Grand moment de « communion communautaire » : les pèlerinages … Montaigu en tête !
Aussi loin que remonte ma mémoire, le pèlerinage à Montaigu en fait partie.
Au début de mes souvenirs, nous y allions en train. C’était une véritable expédition. Il faut dire qu’en habitant le Borinage, nous étions sans doute les pèlerins polonais de Belgique les plus éloignés du site consacré au culte de Marie. Qui plus est, notre petite implantation de Bernissart était la plus à l’Ouest du Borinage ; c’était déjà un peu le début du Tournaisis. Au-delà de Bernissart, plus de charbonnage … donc plus de polonais.
L’expédition débutait, très tôt déjà, au Coron Lagache où tout le monde se réunissait pour partager les rares places des rares voitures qui pouvaient nous emmener jusqu’à la gare la plus proche : Blaton. Je revois encore le quai envahi de tous les « ciocia et Wuja », de tous les enfants, dont certains étaient revêtus d’habits folkloriques, des porteurs de drapeaux – qui maintenaient leurs précieux étendards à l’abri dans des housses en cuir – et des « Babcia et Dziadek », qu’on aidait à gravir les escaliers. Une fois installé dans le wagon, on aurait dit que le train n’était réservé que pour nous. Pourtant, ce n’était que la première gare …
L’omnibus s’arrêtait ensuite à Harchies, où embarquaient les polonais du village, à Ville-Pommeroeul, à Hautrage-Etat, … et à chaque fois, un nombre impressionnant de pèlerins grimpait dans les wagons qui commençaient à se remplir. L’ambiance était festive et la bonne humeur de rigueur. Très vite, on voyait les grands sacs des femmes et les carnassières des hommes s’ouvrir … c’était déjà l’heure d’une première collation. On partageait la saucisse polonaise ( la krakowska ), les œufs cuits durs, les tartines au beurre et … la wódka … évidemment. Comment pouvait-on envisager une « pielgrzymka » sans « wódka » ?
Plus tard, le train a été abandonné au profit d’autocars ; je ne sais pas pourquoi … peut-être parce que c’était plus pratique … mais le folklore y a perdu. Que ce soit en train ou en car, c’est toute la communauté polonaise qui convergeait vers Montaigu. Et quand ils débarquaient, ce n’était qu’embrassades, congratulations et plaisir de se retrouver. Tous se dirigeaient alors vers le lieu où était célébrée la messe.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir assisté à la messe dans la basilique proprement dite, par contre, je me rappelle parfaitement de célébrations à l’extérieur, autour de ce « kiosque » où officiaient toute une série de nos prêtres polonais. Nous, nous étions installés sur ces petits bancs en bois fait d’une planche fixée sur deux rondins. L’endroit était ombragé. Quand il faisait très chaud, c’était agréable … mais parfois … il pleuvait averse ! Les plus à plaindre alors, c’étaient les malheureux porteurs et porteuses de drapeaux. Là où nous pouvions nous serrer pour avoir moins froid et mettre nos vêtements de pluie … eux restaient stoïques et concentrés. Par la suite, la grand-messe s’est faite dans une nouvelle implantation, vaste et spacieuse, qui pouvait accueillir tout le monde.
Après l’homélie, le temps était venu de dîner ; c’est-à-dire de finir ce qu’on avait déjà entamé dans le train. Personne, à ma connaissance, n’allait dans les restaurants … j’ignore même s’il y en avait ? Tous avaient apporté leur repas. C’était très gai. Nous mangions par petits groupes sur les mêmes bancs qui avaient servi pour prier.
Venait ensuite la procession. On pouvait alors voir nos prêtres régionaux à la manœuvre … rassemblant leurs troupes, organisant leurs fidèles, plaçant les enfants habillés en costumes folkloriques à l’avant de la délégation, suivis par les porteurs de drapeaux, les prêtres et les fidèles. C’était presque un concours pour savoir quelle région serait la mieux représentée, la mieux organisée, la plus méritante … On sentait bien que pour nos curés, ce défilé-là … il ne fallait pas le rater !
Dès que le cortège démarrait, les rues de Montaigu se remplissaient de toutes nos couleurs et résonnaient des prières et des « Zdrowaś Maryo » d’une multitude de pèlerins. C’était là le véritable moment de dévotion et de communion … le moment où nous avions l’impression de participer vraiment.
Après la procession, il nous restait encore un peu de temps pour nous balader autour des petits chalets en bois où on pouvait acheter qui des petites saintes Vierges en plastique remplie d’eau bénite, qui des boules à neige représentant la Basilique, qui des chapelets en ambre … C’était surtout le temps de la détente.
Pour les enfants que nous étions, pas de passage à Montaigu sans canne en sucre d’orge ! Très vite, chacun d’entre nous avait la sienne et … chacun suçait son bâton coloré avec application. Dieu que c’était bon ! Mais qu’est-ce que c’était long ! À force de sucer, le bâton se transformait en une longue pointe très aiguisée qui finissait par être dangereuse. Au bout d’un moment, même nous, on en avait marre. Les bonbons finissaient souvent dans le sac de maman ou dans les poubelles.
Mais c’était déjà le temps de retourner, chacun chez soi. On n’oubliait pas de saluer ceux des autres régions en se jurant de se revoir bientôt à Comblain-la-Tour ou à Banneux, et on réembarquait dans les trains, ou les cars.
Et rendez-vous l’année prochaine !
25/03/2019 – JP Dz











