0186 – Revisitons Comblain ( 19 ) : Le vicinal

La Rue du Vicinal  à Comblain, doit son nom à l’implantation du chemin de fer vicinal et de  la ligne : Comblain-la-Tour – Manhay – Melreux ( voir affiche 1.339 ).

Sur cette ligne, circulait à l’origine un petit tram à vapeur. En 1935, le petit tram est remplacé par une motrice à moteur diesel. La ligne servait aussi bien aux transports de marchandises, qu’aux transports de voyageurs. Son tracé était particulièrement accidenté : partant d’une altitude de 106 mètres, il arrivait déjà après 5 km de parcours à 335 mètres à Xhoris-Battys, pour atteindre 502 mètres à Chêne-al-Pierre.

À Comblain-la-Tour, le vicinal à vapeur passait au pied du « Tiér des Pourcês » ( voir article n° 175 ), et venait se glisser entre cette roche conique et la gare du chemin de fer. Malheureusement, la voie du tram était de petite section … et les wagons, chargés de troncs d’arbres, qui y circulaient, ne pouvaient rouler sur les rails du train ! Il fallait donc absolument – à chaque fois – transborder la marchandise … à la force des bras.

Il est à noter également que les wagons qui arrivaient des carrières, chargés de pierres, n’avaient pas, non plus, le même écartement des rails. Une vaste aire de manœuvre ( dont on peut apercevoir une partie sur les photos 1.345 et 1.346 ) servait donc aux transbordements des marchandises d’un wagon sur l’autre.

Le transport des voyageurs connaissait un grand succès. Il faut dire que « construit à une époque où l’on ne voyait pas, ou presque, de motocyclettes, ni de voitures automobiles ( à Comblain-la-Tour, on n’en connaissait qu’une, propriété de Mr Félicien Hody, maître de carrières ), il s’était rapidement imposé comme l’outil indispensable 1 ».

Le transport des marchandises s’est définitivement arrêté le 1er septembre 1955. Le service des voyageurs était déjà interrompu depuis le 22 mars 1948. C’est avec un petit pincement au cœur que les Comblinois ont vu disparaître leur petit tram qui – pendant presque un demi-siècle – avait permis de rapprocher les habitants des villages avoisinants. Avec le petit tram, c’est tout une partie du folklore local qui disparaissait.

Il faut savoir, qu’avant guerre, de très nombreux pèlerins empruntaient ce moyen de transport pour se rendre le 16 août à Ferrières pour y fêter la Saint-Roch. Ils voulaient ainsi se préserver des épidémies et spécialement du choléra. Au retour, ces « Sint Rockis et Rock’resses » offraient, aux villageois, un spectacle haut en couleur.

« À peine débarqués ( du tram ), ces joyeux pèlerins tout fleuris de bruyère … formaient un cramignon ( Le cramignon est une danse traditionnelle de la région de Liège ) et, sous la conduite d’un « meneur », se répandaient en une chaîne dansante dans le fond du village, tout en répétant les couplets que chantait l’un des danseurs ». La fête se terminait, dans une ambiance extraordinaire, sur la Place du Wez, où s’enchaînaient des « cramignons » jusqu’à l’heure du dernier train pour Liège.

L’histoire du vicinal commence en 1900, quand le conseil communal de Comblain-Fairon s’est prononcé, pour la première fois, en faveur de la construction de cette ligne. En 1903, les plans et budgets avaient été approuvés. Remarquez en passant qu’il n’a fallu que 3 ans pour imaginer, proposer, convaincre, étudier, rédiger le cahier des charges, dessiner, calculer le coût, et approuver le projet ! Aujourd’hui, il faut en moyenne 30 ans pour en faire la moitié ! Dès le départ, les élus comblinois souhaitaient que la ligne se prolonge jusqu’à La Rock ( commune d’Anthisnes ).

Les travaux proprement dits débutent dès 1908. Le 28 août 1909, la ligne était terminée jusqu’à Xhoris. La section – Comblain-la-Tour – Manhay – Melreux – était déjà achevée le 5 février 1911. Par contre, l’autre section, Comblain – La Rock, posait problème. En effet, même si la distance de ce tronçon était relativement faible ( 7 à 8 km ), il fallait traverser la ligne de chemin de fer et surtout l’Ourthe !

Plusieurs projets furent étudiés. L’un d’entre eux envisageait sérieusement que le tram longe le mur de soutènement du chemin de fer, Rue du Vicinal … traverse les rails en passant sous le viaduc ( qu’on aurait élargi ) … longe la « propriété Detienne » ( c’est-à-dire le Centre Millennium et son parc ) … et finalement franchisse la rivière sur un pont à construire au pied du Rocher de la Vierge 3 ! ! !

Heureusement pour nous … ce projet n’a jamais vu le jour. Vous vous imaginez ce tram, si pittoresque soit-il, juste au bord de notre parc ?

Nous l’avons échappé belle !

 27/08/2018 – JP Dz

1 : Extrait des Échos de Comblain de décembre 1966 ; page 91
2 : Extrait des Échos de Comblain de décembre 1966 ; page 92
3 : Voir extraits des Échos de Comblain de janvier 1967 ; page 5

1339
1.339 : COMBLAIN-LA-TOUR : Chemin de fer vicinal Manhay Melreux : Pèlerinages de St Roch et de St Antoine.
1340
1.340 : COMBLAIN-LA-TOUR : Chemin de fer vicinal : Le tram et la gare.
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1.341 : COMBLAIN-LA-TOUR : Chemin de fer vicinal : Départ du tram vers St Roch.
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1.342 : COMBLAIN-LA-TOUR : Chemin de fer vicinal : Départ du tram.
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1.343 : COMBLAIN-LA-TOUR : Chemin de fer vicinal.
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1.344 : COMBLAIN-LA-TOUR : Vue du haut de la Roche conique : En bas, tracé des voies du tram.
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1.345 : COMBLAIN-LA-TOUR : Vue du haut de la Roche conique : En bas, la gare, les rails du train et ceux du tram.
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1.346 : COMBLAIN-LA-TOUR : Vue du haut de la Roche conique : Les rails du train et ceux du tram. Dans le fond, le centre Millennium.

 

 

0185 – « Spotkanie » entre le passé et l’avenir

Mesdames et Messieurs,

En tant que Présidente de l’ensemble Spotkanie, j’ai demandé aux Anciens de Comblain de pouvoir utiliser leurs canaux de diffusion pour m’adresser directement à vous. J’espère ainsi toucher un maximum de ces polonais de Belgique qui ont fait toute la richesse de l’émigration polonaise dans notre pays d’adoption,

Si Spotkanie existe depuis 45 ans, c’est en partie grâce à tous les groupes folkloriques qui ont existé avant nous. En effet, à ses débuts, le groupe « Djanul » ( à l’origine de Spotkanie ) présentait des spectacles de folklore de beaucoup de pays différents. Un jour, il a fallu choisir. Le folklore polonais paraissait si riche … ceux qui le représentaient avaient l’air si enthousiastes, que sans hésitation, c’est la culture polonaise qui s’est imposée.

Depuis, « Djanul » est devenu « Spotkanie » et nos danses, nos chants et notre musique puisent exclusivement leurs inspirations dans le folklore polonais.

Entre-temps, malheureusement, les autres mouvements de jeunesse comme les KSMP, les groupes d’avant KSMP – souvent impulsés par le scoutisme – et ceux qui représentaient des tendances différentes ont presque tous disparu. C’est bien dommage ! Il y avait de la place pour tout le monde. Nous sommes donc devenus les héritiers de tout cet enthousiasme et … nous en avons parfaitement conscience.

Depuis quelque temps, un nouvel esprit s’impose. Il privilégie l’entente, la réconciliation et le bon sens. Du coup, les différences s’estompent et l’intérêt général, celui d’alimenter notre âme polonaise, dépasse toutes les autres préoccupations. C’est tout le monde qui y gagne !

Ce nouvel esprit est si fort qu’il parvient à ouvrir des armoires qui sont restées fermées depuis 35 ans … il ouvre des greniers et des caves qui sont restées obscures depuis trois ou quatre décennies … Les trésors cachés là renaissent enfin à la lumière … et tous les souvenirs qui y sont attachés resurgissent.

L’ensemble Spotkanie a reçu l’année passée les costumes folkloriques du KSMP de Mons. Cette année, il a reçu les costumes du KSMP de Ressaix. Le groupe Wisła a reçu les costumes du KSMP de Liège. Ce n’est plus un hasard ! Nous sommes à un tournant de notre petite histoire. C’est bien pour ça qu’il est important de fixer les choses et de leur donner toute la dignité qu’elles méritent.

Notre reconnaissance, celle de Spotkanie, de l’ensemble des danseurs, des chanteurs et des musiciens va tout d’abord à tous ceux qui ont contribué à toutes les étapes de l’existence de ces costumes. En effet, en analysant les robes, les pantalons, les chapeaux et les bottes reçus récemment, nous avons compris que beaucoup de ces trésors appartenaient déjà à d’autres entités avant de rejoindre le KSMP. Bois-du-Luc, Bracquegnies, Chapelle sont autant d’inscriptions qui témoignent du parcours de ces éléments. Elles sont l’illustration d’une constante : l’héritage est passé de l’un à l’autre … jusqu’aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’est Spotkanie qui hérite. Permettez-moi de remercier tous ceux qui sont à l’origine de ce cadeau.

Je veux remercier tous ceux qui ont rêvé ces costumes, toutes les couturières qui les ont réalisés, tous ceux qui ont contribué à acheter les autres, toutes les costumières qui en ont pris soin, tous ceux qui les ont portés et même tous ceux qui les ont applaudis.

Ce ne sont pas seulement quelques morceaux de tissus, c’est l’Histoire d’une communauté. Ces costumes vibrent encore des applaudissements qu’ils ont reçus ; ils palpitent encore des émotions de ceux qui les ont portés ; ils brillent encore de l’orgueil d’une nation qui a su utiliser le folklore pour magnifier son besoin de se retrouver.

Je ne vais pas citer de noms … vous êtes trop nombreux, trop modestes … mais vous vous reconnaîtrez. Et surtout, je voudrais vous assurer que Spotkanie n’oubliera jamais et se montrera digne de l’héritage.

Pour illustrer ces quelques lignes, j’ai souhaité vous montrer quelques photos de famille … Il s’agit d’un évènement comme il s’en produisait une fois par an en Belgique : le festival des KSMP. Je parle bien de photo de famille tant vous sembliez unis, soudés, fraternels.

Cette année-là – 1980 à Binche – il manquait malheureusement le KSMP d’Heusden-Zolder, mais tous les autres étaient là, Liège, Charleroi, Ressaix et Mons. Les costumes que vous portiez alors, qui étaient votre fierté, sont à présent entre de bonnes mains. Soyez-en sûrs.

Quant à nous Spotkanie, nous sommes fiers à présent de faire partie de votre famille.

Krysia Cieslik – Présidente de l’ensemble Spotkanie

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1.331 : BINCHE : Festival des KSMP : Tous les KSMP réunis ; à droite, Ksiadz Kazimierz Szymurski ; au centre, ( ? ) ; Janek Perzyna.
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1.332 : BINCHE : Festival des KSMP : Tous les KSMP réunis ; à gauche, Ksiadz Kazimierz Szymurski ; au centre, ( ? ) ; Janek Perzyna ; ( ? ).
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1.333 : BINCHE : Festival des KSMP : Tous les KSMP réunis ; à droite, Ksiadz Kazimierz Szymurski ; au centre, ( ? ) ; Janek Perzyna.
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1.334 : BINCHE : Festival des KSMP : KSMP Liège.
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1.335 : BINCHE : Festival des KSMP : KSMP Charleroi.
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1.336 : BINCHE : Festival des KSMP : KSMP Ressaix.
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1.337 : BINCHE : Festival des KSMP : KSMP Mons.
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1.338 : BINCHE : Festival des KSMP : KSMP Liège.

 

Mini-tornade … maxi-dégâts !

L’orage violent qui s’est invité à Comblain-la-Tour dans la nuit de jeudi à vendredi – le 17/08/2018 vers 3 heures du matin – laissera des souvenirs et des séquelles … Qualifié par les autorités de « mini-tornade », il a mobilisé toutes les énergies, flanqué une fameuse pagaille, déclenché la phase communale d’urgence, nécessité l’intervention des pompiers, du service des travaux, des techniciens de la société d’électricité … et surtout fait quelques blessés.

Pour les blessés, ils sont à dénombrer de chaque côté de l’Ourthe. Dans notre parc un arbre est tombé sur une des tentes des scouts. Bilan : le petit-fils de Stefania Ludwikowski et de Lutek Kurek a le poignet cassé, son père s’en tire avec 3 côtes cassées … Ce bilan aurait pu être infiniment plus grave … Dans le camping du Rocher de la Vierge, une dame s’est fracturé le bassin, et quelques autres personnes sont également touchées.

Compte tenu de la violence du vent et du spectacle de désolation qu’on peut voir un peu partout … c’est presque miraculeux ! Nous souhaitons un prompt rétablissement à tous les blessés.

La nuit a été agitée, c’est le moins que l’on puisse dire. Réveillés en pleine nuit par les éléments en furie, les malheureux scouts du groupe Wisła, installés dans le parc pour leur traditionnel camp de vacances, ont eu la peur de leur vie … surtout les plus jeunes d’entre eux. Et il y avait de quoi paniquer. On imagine le bruit sinistre des grosses branches qui se cassaient et tombaient tout autour du campement. Et quand des gros arbres, à leur tour, se sont couchés, le tout dans une obscurité totale, que seuls des éclairs effrayants venaient interrompre comme pour montrer un décor de plus en plus affolant, et qu’aux cris de panique ont succédé les cris de douleur … on devine l’atmosphère et on frissonne d’émotion.

Le parc aussi se souviendra de cette nuit ! Quelques arbres sont à terre ! Des grosses branches ont craqué et menacent toujours d’entraîner les arbres auxquels elles ne sont plus attachées que par hasard ! Il faudra couper. Des milliers de branches gisent un peu partout, par terre, sur le toit du préau, … La foudre a fendu certains arbres dans le sens de la longueur … c’est impressionnant ! Il urge maintenant d’expertiser pour savoir ce qui restera et ce qui doit malheureusement être abattu. Le travail est gigantesque.

Depuis vendredi matin, des bénévoles sont à pied d’œuvre pour essayer d’effacer les traces de cette « zabawa » infernale que l’orage a organisée à Comblain-la-Tour en invitant ses amis le vent, la tempête, la foudre, la tornade, … J’espère qu’ils se sont bien amusés et … qu’ils ne reviendront plus jamais !

https://www.tvl.be/nieuws/genks-danskamp-zwaar-getroffen-door-mini-tornado-in-luik-63955

19/08/2018 – JP Dz

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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.
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Le parc de Comblain-la-Tour, le 18/08/2018.

 

HELP

Vous l’avez sûrement appris par la presse … une tornade s’est abattue cette nuit sur Comblain-la-Tour.

Les dégâts sont importants … il y a quelques blessés.

Le parc aussi a subi les conséquences de cet orage incroyable … les campeurs du groupe Wisla ont été très fortement impactés par les éléments en furie. Pour le moment, c’est le séjour des pensionnés à Comblain-la-Tour. Tout le monde est sous le choc.

Eveline et moi, nous comptons nous rendre sur place demain – samedi 18/08/2018 – pour voir si nous pouvons aider et pour assurer tous les responsables de notre profonde sympathie.

Nous lançons un appel à toutes les bonnes volontés qui souhaiteraient nous rejoindre …

Comblain-la-Tour est un endroit de plaisir …. Il doit aussi être un endroit de solidarité …

On vous attend donc demain dans le parc …

Merci d’avance.

Pour les Anciens de Comblain,

Jean-Pierre Dziewiacien

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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.
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Comblain-la-Tour après la tornade du 17/08/2018.

 

0184 -Imaginez l’effervescence …

Imaginez l’effervescence … 1.280 personnes qui débarquent à Comblain-la-Tour, qui s’installent dans des camps et des infrastructures disséminées un peu partout dans le village … 1.280 personnes qu’il faut nourrir, désaltérer, guider … 1.280 personnes qui se retrouvent, le soir venu, autour d’un feu de camp … 1.280 personnes qui parlent, qui chantent en polonais, qui s’amusent, qui visitent, qui se promènent, qui achètent des souvenirs.

À ce moment précis, il y avait là, dans le village, plus de polonais que d’autochtones, plus de vacanciers que de résidents. Quant à la moyenne d’âge … elle a, tout d’un coup, fait  une extraordinaire cure de jouvence … C’est la langue polonaise qu’on entendait le plus dans toutes les rues … c’est l’uniforme des scouts qui était devenu la référence … c’est leur mode de fonctionnement qui était devenu la norme … et le village tout entier s’était mis à l’heure du Jamborée.

C’était en 1982. Cet événement, à Comblain, est resté unique et a laissé, à tous les participants, le souvenir d’une incroyable exaltation. Pour les comblinois aussi, ces quelques jours resteront gravés dans leur mémoire. Aujourd’hui encore, on en parle comme d’un évènement extraordinaire. Des habitants de Comblain-la-Tour m’ont interpellé récemment pour me demander d’évoquer et d’expliquer, à tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’y être, cette rencontre unique.

Personnellement, j’ai raté ce rendez-vous et je le regrette bien. Heureusement, un certain nombre d’Anciens de Comblain étaient présents. L’enthousiasme avec lequel ils en parlent fait naître, rétrospectivement bien des regrets. Je voudrais remercier plus particulièrement Elizabeth et Piotr Rozenski qui, non seulement ont fourni tous les documents et infos concernant le Jamborée, mais m’ont transmis le virus. Voici comment Piotr me l’a présenté :

« Il n’y a eu qu’UN seul jamborée à Comblain. C’était en 1982, il s’est tenu après nos colonies, du 29 juillet au 11 août plus précisément. Il s’agissait d’une réunion mondiale des scouts polonais ( zlot harcerski ), c’est-à-dire issus de la Polonia ( les polonais vivant hors de Pologne ), avec des participants du monde entier, des États-Unis, du Canada, d’Australie, du Royaume-Uni, etc … Ce genre de jamborées étaient organisés tous les 6 ans seulement. Celui de Comblain-la-Tour était le 3e après Monte Cassino, en 1969 et le Canada en 1976 et avant les US en 1988 et le Royaume-Uni en 1994.

 On a du mal à imaginer l’envergure de l’organisation et les contraintes de logistique ! Tout le village était mobilisé et impliqué. Les agriculteurs, par exemple, mettaient à disposition leurs champs, car tout le monde ( sauf les commandants … ) dormait sous tente. D’autres prêtaient leurs tracteurs et leurs équipements pour conduire, tous les matins, suffisamment d’eau à chaque lieu d’implantation. »

L’animateur principal, et celui qui a œuvré pour que le jamborée se tienne à Comblain, c’était Mieczysław Dulak ; mais il est loin d’être le seul à s’être investi … parmi les autres scouts belgo-polonais de la première heure, je citerai Mr Jean Stefanski, le Monsieur à la petite moustache grise stylée. Il a écrit un ( ou plusieurs ? ) article pour la presse locale, en français et néerlandais. Je me souviens qu’il m’avait demandé de corriger son texte. J’ignore dans quels journaux les articles ont été publiés, peut-être La Meuse ?

Pour l’occasion a été reconstitué un groupe ( hufiec ) de scouts belges, uniquement des filles ( ! ) sous la direction de Stefania Lutwikowska et Irena Malek, et composé de filles venant d’un peu partout, mais surtout de Maasmechelen ; il y avait là, ma soeur Elisabeth, Cécile Danielewski, Monika, la fille de Stefka, Carine Malek, la fille d’Irena, Claudia … mais aussi les soeurs Osiadacz, Elzunia et Danusia, Joanna Skowron, Elisabeth Czuk, …

 Je ne sais pas pourquoi les garçons n’ont pas formé de groupe. En revanche, nous, Ryszard Chwoszcz, Georges Zalobek, Heniu Zapalowski, moi, étions « réquisitionnés » pour la logistique, c’est-à-dire l’approvisionnement en eau potable notamment. Pour cette tâche, nous étions encadrés par Lutek Kurek. J’ai quelque part une photo de la citerne qu’on attelait à une vieille jeep Willy de la 2e Guerre Mondiale, qui après quelques jours était tombée en panne. Je me souviens aussi que Ryszard lui aussi, après quelques jours était « out », ayant reçu la citerne d’eau sur son pied. Mais bien entendu, on n’a pas pu s’empêcher d’intervenir dans l’organisation. Le soir, par exemple, on divertissait les commandants qui dormaient au château. Ça les amusait tellement que finalement, ils nous ont demandés, à nous les logisticiens, d’animer un ognisko devant un millier de participants, qui s’est tenu dans le parc du château Biron… Inutile d’ajouter qu’on a assuré !!! ».

Merci Piotr. Décidément … j’aurai vraiment voulu y être.

13/08/2018 – Piotr Rozenski et accessoirement JP Dz

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1.322 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : Henri Zapałowski ; Mr Wacek Bień ; Richard Chwoszcz ; Mr Jean Stefanski ; Georges Załobek ; Mr Stefan Paterka ; Piotr Rozenski ; ( ? ) ; ( ? ).
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1.323 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; Joanna Skowron ; Elisabeth Kciuk ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; Elisabeth Rozenski.
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1.324 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : Elisabeth Rozenski ; ( ? ) ; … ; Irène Malek ; ( ? ).
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1.325 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : Elisabeth Rozenski ; ( ? ) ; … ; Irène Malek ; ( ? ).
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1.326 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : Toute la troupe se rend à l’église.
1327
1.327 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : Délégation du Canada.
1328
1.328 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : Richard Chwoszcz ; Georges Załobek ; …
1329
1.329 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée : Georges Załobek ; ( ? ) ….
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1.330 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1982 : Jamborée.

 

0183 – Promenades ( 16 ) : Sur les traces de Théroigne

Le château de Fanson était une de nos destinations régulières. La photo 1.312 illustre une de ces promenades jusqu’aux abords du château. Bien sûr, il nous était interdit d’approcher trop près du bâtiment. J’ai le souvenir d’avoir été « refoulé » – au moins à 2 reprises – quand notre curiosité nous avait poussés jusque dans l’allée principale. Une espèce de garde-chasse, l’œil sévère, est venu nous signifier que « ces terres-là ne pouvaient souffrir d’être piétinées par des miteux » … Dommage !

Je ne sais pas exactement ce que craignait le noble châtelain. Nous étions pourtant inoffensifs. Sans doute que, quelque part, enfoui profondément dans la mémoire familiale des Sélys-Fanson, quelques souvenirs douloureux le mettaient en garde contre le fait de côtoyer le bas peuple. Il faut dire que l’Histoire retiendra du château de Fanson qu’il fut le théâtre d’un épisode peu glorieux : la dénonciation et la capture d’Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt.

Ce nom peut-être ne vous dit rien ? C’est normal. De cette époque trouble qu’a été la révolution française, on retient surtout les noms des « hommes qui ont « écrit » l’histoire » ; on se rappelle de Robespierre, de Danton, de Rouget de Lisle … et quand un nom de femme apparaît … discrètement … comme Charlotte Corday, ce n’est « que » pour rappeler qu’elle ne fut « que » la meurtrière du « grand » Marat ! Pourtant, les femmes aussi ont fait l’Histoire … elles l’ont rêvée, l’ont accompagnée, s’y sont illustrées, en ont souffert et en ont payé le prix. Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt est une de ces héroïnes de la révolution française, sans doute la plus emblématique. Vous vous demandez pourquoi, tout d’un coup, j’éprouve le besoin de vous parler d’elle ? C’est que son nom est irrémédiablement associé au château de Fanson.

Parfois, notre petite histoire à nous ( avec un tout petit « h » ), simples vacanciers et humbles promeneurs des alentours de Comblain-la-Tour, pouvait croiser la grande Histoire ( celle qu’on écrit avec un « H » majuscule ). C’est le cas ici. Avant nous, des personnages illustres ont foulé les mêmes chemins, les mêmes sentiers. Peut-être se sont-ils arrêtés devant les mêmes paysages, se sont-ils nourris des mêmes impressions et ont rêvé des mêmes choses ? Qui sait ? Anne-Josèphe est originaire de la région ; elle vécut une partie de son enfance à Xhoris. C’est une enfance triste et malheureuse qui la pousse à rêver d’autre chose.

Après moult tribulations, elle débarque dans un Paris en pleine ébullition. Elle épouse les thèses des révolutionnaires, se passionne pour la naissance d’une nouvelle société et devient vite la figure de proue des antiroyalistes. Mais, c’est difficile de s’imposer dans un monde où la « Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen » va jusqu’à ignorer – même dans son titre – qu’il y a aussi des Femmes et des Citoyennes ! Pourtant, elle se lance dans ce combat corps et âme. L’Histoire retiendra d’elle qu’elle fut la première féministe … elle le paiera très cher. Incomprise, sans doute parce que trop enthousiaste, et insoumise, beaucoup trop tôt, elle fera l’objet de toutes sortes d’accusations qui l’obligeront à fuir sur les terres de son enfance et se réfugier, en 1791, au château de Fanson ! Mauvaise idée … Le baron de Sélys-Fanson l’espionnera et la dénoncera. Pauvre type !

Pour ma part, j’avais osé imaginer, qu’en septembre prochain, on pourrait aller se promener jusqu’au château, comme à l’époque de notre adolescence, mais qu’on pourrait en plus – enfin – accéder à l’intérieur et découvrir cette résidence comme à l’époque d’Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt. Mais c’était ignorer que finalement … rien n’a vraiment changé ! Nous sommes toujours tenus à l’écart … le plus loin possible … les riches avec les riches et les autres … La révolution française n’a pas servi à grand-chose !

J’avais presque abandonné le rêve de nous faire découvrir l’intérieur du château … mais le hasard est fantasque et tout à fait par hasard, j’ai découvert que Stephan Bern avait consacré une partie de ses « Secrets d’Histoire » à la vie tumultueuse d’Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt. Pour illustrer la vie de la première des féministes, il s’était rendu au château de Fanson pour y tourner une partie de son épisode. Cet épisode a été accessible pendant longtemps sur Internet … j’avais l’intention de partager le lien … malheureusement, depuis quelques jours, il devenu inaccessible. Décidemment!

Quant à notre héroïne, Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt, elle finira sa vie d’une manière misérable, abandonnée de tous dans une cellule de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris où elle sera donnée pour folle. Si elle a perdu la raison, c’est peut-être qu’elle avait osé rêver trop… ou trop tôt. Si elle a perdu l’esprit, j’ai la faiblesse de croire que son esprit est revenu sur les terres de son enfance, ici à Xhoris, et que nous l’avons croisé, et qu’il nous a inspiré plus de « liberté », « d’égalité » et de « fraternité».

06/08/2018 – JP Dz

PS : Comment terminer cet article sans rappeler que l’immense Charles Baudelaire s’est inspiré de ce personnage si romantique pour écrire, dans « Les Fleurs du mal », son célèbre : « Sisina » :

« Imaginez Diane en galant équipage,
Parcourant les forêts ou battant les halliers,
Cheveux et gorge au vent, s’enivrant de tapage,
Superbe et défiant les meilleurs cavaliers !

Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage,
Excitant à l’assaut un peuple sans souliers,
La joue et l’œil en feu, jouant son personnage,
Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers ?

Telle la Sisina ! Mais la douce guerrière
À l’âme charitable autant que meurtrière ;
Son courage, affolé de poudre et de tambours,

Devant les suppliants sait mettre bas les armes,
Et son cœur, ravagé par la flamme, a toujours,
Pour qui s’en montre digne, un réservoir de larmes. »

Charles Baudelaire

1312
1.312 : XHORIS : Devant le château de Fanson : Michel Pietka ; ( ? ) ; Patrick Madaj ; Michel Konarski ; Philippe Pietka ; Jef Rozenski.
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1.313 : XHORIS : Le château de Fanson.
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1.314 : XHORIS : Le château de Fanson.
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1.315 : XHORIS : Le château de Fanson.
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1.316 : XHORIS : Le château de Fanson.
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1.317 : XHORIS : Le château de Fanson.
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1.318 : XHORIS : Le château de Fanson.
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1.319 ; XHORIS : Le château de Fanson.
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1.320 : XHORIS : Le château de Fanson.
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1.321 : XHORIS : Le château de Fanson.