Qu’est-ce qu’on était bien sur le perron …
Pas vraiment à l’intérieur … pas tout à fait à l’extérieur … protégé de la pluie … et de la joyeuse animation qui régnait entre la cuisine et le réfectoire … on pouvait en même temps respirer l’air frais et les bonnes odeurs qui s’échappaient des casseroles par la fenêtre ouverte de la cuisine.
Le perron a toujours été un endroit central et stratégique. C’est là qu’on pouvait rencontrer les cuisinières qui voulaient souffler un peu, quand la journée de travail touchait à sa fin, comme Pani Załobkowa sur la photo 612.
C’est là qu’on s’agglutinait quand il faisait un peu frisquet, mais qu’on n’avait pas encore envie de rentrer. Là qu’on prolongeait la soirée, en écoutant Pierre Bartnik et en se serrant les uns contre les autres. Et quand le soir commençait à s’installer, nous nous laissions doucement envahir par la pénombre ; elle nous permettait de nous rapprocher encore un peu plus. Les gestes se faisaient plus tendres … les filles moins farouches … les garçons plus entreprenants. On se laissait submerger par une obscurité complice et bienveillante.
C’est là aussi qu’on affichait les avis, les programmes, les menus, et où le grand tableau noir nous permettait d’exprimer notre plaisir d’être là et notre bonheur d’y être ensemble : « Śmiej się razem z nami » J. ( photos 613 et 614 – avec l’écriture caractéristique de Kz. Kurzawa ).
Mais c’est là aussi qu’on entreposait nos valises juste avant le départ ( photo 615 ). Tout était prêt pour partir … sauf nous. Il fallait encore un peu retenir ce temps qui était passé si vite. Il fallait encore une fois se serrer, se promettre, se regarder, se frôler.
Quant à Pani Bardo, c’est là qu’elle aimait accueillir les nouveaux arrivants … ceux que nous croisions avec tellement de jalousie. Eux arrivaient tout sourire … nous, on s’en allait tout tristesse.
Mais le perron pouvait aussi prendre la grosse tête et se la jouer « officiel ». On y installait l’autel et il devenait l’endroit « sacré ». La photo 617 illustre une de ces messes qu’on célébrait sur le perron.
À la gauche du prêtre ( ? ), l’animation musicale est assurée par une délégation de Liège. Au clavier, c’est Mr Bień qui assure le rôle de l’organiste. Autour de lui, on peut reconnaître Mme Bień, un peu plus loin, Aline Bień. Il y a aussi Mr Załobek, et sa fille Francine. Au centre, c’est Helena Wochen. Les autres visages me sont familiers, même si leurs noms m’échappent.
Dans l’assistance, au pied du perron et de dos, on reconnaît Mr Rzemieniewski, Mr Paterka, Pan Jan, …
La présence de cette délégation de Liège me donne l’occasion, une fois de plus, de lancer un appel.
Nous savons tous ce que Comblain doit aux gens de Liège, aux scouts ( dont un grand nombre venait d’ailleurs de Liège ), aux polonais du Limbourg ( très souvent issus du scoutisme aussi ), de Charleroi et de la région de Bruxelles. Moi, malheureusement, je ne peux raconter que ce que j’ai connu et vécu moi-même. Donc, j’évoque souvent – trop souvent ? – des histoires hennuyères. J’aimerais tant qu’on puisse raconter le Comblain vu par les autres. Le Comblain tel que les anciens de Liège le vivaient … ou ceux du Limbourg … et tous les autres.
Le but ici n’est pas la compétition, ni le concours de la meilleure anecdote ou du jeu de mots le plus subtil … le but est de partager nos souvenirs et faire revivre une étape de l’immigration polonaise en Belgique.
Cette histoire, c’est vous qui l’avez écrite ( et vos parents ) … c’est vous qui pouvez la raconter le mieux … et si vous ne la racontez pas … elle disparaîtra.
Avouez que ce serait dommage.
26/12/2016 – JP Dz






