



Grand moment de « communion communautaire » : les pèlerinages … Montaigu en tête !
Aussi loin que remonte ma mémoire, le pèlerinage à Montaigu en fait partie.
Au début de mes souvenirs, nous y allions en train. C’était une véritable expédition. Il faut dire qu’en habitant le Borinage, nous étions sans doute les pèlerins polonais de Belgique les plus éloignés du site consacré au culte de Marie. Qui plus est, notre petite implantation de Bernissart était la plus à l’Ouest du Borinage ; c’était déjà un peu le début du Tournaisis. Au-delà de Bernissart, plus de charbonnage … donc plus de polonais.
L’expédition débutait, très tôt déjà, au Coron Lagache où tout le monde se réunissait pour partager les rares places des rares voitures qui pouvaient nous emmener jusqu’à la gare la plus proche : Blaton. Je revois encore le quai envahi de tous les « ciocia et Wuja », de tous les enfants, dont certains étaient revêtus d’habits folkloriques, des porteurs de drapeaux – qui maintenaient leurs précieux étendards à l’abri dans des housses en cuir – et des « Babcia et Dziadek », qu’on aidait à gravir les escaliers. Une fois installé dans le wagon, on aurait dit que le train n’était réservé que pour nous. Pourtant, ce n’était que la première gare …
L’omnibus s’arrêtait ensuite à Harchies, où embarquaient les polonais du village, à Ville-Pommeroeul, à Hautrage-Etat, … et à chaque fois, un nombre impressionnant de pèlerins grimpait dans les wagons qui commençaient à se remplir. L’ambiance était festive et la bonne humeur de rigueur. Très vite, on voyait les grands sacs des femmes et les carnassières des hommes s’ouvrir … c’était déjà l’heure d’une première collation. On partageait la saucisse polonaise ( la krakowska ), les œufs cuits durs, les tartines au beurre et … la wódka … évidemment. Comment pouvait-on envisager une « pielgrzymka » sans « wódka » ?
Plus tard, le train a été abandonné au profit d’autocars ; je ne sais pas pourquoi … peut-être parce que c’était plus pratique … mais le folklore y a perdu. Que ce soit en train ou en car, c’est toute la communauté polonaise qui convergeait vers Montaigu. Et quand ils débarquaient, ce n’était qu’embrassades, congratulations et plaisir de se retrouver. Tous se dirigeaient alors vers le lieu où était célébrée la messe.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir assisté à la messe dans la basilique proprement dite, par contre, je me rappelle parfaitement de célébrations à l’extérieur, autour de ce « kiosque » où officiaient toute une série de nos prêtres polonais. Nous, nous étions installés sur ces petits bancs en bois fait d’une planche fixée sur deux rondins. L’endroit était ombragé. Quand il faisait très chaud, c’était agréable … mais parfois … il pleuvait averse ! Les plus à plaindre alors, c’étaient les malheureux porteurs et porteuses de drapeaux. Là où nous pouvions nous serrer pour avoir moins froid et mettre nos vêtements de pluie … eux restaient stoïques et concentrés. Par la suite, la grand-messe s’est faite dans une nouvelle implantation, vaste et spacieuse, qui pouvait accueillir tout le monde.
Après l’homélie, le temps était venu de dîner ; c’est-à-dire de finir ce qu’on avait déjà entamé dans le train. Personne, à ma connaissance, n’allait dans les restaurants … j’ignore même s’il y en avait ? Tous avaient apporté leur repas. C’était très gai. Nous mangions par petits groupes sur les mêmes bancs qui avaient servi pour prier.
Venait ensuite la procession. On pouvait alors voir nos prêtres régionaux à la manœuvre … rassemblant leurs troupes, organisant leurs fidèles, plaçant les enfants habillés en costumes folkloriques à l’avant de la délégation, suivis par les porteurs de drapeaux, les prêtres et les fidèles. C’était presque un concours pour savoir quelle région serait la mieux représentée, la mieux organisée, la plus méritante … On sentait bien que pour nos curés, ce défilé-là … il ne fallait pas le rater !
Dès que le cortège démarrait, les rues de Montaigu se remplissaient de toutes nos couleurs et résonnaient des prières et des « Zdrowaś Maryo » d’une multitude de pèlerins. C’était là le véritable moment de dévotion et de communion … le moment où nous avions l’impression de participer vraiment.
Après la procession, il nous restait encore un peu de temps pour nous balader autour des petits chalets en bois où on pouvait acheter qui des petites saintes Vierges en plastique remplie d’eau bénite, qui des boules à neige représentant la Basilique, qui des chapelets en ambre … C’était surtout le temps de la détente.
Pour les enfants que nous étions, pas de passage à Montaigu sans canne en sucre d’orge ! Très vite, chacun d’entre nous avait la sienne et … chacun suçait son bâton coloré avec application. Dieu que c’était bon ! Mais qu’est-ce que c’était long ! À force de sucer, le bâton se transformait en une longue pointe très aiguisée qui finissait par être dangereuse. Au bout d’un moment, même nous, on en avait marre. Les bonbons finissaient souvent dans le sac de maman ou dans les poubelles.
Mais c’était déjà le temps de retourner, chacun chez soi. On n’oubliait pas de saluer ceux des autres régions en se jurant de se revoir bientôt à Comblain-la-Tour ou à Banneux, et on réembarquait dans les trains, ou les cars.
Et rendez-vous l’année prochaine !
25/03/2019 – JP Dz
Quiz n° 32 : RESSAIX : devant la chapelle : Belinda Chmura ; Marc Maliszewski ; Laurence Perzyna ; Cécile ou Catherine Dannielewski ; Lodzia Perzyna.
Après Monsieur Edward Pomorski, voici l’histoire d’une autre sommité qui a choisi de se faire enterrer modestement dans le petit cimetière de Comblain-la-Tour : Dr Stefan Glaser.
C’est André Karasiński qui vous raconte cette biographie impressionnante.
« Stefan Glaser est né le 20 janvier 1895 à Tarnów. Il décédera le 30 Avril 1984 à Bruxelles. Il est enterré au cimetière de Comblain-la-Tour, aux côtés de son épouse Marta.
Professeur et avocat, il a commencé ses études de droit à Vienne et les a continuées à Lvov où il a obtenu, en 1918, le titre de docteur. Il a obtenu le titre de docteur habilité1 à la Faculté de droit de l’Université Jagellonne à Cracovie, dans le domaine de la procédure pénale et du droit pénal. Dans les années 1920-1924, il a enseigné à l’Université catholique de Lublin, où il a également exercé la fonction de doyen de la Faculté de droit. En 1924, il a déménagé à l’Université de Vilnius, où il a occupé la chaire de droit pénal et de procédure pénale.
En 1930, il a été l’initiateur et l’un des signataires de la « Protestation de Brześć » dans laquelle, avec de nombreux professeurs d’université polonais, il s’est élevé contre l’arrestation de députés de l’opposition, 2 contre leur emprisonnement à la citadelle de Brześć et leur condamnation dans ce que l’on a appelé le « Procès de Brześć ». En guise de représailles, il a été privé de sa chaire à l’université et, en 1934, à 39 ans, il « a été admis » à la retraite. Par la suite, et jusqu’au déclenchement de la guerre, Stefan Glaser a travaillé comme avocat à Varsovie. Il a pris part à plusieurs procès politiques célèbres, en défendant, entre autres, Stanisław Cywiński, Stanisław Mikołajczyk, Władysław Tempka. Il a également représenté Stanisław Kot. Tout au long de cette période, il a poursuivi ses travaux scientifiques et a publié plusieurs livres et plus d’une centaine d’articles et de publications diverses.
Après la défaite de septembre 1939, il s’est enfui en France, où il a rejoint le gouvernement polonais en exil du général Sikorski.3 Il était, entre autres, le représentant du gouvernement à la Commission des crimes de guerre des Nations Unies. Durant la seconde guerre mondiale, en Angleterre, il a été l’initiateur, le co-fondateur et ensuite le doyen de la Faculté polonaise de droit à l’Université d’Oxford ainsi que le co-organisateur de la Faculté polonaise de médecine à l’Université d’Édimbourg et de l’École polonaise d’architecture près l’Université de Liverpool. Il a aussi été un des membres fondateurs de la Société scientifique polonaise à l’étranger.
Après la guerre, Stefan Glaser a enseigné à l’Université de Liège, à l’Université catholique de Louvain et, pour un temps, à l’Université de Gand. Il est devenu une sommité mondiale dans le domaine du droit pénal international. Il a été l’un des initiateurs de la Convention sur l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, qui a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 26 novembre 1968.
Stefan Glaser était un partisan de la coopération internationale et de l’intégration européenne. Il a participé au « Congrès de l’Europe » de La Haye où, le 8 mai 1948, au forum du Comité de la culture, il a présenté un rapport dans lequel il a plaidé pour que l’intégration en Europe ne se réalise pas seulement sur les plans politique et économique, mais également sur le plan éducatif. À cette fin, il a proposé, entre autres, la création d’une université internationale ».
Traduit et présenté par : André Karasiński
Source : https://pl.wikipedia.org/wiki/Stefan_Glaser
PS : Le Docteur Stefan Glaser était aussi brillant que discret. Malgré toutes nos recherches, nous n’avons pas trouvé de photo de lui ! Si quelqu’un possède une photo, ce serait gentil de la partager. Merci d’avance.
Et voici 2 photos du Dr Glaser ; Grand merci à Piotr Rozenski.
Quiz n° 30 : KSMP LIEGE à Spa au centre de la « Fraineuse » – Centre Adeps : Evelyne Ghion ; Helena Wochen ; Monique Kiełtyka ; Liliane Musial ; Aline Jarosz ; Brigitte Witecki ; Elisabeth Stempniewicz ; Francine Załobek ; Mirka Patalas. Nous étions là pour nous entrainer avant un « remaniement » complet de notre programme de danses ( because nouveaux costumes ). Il y avait dans cet endroit une grande salle avec des miroirs et des tapis. On y a dansé l’Oberek « acrobatique », ou certains soulevaient soit les filles ou les garçons. Je me souviens aussi qu’il y avait un sauna après les exercices de « musculations », c’était une bénédiction pour ceux qui s’y sont risqué. Georges Załobek a eu un léger malaise qui nous a fait un peu peur. Dans l’ensemble, c’était réussi. Les jupes d’entrainement … toutes de la même couleur et du même tissu. C’était génial de danser avec çà ! Je suis à côté de Liliane … mon dieu que le temps passe … elle était si gentille et on rigolait beaucoup avec elle et Mirka. Monique Kiełtyka
Si certains KSMP avaient incorporé dans leur spectacle une danse des góral – c’est-à-dire avec des garçons et des filles – au KSMP de Mons, on se voulait original … et donc on avait choisi de présenter plutôt un « zbójnicki », autrement dit une danse virile, où il n’y avait que des garçons. Le thème des zbójniki fait référence à ces brigands très populaires qui vivaient eux aussi dans les Carpates, parmi les góral, mais qui avaient une réputation particulière … Le plus connu d’entre eux, Janosik, est le Robin des Bois polonais !
Nous connaissions un peu les légendes qui couraient autour de ces brigands, sans vraiment connaître. On imaginait qu’ils passaient le plus clair de leur temps à se mesurer, à se défier et ainsi à briller aux yeux des filles. Il nous fallait donc sur scène rivaliser de souplesse et d’agilité. La danse était composée de figures en groupe, de combats de ciupagi et de solos, où chacun pouvait exprimer ses capacités et ses talents.
Les acrobaties – réalisées à l’aide de la ciupaga ou du chapeau – étaient souvent inspirées par l’ensemble Mazowse, mais parfois, c’était d’inspiration locale. Le tout était particulièrement dynamique et audacieux.
Tous les garçons se bousculaient pour y participer et tous en gardent des souvenirs cocasses. Personnellement, si je devais choisir, c’est trois anecdotes que je retiendrais :
1) Quand nous avons mis au point notre nouvelle chorégraphie, nous en étions très fiers. On avait beaucoup répété – à l’abri du regard des filles – et tout nous semblait être parfaitement au point. Tout naturellement, le premier spectacle était un moment important ; il fallait mettre « le paquet » pour impressionner le public.
Donc, nous nous sommes tous habillés au maximum … en ne négligeant aucun détail : chapeau, grosse ceinture en cuir, cape, etc … Mais … nous n’avions jamais répété en costume. Dès les premières minutes, ce fut un calvaire.
Mon chapeau – incontrôlable – m’a glissé sur les yeux. Je ne voyais plus du tout où j’étais par rapport au bord de la scène. Ma cape, dans le mouvement, s’est retrouvée devant … sur le chapeau. Impossible de m’en dépêtrer. Quant à la ceinture – beaucoup trop dure – elle m’empêchait de respirer quand je faisais des figures accroupi ; et comme la plupart des figures spectaculaires nécessitaient d’être accroupi … vous imaginez le problème ! J’ignore comment je suis arrivé au bout de la prestation ? Ni comment mes partenaires s’en sont sortis ? Les fois suivantes, j’ai dansé « light », en laissant au vestiaire chapeau, cape et ceinture.
2) Physiquement, c’était un effort incroyable. À la fin de la danse, nous étions toujours épuisés. Pourtant, une fois ( une seule fois ), l’orgueil a été plus fort que la fatigue et … que la raison. Le public était tellement enthousiaste que nous avons accepté de faire un bis. À la fin du deuxième zbójnicki d’affilée, je me suis écroulé dans les coulisses. J’étais complètement « hors service ». C’est Zdisław Blazka qui m’a emporté, dans ses bras, vers l’arrière de la salle. J’ai mis un long moment à m’en remettre.
3) Alexis Łagocki – qui entamait ses études d’ingénieur civil à Mons – devait présenter quelque chose aux autres étudiants dans le cadre des « baptêmes estudiantins ». Il a eu l’idée de présenter un zbójnicki.
Le spectacle se déroulait dans une grande salle bondée d’étudiants très excités et qui avaient consommé pas mal d’alcool. Quand ils nous ont vus arriver avec nos « déguisements » de góral, ils se sont mis à crier très fort et en chœur : « A poil, à poil, à poil,… ». Nous n’étions pas à l’aise dans nos kierpce. J’ai même cru que nous n’en sortirions pas indemnes.
Heureusement, dès les premières minutes de la danse, les cris se sont arrêtés et très vite les applaudissements les ont remplacés. Finalement, tout s’est bien terminé. OUF !
En annexe, le 3ème extrait de l’article d’Anne Wuidar consacré aux montagnards. Dans ce troisième extrait, elle nous parle des chants, des danses et de Zakopane. Merci Anne.
11/03/2019 – JP Dz
La danse : Les hommes dansent assez souvent avec leur piolet ou une hachette (outils qui se rapportent à leur vie quotidienne) ; et ce, sur un rythme d’enfer.
Le chant : Contrairement à la plupart de leurs chants et danses très vifs, voici un chant nostalgique, dont les paroles, depuis deux siècles, bouleversent les Polonais – montagnards ou non – qui ont dû quitter leur patrie avec regret pour gagner leur pain : « Góralu, czy ci nie zal » (« Montagnard, n’es-tu pas nostalgique ? »)
Il paraît que c’était la chanson préférée du pape Jean-Paul II, né au pied des Tatras.
Montagnard, ne regrettes-tu pas,
De quitter le pays de tes parents,
Ces lacs, ces bois et ces collines,
Et ces ruisseaux d’argent ?
Goural, ne regrettes-tu pas,
Goural, reviens au pays (bis).
Mais le Goural regarde les montagnes,
Et essuie ses larmes avec sa manche,
Il faut bien quitter les montagnes,
Pour du pain, Monsieur, pour du pain.
Goural, ne regrettes-tu pas,
Goural, reviens au pays (bis).
Les chants caractéristiques ainsi que leurs danses vives, impressionnent toujours les touristes des basses terres.
Zakopane et les villages des alentours hébergent de nombreux groupes folkloriques qui se transmettent l’art du folklore de génération en génération. De nos jours, les jeunes portent de plus en plus souvent les habits traditionnels et soulignent leur appartenance à cette ancienne tradition des Tatras.
La plus grande fête de la région est le « Festival International de Folklore des Hautes Terres ». Il est organisé en fin d’août à Zakopane depuis 1968. Les górales du monde entier se retrouvent ainsi en compétition pour gagner les « ciupaga » (hache traditionelle) d’or d’argent et de bronze. Le touriste y revient souvent afin d’y revivre la joie d’être dans la tradition montagnarde, pour admirer les habits traditionnels et pour ressentir cette atmosphère inoubliable.
La région de Zakopane :
Depuis le 19eme siècle, elle est encensée par les poètes et les peintres ; par exemple, l’artiste-peintre Witkiewicz qui à la fin du 19ème siècle, lança, (en construisant sa célèbre maison appelée « Koliba »), ce qu’on a nommé « le style de Zakopane » désignant ces chalets pittoresques typiques. Cette région si excentrée au Sud, et cette localité de Zakopane si nichée au sein de montagnes, ont attiré depuis longtemps, les artistes les plus fameux de toute la Pologne. Ils se groupaient ici, discutant des évènements, dans ces « karczma » de bois, ou bien, dans les moments de paix, venant respirer et prendre les eaux. Il y eut Il y eut des écrivains, tels KRASZEWSKI, SIENKIEWICZ, GOMBROWICZ, WITKACY, des musiciens fameux tels Ignacy PADEREWSKI (retrouvant ici sa grande amie la célèbre comédienne Helena MODRZEJWSKA), Karol SZYMANOWSKI (dont subsiste la maison appelée « Atma »), et KARLOWICZ qui trouva la mort dans une avalanche aux alentours de Zakopane. Tous étaient sous le charme de cet endroit unique.
Quant à Karol WOJTYLA (Pape Jean-Paul II), né aux pieds de ces montagnes qu’il a escaladées, où il a skié, où il a randonné l’été, bien des photos le montrent dans ce coin de Pologne qu’il n’avait jamais oublié !
Promenades proches : Le mont Gubalowka est le départ de nombreux sentiers de promenades et de randonnées. Paysage bucolique, doucement vallonné où des vaches paissent en toute tranquillité. On peut aller jusqu’à Chocholow, qui est à 17 km vers l’ouest de Zakopane. Chocholow est un village dont la quasi-totalité des maisons ont été construites en bois au 19eme siècle, l’une d’elle a des poutres de 1m d’épaisseur. L’église de Chocholow est également intéressante.
Mode de vie : Les górales sont bergers de père en fils. Ils vivent paisiblement dans leurs maisons de bois, la plupart jouent du violon dès leur tendre enfance, les jeunes filles brodent, fabriquent du fromage avec le lait de leurs brebis.
Même les très nombreux touristes séjournant à Zakopane, qui les observent avec curiosité, ne les changent pas. Leur vie simple et joyeuse a résisté à tant de guerres meurtrières et de régimes politiques qu’il en faudrait plus pour bouleverser leurs habitudes.
Dans un journal précédent, où j’avais abordé les diverses étapes qui précédaient le tissage de la laine, j’avais parlé de la laine des chiens de bergers Podhale au poil particulièrement doux qui assure aux tisseuses et tricoteuses des vêtements d’hiver particulièrement légers. Ces chiens, ainsi que leur nom l’indique, proviennent de la région de Zakopane et sont d’excellents gardiens de moutons.
Amicalement vôtre : Anne Wuidar – wuiwui007@hotmail.com
Extrait n° 3 des « Muses Vagabondes – Petit Journal Culturel et Artistique Slave » – n° 25 de décembre 2018.
J’aimerais aujourd’hui que nous ayons une petite pensée respectueuse pour Monsieur Bardo.
En effet, en ce 10 mars 2019, il aurait fêté ses 100 ans … s’il était toujours des nôtres. Mais le hasard est fantasque, le 10 mars 1919 a été non seulement le jour de la naissance de Pan Zbigniew Bardo, mais aussi de ma maman Martha Sladecka / Dziewiacien.
Ils sont nés, le même jour, à des centaines de kilomètres de distance, et tous les deux ont eu un début d’existence des plus atroces. Mais ça ne les a pas empêchés de croire viscéralement à la vie et d’offrir, sans retenue, leur temps aux autres …
L’histoire de Comblain est parsemée de ces bénévoles. Aujourd’hui, c’est la commémoration du centenaire de la naissance de ces deux-là, mais nous pourrions répéter cette commémoration à l’infini tant il y avait de bénévoles et tant il conviendrait de les fêter tous. Alors, derrière l’hommage d’aujourd’hui, il y a un hommage à tous les autres. C’est comme un cri pour dire : « Nous ne vous oublierons pas ».
Jean-Pierre Dziewiacien
Sous titre : Bourdes, gaffes, bévues, gags, boulettes … sur scène !
Si nous gardons un excellent souvenir de nos spectacles folkloriques respectifs, il faut bien l’admettre … parfois … il y a eu des « dérapages ». Même préparés avec beaucoup de minutie, nos représentations ont, parfois, dû faire face à l’impondérable. Dans ces cas-là, nos bourdes, gaffes, bévues, gags et boulettes se sont donné le mot pour aggraver des situations déjà très compliquées. Et les fous rires, des uns et des autres, n’ont fait qu’augmenter notre difficulté à poursuivre le spectacle. Paradoxalement, ce sont ces anecdotes humoristiques qui nous reviennent en premier lieu ; elles sont le reflet de notre bonne humeur et d’un enthousiasme communicatif qui ne craignait ni la compétition, ni … les « embardées ».
Parfois, ça « cafouillait » dès le départ. Le KSMP de Ressaix ne dansait pas toujours avec un orchestre. Quand les musiciens n’étaient pas disponibles, c’est une cassette préenregistrée qui accompagnait les danseurs.
Ce jour-là, c’était le cas. Les danseurs étaient prêts à s’élancer pour leur fameux Krakowiak. Ils étaient tous dans les starting-blocks … une main en l’air … la jambe tendue … le chapeau à plume de paon fixé sur la tête … il ne manquait plus que la musique. Mais … dès que le préposé a appuyé sur « Start », c’est un tonitruant « Hey ! Manhattan » du chanteur C. Jérôme qui a retenti, en lieu et place du Krakowiak ! À l’époque, les cassettes avaient deux faces ; c’était la mauvaise. Inutile de dire que le public était hilare. Ça commençait déjà bien.
Parfois, ce sont les accessoires qui n’en faisaient qu’à leur tête … et quand la tête ne leur revenait pas …
Je laisse Francine Załobek vous raconter elle-même son moment de « dé-tresse » :
Petite anecdote au KSMP de Liège : Au cours des différents spectacles, il est parfois arrivé des incidents techniques : un élastique de pantalon qui craque ou un jupon qui se répand sur le sol … J’ai fait plus original et je ne pense pas que ce soit arrivé à quelqu’un d’autre. Notre « chorégraphe » de l’époque ( Évelyne ) tenait à ce qu’on forme un ensemble ; pas de bijoux apparents, pas de lunettes ( pratique ! ) et des tresses pour les filles.
Dans les cheveux longs, ou mi-longs, pas de problème. Or j’avais des cheveux très courts. C’était donc une savante construction à base d’épingles et une tonne de laque. Vint un jour où, à la fin de la première partie, cet échafaudage s’écroula. En virevoltant gaiement, une tresse se détacha et vola dans les pieds du public. Moment de stupeur, puis de panique, les gens croyant avoir vu un rat. À la fin de la danse, honteuse et confuse, j’ai récupéré l’objet du délit ( Georges, hilare, me laissant seule devant mes responsabilités ). Je ne me souviens pas si j’ai terminé le spectacle avec une ou deux tresses, mais je sais qu’on en a rigolé très longtemps dans les chaumières.
Francine Załobek
À d’autres moments, ce sont les équipements mis à notre disposition qui n’était pas à la hauteur. Je me souviens, comme si c’était hier, d’un spectacle donné par le KSMP de Mons, fin des années soixante, à Baisieux ! J’étais alors trop jeune pour danser et j’ai donc assisté à la scène à quelques mètres du podium. Donc, ce jour-là, il n’y avait pas de chapiteau, seulement un podium installé – peut-être un peu trop vite – en plein air. Il semblait solide et stable. Mais c’était sans compter sur l’enthousiasme des danseurs …
Il faut dire que les Oberek, Mazur et autre Krakowiak sont particulièrement rythmés. Les danseurs sont obligés de compter leurs pas pour garder le tempo et être synchronisés. Régulièrement, au bout des huit mesures, il convenait de marquer le pas. Ça permet de donner un certain effet et surtout de se resynchroniser.
C’est ce qu’on appelle le « tąpanie ». Cette tradition polonaise a perduré tout au long de l’histoire des KSMP ; avec par moments plus … d’intensité. Ça permettait aussi à certains danseurs mâles d’affirmer leur virilité. Dans l’euphorie de l’instant et, pour certains d’entre eux, à cause d’une … très très légère surcharge pondérale, ils n’hésitaient pas à « frapper fort ».
Ce jour-là donc, dès les premiers pas sur scène des huit couples de danseurs … on a vu le podium commencer à se balancer. On aurait dit qu’ils étaient sur un radeau à un mètre du sol … Mais ce n’était pas le plus grave ! Aux premiers « tąpanie », c’est le plancher qui s’est demandé ce qui lui arrivait ! Évidemment, et très vite, un des garçons a percé la planche sur laquelle il claquait son pied … puis un autre … puis encore un autre ! A ce moment-là, plus personne n’avait de doute … ce plancher-là ne supporterait pas sa charge ! Mais la danse était loin d’être finie … et on n’arrête pas un polonais qui danse ! Du coup ( si j’ose dire ) certains garçons se sont dévoués pour « reclouer » des planches qui se relevaient dangereusement … à coup de talon, en rythme et parfois même, pas en rythme.
À la fin de la danse, le plancher était plein de trous ; on se serait cru sur une autoroute wallonne ! Le kiosque était inutilisable. Les organisateurs locaux ont dû finalement se résoudre à déplacer la représentation vers une salle voisine … C’est une réalité : le sol tremble souvent sous l’enthousiasme des polonais.
Je suis sûr que vous aussi, vous avez d’innombrables anecdotes du genre. C’est le moment de les partager.
04/03/2019 – JP Dz
En ce qui concerne le KSMP de Ressaix, effectivement cela s’est passé je pense à La Louvière, avec mon enregistreur à bande double piste et non à cassettes (qui servait aussi à toutes les répétitions du KSMP) où j’avais bien demandé au technicien de la scène de n’appuyer que sur le bouton START au moment voulu mais il est parvenu à changer de piste sur laquelle était enregistrée tout à fait autre chose. Vous devinez quelle était ma colère, nom de D… !
Cela me rappelle une autre anecdote que confirmera Gieniu Perzyna : lors d’une représentation à Marcinelle, peut-être un festival KSMP, lorsque le responsable-électricien de la salle branchait les spots de la scène, l’intensité du courant diminuait sur le circuit sur lequel était branché mon enregistreur à bande et celui-ci donc ralentissait au point que Gieniu Perzyna, avec un doigt, essayait tant bien que mal, à faire tourner la bande. Je vous laisse deviner le résultat : l’horreur !
Casimir Nowicki
1.598 : KSMP Mons : ( ? ) ; ( ? ) ; … ; Zygmund Mielcarek ; ( ? ) ; Stéphanie Goch ; Serge Préat.