De Piotr Rozenski :
Le dimanche, c’était le jour de tous les dangers : on pouvait se faire choper dans le « Café des Sports » ou se faire couper un doigt dans la friterie … Mais c’était celui chargé de préparer l’ognisko qui courait sans doute le plus de risques : il pouvait se brûler en l’allumant, par exemple ( en cas d’urgence, il y avait l’infirmerie où il était toujours bien accueilli … ). En revanche – situation beaucoup plus explosive – il pouvait aussi se faire allumer par le directeur. Car pour ce dernier, le principal critère permettant de juger le travail du préparateur était de savoir si la pile de bois allait produire de belles flammes ou si de l’amas ne sortirait qu’une fumée bleuâtre empestant l’ambiance. Surtout les jours de pluie, il y avait péril en la demeure.
La journée pour les pyrotechniciens ne se terminait donc pas de la même façon : acclamations et éternelle gloire pour les uns ( les « happy few » ) ou … huées et éclats de risée pour les autres.
Afin de gagner l’estime du public ( et, accessoirement, du directeur ), chaque préparateur y allait de sa technique : empiler des branches pendant des heures, à commencer par des toutes petites, entrelacées de bouts de papier. D’autres, n’ayant pas la même patience, privilégiaient un recours aux gros moyens : un gobelet d’essence ( soigneusement siphonnée de la voiture d’un des visiteurs dominicaux ) et le tour était joué ( empestant autant l’ambiance et … l’audience, condamnée à passer la moitié de la soirée dans les vapes … effet collatéral négligeable ).
Quel que soit le procédé utilisé, le lendemain, surtout après une nuit orageuse, de l’ognisko il ne restait pas grand-chose : quelques branches récalcitrantes, un amoncellement de cendres tièdes … Et, chose intrigante, sous ces décombres, on pouvait découvrir du sable cuit, dur comme fer, qui s’était cristallisé sous l’effet de la chaleur. Avec un peu d’imagination ( et Dieu sait qu’on en avait … ), on découvrait alors des formes étranges ou des dessins surprenants. Quand on cherchait bien, on pouvait parfois même trouver une jolie rose de sable.
Quand je pense aux feux de camp, me vient alors à l’esprit ce passage d’un des poèmes du poète polonais Cyprian Norwid ( Za Kulisami ), devenu célèbre grâce au roman de Jerzy Andrzejewski Popiół i Diament ( Cendres et Diamant ) et au film d’Andrzej Wajda du même nom :
Czy popiół tylko zostanie i zamęt,
Co idzie w przepaść z burzą ? – czy zostanie
Na dnie popiołu gwiażdzisty dyjament,
Wiekuistego zwycięstwa zaranie …
Cela va-t-il en cendre et chaos se réduire,
Que jettera l’orage au gouffre ? – ou, dans un creux
de cendre, un diamant-étoile va-t-il luire,
de triomphe éternel point-du-jour radieux …
Et vous, qu’est-ce qu’il vous reste de vos passages à Comblain ?
Les colos, que vous ont elles apportées ?
Quels talents avez-vous pu développer grâce à ces séjours, quelle partie de votre personnalité ont elles forgées ? Organisation, initiative, leadership, sens de la responsabilité, vivre-ensemble, travail d’équipe, tolérance, compétences linguistiques … Ou encore autre chose ?
Dites-nous ce que vous retenez, ce qui vous a marqués.
03/07/2017 – Piotr Rozenski







