, ils ne sont plus que 2, le chef et le nouveau dernier. Celui-ci comprend qu’il ne doit surtout pas éternuer.
Il tremble, gesticule, essaie de se contrôler… mais fini par éternuer à son tour. Il craint le pire.
« Qui a fait ça ? », crie le chef. « C’est moi », répond le seul suiveur en tremblant. « Alors, à tes souhaits », rétorque le chef en prenant son subalterne bras dessus bras dessous.
Le ressort est éculé. Nous avons assisté à ce gag tant de fois. Mais quel plaisir de voir ces artistes en herbe s’investir autant.
Le type arrive, devant le feu de camp, avec une corde à chaque main. Il a une veste sur le dos et propose à l’assemblé de tester sa force. Des garçons arrivent et se placent de chaque côté du type. Les 2 groupes agrippent les 2 cordes et se mettent à tirer chacun de son côté. La « foule impressionnée » retient son souffle. Va-t-il supporter pareille écartèlement ? Au début, tout va bien.
Au bout de quelques minutes, le lascar retire ses bras des manches de sa veste et s’en va tranquillement… laissant les 2 groupes tirer sur ce qui n’est qu’une seule et unique corde que le saltimbanque avait pris soin de dissimuler à travers ses manches.
Éclat de rire général… à l’époque.
Parfois, ils paraissaient sans risque, mais se révélaient dangereux.
On bandait les yeux d’une petite fille, ou d’un petit garçon, qui ignorait tout du gag. On apportait une grande planche tenue solidement par 2 grands gaillards. On installait la victime sur la planche, toujours les yeux bandés. Elle s’agrippait aux épaules de 2 autres grands qui se plaçaient de chaque côté de la planche. On lui expliquait que la planche allait monter jusque 2 mètres de hauteur, mais qu’elle n’avait rien à craindre. « Tiens-toi bien aux épaules ». Et la montée s’amorçait.
En réalité, la planche ne montait pas plus de 10 cm du sol. Ceux qui la manipulaient, prenaient soin de la balancer légèrement.
Ceux qui servaient d’épaule, se mettaient progressivement accroupi. L’illusion était parfaite. La fillette était persuadée d’être en hauteur. « Maintenant, saute par terre »… Évidemment à 10 cm du sol elle ne pouvait pas se faire mal, mais la surprise était de taille.
J’ai connu une fillette qui s’est mal. Elle est mal retombée. On n’a plus jamais rejoué la scène.
Qui se souvient d’autres sketchs ? C’est le moment de raconter.
Allez, un petit dernier, pour la route.
On fait venir une fille – de préférence timide – et un chef moniteur, d’une voix imposante lui ordonne : « Staj na go ».
En général, la petite se demande ce qui lui arrive. Le public, qui ne connaît pas la chute, s’indigne.
On laisse mijoter un peu. Et finalement, le chef moniteur rejoint la fille au centre de la scène et trace, par terre, à la craie un grand G et un grand O. Il suffit à la fille de se placer dessus. Ouf de soulagement.
0165 : COMBLAIN-LA-TOUR : Autour de l’ognisko : Autour de Ks Kurzawa, il me semble qu’il y ait des enfants venus d’Allemagne ; l’autre prêtre est Ks Kiek d’Allemagne aussi. A gauche de Ks Kurzawa : Bronia Hordynski de Saint-Vaast. A l’extrême gauche : la dame avec un gilet vert est Madame Wojas de Liège, elle travaillait aux cuisines et venait avec ses 2 filles : Gisèle et Fabiola Wojas.
0166 : COMBLAIN-LA-TOUR : Autour de l’ognisko : Mr Jozeph Rzemieniewski ; Annie Nowicki ; Ks Kurzawa ; Pelagie Nowicki ; À droite du mât : Fabienne Laffut qui materne ses tout-petits dont peut-être Betty Nowicki avec de longs cheveux et plus à droite : Henry Bogdanski de la région du Centre.
0167 : COMBLAIN-LA-TOUR : Autour de l’ognisko : Mme Weronika Załobek ; Ks Kurzawa ; Mr et Mme Pomorski ; Alexis Łagocki debout ; ….
Allumez le feu… c’était à Comblain-la-Tour une prérogative du chef moniteur ; ce qui n’était pas forcément, à tous les coups, une partie de plaisir.
L’« Ośrodek Wakacyjny Millennium » a beau être une terre polonaise – peuplée de polonais – il n’en est pas moins situé en Belgique, où l’averse passagère succède souvent à la pluie intermittente.
Trouver du bois sec relevait, bien des fois, d’un exploit aussi difficile que de prédire une météo favorable pour un feu de camp. Mais que serait une colonie de vacances sans feux de camp.
L’utilisation d’essence, bien que formellement interdite, était régulièrement le dernier recours.
Sur la photo 105 : je m’efforce d’allumer le feu en l’arrosant d’essence ! Alexandre Persich, à mes côtés, surveille la manœuvre.
Sur la photo 106 : Ks Kurzawa vient constater de visu l’acharnement du feu à rester éteint.
Les jours de pluie à Comblain étaient des jours tristes. Impossible d’aller se promener, d’aller patauger dans l’Ourthe, de jouer dans le parc,…
La maison était alors envahie d’enfants. On ressortait les jeux de société. Partout, dans le réfectoire, dans le hall d’entrée, sous le porche, des petits groupes se formaient autour des mikados, des puzzles et des jeux de carte.
C’était le bon moment aussi pour écrire aux parents. Les enfants s’appliquaient. Mais l’imagination manquait ; alors on s’échangeait les phrases : « T’as qu’à dire qu’hier on a été jusqu’à Xhoris et qu’on s’est perdu en revenant. Même qu’on est rentré en retard à la colo, et même que les cuisinières n’étaient pas contentes ». « Moi, j’ai raconté que le groupe de garçons avait été puni parce qu’ils étaient toujours en retard pour la prière du soir ». « Moi, j’ai juste demandé de m’envoyer un peu d’argent pour aller au marché de Comblain-au-Pont ».
Il faut bien avouer, ce sont surtout les petites filles qui écrivaient. Les garçons,…
C’était le moment où la petite échoppe de Mr Bardo fonctionnait le mieux. On pouvait y acheter des timbres, des cartes postales, mais aussi des bonbons, des boissons et des glaces à l’eau.
Tout le monde essayait de s’occuper. Mais chacun avait un œil sur son occupation et un œil vers la fenêtre.
Dès que le soleil faisait mine de percer, les jeux et les papiers à lettres disparaissaient comme par miracle. Tout le monde se retrouvait dans le parc. L’herbe mouillée ne faisait peur à personne. On s’y installait sans retenue. L’important c’était d’être dehors.
Dans le parc, on se laissait envahir par un mélange d’odeurs délicieuses d’ozone, d’herbe mouillée et de liberté.
Et que dire de l’orage…
Qui d’entre nous n’a jamais vécu une soirée d’orage à Comblain-la-Tour ?
Dans cette vallée encaissée, les éclairs semblaient se répondre. C’était fracassant, assourdissant, grandiose.
Nous étions entassés à l’intérieur, souvent dans le hall. On regardait, par la fenêtre, les éléments se déchaîner. On entendait des « Oh », des « Aaaah », des « Waouh », des « J’ai peur ».
Et les filles se rapprochaient, pour avoir moins peur. Et nous les serrions dans nos bras.
Les garçons aimaient beaucoup les soirées d’orage à Comblain-l’Amour.
Mais connaissez-vous cette légende qui circule depuis longtemps dans le village de Comblain ?
Ça se passe à l’endroit du « Tourniquet » – photos 107, 108, 109 et 110 ; vous connaissez tous cet endroit. C’est là que l’Ourthe est la plus tumultueuse ; en allant vers la source, c’est juste derrière la série de chalets qui cachent à présent les remous.
On raconte qu’un radeau s’y est englouti, un soir de Noël : c’est Le mystère de la cloche de Saint-Laurent.
Le Tourniquet, en amont du village ( aussi appelé « Trou Lucas » ) a toujours été un passage difficile pour ceux qui tentaient de naviguer sur l’Ourthe. C’est donc là, qu’un soir de Noël, le radeau du mécréant Materne ( je vous jure que je n’invente rien ) a sombré au pied des « Tartines » ( les « Tartines » est le nom que l’on donne aux rochers étroits et verticaux qui ont l’air d’être alignés, comme des tranches de pain dans un grille-pain, derrière le rocher de la Vierge ).
C’était un soir d’orage et l’Ourthe était particulièrement agitée ; le bateau de Materne était devenu incontrôlable ; au lieu de prier et d’invoquer la Vierge, Materne s’est mis à blasphémer… le naufrage était inévitable.
Depuis lors, la cloche de Saint-Laurent gît au fond de l’Ourthe et protège Comblain-la-Tour contre la foudre ;
on dit aussi que cette cloche tinte encore les soirs de la nativité.
Les moins rêveurs, prétendent que l’air froid de Noël est tellement dense que c’est en réalité le son de la cloche de Hamoir qui descend avec l’Ourthe. Quant à ceux qui ont perçu à maintes reprises le son cristallin de cette cloche, ils vous jurent qu’il provenait du milieu de la rivière, non loin du « Tourniquet ».
Ceux qui défendent la légende disent que : « Depuis lors, on ne se souvient pas d’un coup de foudre à Comblain-la-Tour… sauf à la Saint-Valentin ».
Nous, on se souvient de beaucoup de coups de foudre ; et pas qu’à la Saint Valentin.
Il y avait ceux qui résonnaient dans la vallée les soirs d’orage. Ils étaient fracassants
Et il y avait ceux qui fracassaient nos petits cœurs… et ils étaient attendrissants.