Comblain-la-Tour n’est pas – et n’a jamais été – un îlot d’exception planté quelque part au milieu d’un océan d’autres choses. Au contraire. Comblain est – et a toujours été – un catalyseur … une sorte d’estrade vers où nous montions pour exprimer notre fierté d’être polonais.
Tout autour de Comblain, dans toutes les régions de Belgique, s’étaient déjà organisés des « noyaux de résistance » d’une communauté polonaise exilée, mais parfaitement à l’aise dans son nouvel environnement. Je parle de « noyaux de résistance » parce que cette diaspora se singularisait, en même temps, par l’exaltation des valeurs et de la culture polonaise et par le rejet du système politique en place dans le pays à ce moment-là.
Du coup, pour nous différencier des autres, nous nous disions « libres » et pour marquer le coup – si j’ose dire – on insistait pour que la couronne soit replacée sur la tête de l’aigle blanc qui symbolise la Nation.
L’Histoire adore les symboles … elle les cultive. Et puis, quand elle passe à autre chose, elle a une tendance à minimiser, à oublier ce qu’elle considérait comme essentielle. C’est ainsi qu’aujourd’hui, Dieu merci, toutes ces rivalités paraissent puériles. Mais ce n’est pas une raison pour gommer l’incroyable richesse que cette période d’exaltation a fait naître, croître et s’épanouir. Nous sommes les fils et les filles de cet enthousiasme.
Entre Oublier et Publier, il n’y a qu’une seule lettre de différence, et elles se suivent dans l’alphabet. Mais si Oublier, c’est laisser mourir … Publier, c’est faire revivre.
Et donc, quand nous montions vers Comblain, c’était aussi pour affirmer notre identité. Pas étonnant, dès lors, que les costumes folkloriques – le krakowiak en tête – faisaient souvent partie de l’ambiance. Si vous retournez en arrière, vers les centaines de photos déjà publiées sur le blog des Anciens de Comblain, vous verrez que ces habits traditionnels sont omniprésents … en voici encore d’autres …
Ils témoignent de l’engouement pour nos traditions et illustrent le foisonnement des initiatives qui fleurissaient aux quatre coins d’un royaume qui n’était pourtant pas le nôtre.
Bien sûr, quand des « nouveaux polonais » débarquaient à Comblain, ou partout ailleurs où nous étions implantés, ils s’amusaient de nos chants d’un autre temps … de nos coutumes anciennes que parfois même en Pologne on avait oublié. Même la façon de nous exprimer leur paraissait bizarre. Nous étions un peu comme les Acadiens pour les français. Nous, nous étions fiers de leur montrer comme nous dansions le krakowiak, le kujawiak, le góralski, la mazurka et toutes les autres valses et polkas … eux ne comprenaient pas notre acharnement à vouloir perpétuer ces aspects surannés auxquels ils ne s’identifiaient plus …
La querelle des Anciens et des Modernes, ce n’est pas nouveau … l’histoire regorge d’exemples.
Ce qui est marrant, autant que symbolique, c’est que cette « querelle » s’exprime aujourd’hui encore par nos préférences … nous préférons nos valses, nos polkas et nos obereks, eux ne jurent que par le Disco-polo !
Si tous les désaccords du monde pouvaient être aussi « pas graves » … le monde serait merveilleux.
N’empêche qu’on ne lâchera pas le morceau … aussi « pas grave » soit-il. Ils n’échapperont pas à nos souvenirs.
L’immense majorité des enfants et des ados qui sont passés par Comblain, sont aussi des Anciens des KSMP, des scouts, des membres des Związek Polaków, des enfants des écoles polonaises, … et ils sont tous montés un jour sur des estrades pour représenter leur pays.
Comment parler de Comblain-la-Tour sans mettre en lumière cet éclairage-là ? Nous allons donc ouvrir un nouveau chapitre, un nouveau thème, consacré à nos « exploits folkloriques ». Parce qu’aujourd’hui encore, nous vibrons pour les mêmes choses.
Le spectacle grandiose que nous a offert, ce samedi, l’ensemble Spotkanie, pour son 45ème anniversaire est l’apothéose de cette âme polonaise qui sommeille en chacun de nous. C’était tout simplement … parfait.
Et on ne peut que se réjouir d’appartenir à ce monde-là.
16/04/2018 – JP Dz







