0150 – Gare aux sourires

par Eveline Ogonowski

Je ne suis jamais venue à Comblain-la-Tour en train … et je le regrette. J’ai souvent imaginé comment devait être l’ambiance dans les wagons qui amenaient les jeunes en colonies. Les vacances commençaient déjà à la gare où ils embarquaient. Le voyage devenait l’apéritif d’un festin qui durerait au moins deux semaines. Moi, je venais en auto … avec Kz Okroj ou Kz Kurzawa.

Je ne suis jamais descendue du train en gare de Comblain, pourtant … j’ai bien connu cette gare … j’y ai très souvent fréquenté les quais. Ks Kurzawa nous envoyait régulièrement à la « station » pour accueillir les nouveaux arrivants ou pour raccompagner ceux qui terminaient leur séjour. C’est une mission qui me plaisait beaucoup. J’y allais de bon cœur, malgré ma timidité. J’imaginais les retrouvailles et le plaisir de revoir des vieilles connaissances. De temps en temps, il nous accompagnait et quelquefois, j’y allais seule.

Parfois, je ne connaissais pas ceux que Ks Kurzawa me demandait d’aller accueillir. Ma timidité naturelle faisait de la résistance. Je ne pouvais pas m’empêcher de dire au prêtre : « Mais, Monsieur le curé, je ne connais pas ces gens… Comment puis-je les reconnaître ? Comment dois-je les aborder ? Que vont-ils penser de moi ? ».

Alors, le Directeur se faisait rassurant : « Quand les portes du train s’ouvriront et que des gens descendront avec des bagages, tu n’auras qu’à t’approcher et sourire. Et ensuite, tu n’as qu’à dire « Dzień dobry » toujours en souriant et tu verras … ». Il avait raison.

Pour Ks Kurzawa, le sourire était, en même temps, une vertu et une arme ; il savait l’utiliser dans toutes les circonstances et je ne connais personne qui était capable de lui résister. Il était même passé Maître dans l’art de se servir du sourire des autres. Ainsi, quand il m’envoyait sur les quais de la gare, c’est un peu de son sourire qu’il déléguait ; j’étais son sourire « par procuration ». Évidemment, les voyageurs étaient toujours extrêmement contents de voir qu’on les attendait, qu’on était venu jusque-là pour faire ensemble le petit bout de chemin qui nous séparait encore de la maison polonaise. Et surtout, que cet accueil soit si souriant.

Je ne sais pas pourquoi c’est souvent moi que le prêtre dépêchait pour cette mission. Mais j’avoue qu’il m’a convertie à sa philosophie du sourire qui désarme et aplanit les obstacles. En cherchant un peu, j’ai même trouvé un petit poème de René Remacle qui convenait parfaitement à cette philosophie. Ça commençait comme ça : « Un sourire ne coûte rien. Il enrichit ceux qui le reçoivent sans appauvrir ceux qui le donnent … ». J’avais recopié le texte et je l’avais affiché dans notre chambre. Et chaque fois, qu’il fallait aller accueillir quelqu’un, je relisais ces quelques mots pour m’imprégner.

Quand il fallait accompagner un groupe qui repartait … c’était moins gai. On avait passé ensemble de si bons moments. Mais c’était important d’aller avec eux jusqu’à la gare … de porter un peu de leurs bagages … un peu de leur cafard. Il arrivait toujours un moment où la gorge trop serrée empêchait les mots de passer. Alors, la parole se faisait regard … l’émotion devenait silence. Les mots se transformaient en petites gouttelettes pour venir scintiller aux coins des yeux. Ce n’était pas encore la tristesse, elle viendra juste après, mais ce n’était déjà plus le bonheur. C’était quelques secondes d’éternité … d’immobilité. Et c’était encore des sourires qu’on partageait, mais des sourires noyés qui semblaient dire : « Reviendras-tu le prochain été ? ».

25/12/2017 – Eveline Ogonowski

1024
1.024 : COMBLAIN-LA-TOUR : Gare aux sourires : A l’avant-plan, les 2 petits garçons : Eric Kotarzewski ; ( ? ) ; Au premier rang : Philippe Pietka ; Annick Majchrowski ; Dominique Stefanski ; Dominique Ogonowski ; Patricia Jakobowski ; Liliane Kieltyka ; Isabelle Swiderski ; Christiane Switon ; Au deuxième rang : Georges Bardo ; les sœurs Milik : Charlotte et Karine ; Fabienne Laffut …
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1.025 : COMBLAIN-LA-TOUR : Gare aux sourires : Florian Hapek ; Olga ( ? ), originaire de Flénu et partie après son mariage au Canada ; Mietek Smalcerz ; était aux études petit séminaire de Velaines près de Tournai ; Jeanine Krasowska ; Stanis Adamski, aux études à Velaines et puis prêtre à Douai, décédé à Vaudricourt ; Zdzisław Blaszka. ( collection Zdzisław Blaszka ).
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1.026 : COMBLAIN-LA-TOUR : Gare aux sourires : Zdzisław Blaszka ; et trois petites anglaises : ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ). ( collection Zdzisław Blaszka ).
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1.027 : COMBLAIN-LA-TOUR : Gare aux sourires : A l’arrière plan : Wiesław Król ; ( ? ) ; Yola Lewandowska ; Raymond Mielcarek  ; Mirosława Tchajka, partie en Espagne après son mariage ; Liliane Benkowski. A l’avant plan : ( ? ). ( collection Zdzisław Blaszka ).
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1.028 : COMBLAIN-LA-TOUR : Gare aux sourires : Accroupis : ( ? ) ; ( ? ) ; Jurek Stoj.
Debouts : Wiesza de Liège ; Violette Kiełbowicz ; Christine Mironczyk ; Danièle Mironczyk ; ( ? ).
1029
1.029 : COMBLAIN-LA-TOUR : Gare aux sourires : Leszek Mach ; … ; Freddy Fiutowski ; ( ? ) ; Jean-Pierre Dziewiacien ; Betty Nowicki  ; … ; ( ? ) ; Monica Nauschutz ; … ; ( ? ) ; Zosia Król ; Eddy Nowicki ; … ; Czesiu Kucharzewski ; Pierre Front ; Elisabeth Rozenski ; Daniel Pietka ; … ; ( ? ) ; les sœurs Milik : Charlotte et Karine.
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1.030 : COMBLAIN-LA-TOUR : Gare aux sourires : Accroupis : Lydia Młynarski  ; Jean-Pierre Dziewiacien ; Alexandre Persich  ; Micheline Zwierzyk  ; Czesiu Kucharzewski  ; Franca Fisher.
Debouts : ( ? ) ; Janek Konarski  ; Zosia Król  ; Monica Nauschutz  ; Michel Konarski ; Richard Konarski ; Patrick Madaj  ; Regina Gymza  ; ( ? ) ; Isabella Cosaro  ; ( ? ) ; Alexis Łagocki  ; Hélène Borowski ; Zuhal Gunal ; Igor Gymza  ; Georges Persich ; Danielle Konarski ; ( ? ).

 

0149 – Revisitons Comblain ( 14 ) : Un canal ? À Comblain ?

Comme déjà évoqué dans un article précédent ( n° 144 ), pour construire la ligne de chemin de fer, il fallut d’abord « reboucher le canal » ! Qu’est-ce que c’est que ce canal ? Pourquoi fallait-il construire là, à Comblain-la-Tour, un canal, alors que l’Ourthe n’est distante que d’une centaine de mètres ? Pourquoi ces travaux ont-ils été finalement abandonnés ? Est-ce déjà le début d’une suite sans fin de « travaux inutiles » ? Nous allons essayer de comprendre et de répondre à quelques-unes de ces questions.

Effectivement des bateaux « commerciaux » empruntaient la rivière, mais l’Ourthe est plus romantique que navigable. Parfois elle déborde, parfois elle manque cruellement d’eau. Par endroits, elle n’est pas assez profonde, à d’autres trop rapide. Malgré des travaux réguliers de curage, d’élargissement et des dispositifs spécifiques comme les barrages et les « vènes », avec leurs plans inclinés, il était très compliqué pour les « bètchètes » d’assurer un service régulier pour livrer leurs marchandises, essentiellement le minerai de fer et les pierres. Pourtant la forme et les caractéristiques de cette petite barque étaient adaptées aux caprices de l’Ourthe. La « bètchète » offrait un faible tirant d’eau ( 85 cm ), elle pouvait embarquer entre 10 et 18 tonnes de fret, possédait un mât déplaçable qui se trouvait toujours du côté du chemin de halage ; car évidemment, elle était tractée, depuis le chemin de halage, par un cheval. Et malgré tout ça, entre juillet et août, la navigation était impossible … par manque d’eau. Cette courte période de chômage s’appelle l’étiage.

Donc, pour remédier aux « insuffisances » de la rivière, un gigantesque projet fut imaginé. L’idée, c’était carrément de relier, par voie d’eau, la Meuse à la Moselle … et donc au Rhin. C’est le plus vaste projet de travaux publics qui ait été entrepris en Belgique à cette époque.

Le Canal de l’Ourthe, projet soutenu par Guillaume Ier des Pays-Bas, est mis au point par Remi De Puydt.

Les chiffres sont impressionnants : il prévoit la canalisation de 300 à 400 kilomètres de voies navigables et la construction de 205 écluses ainsi qu’un tunnel de quelque 2,5 kilomètres à Bernistap ; le tout à travers le massif ardennais. À Comblain-la-Tour, le canal coupera le village en deux ! Il passera juste à côté de notre maison polonaise et longera le parc … c’est exactement l’itinéraire qu’emprunte aujourd’hui la ligne de chemin fer.

Les travaux sont commencés en 1827, mais l’entreprise sera affectée par des problèmes de financement. La révolution belge de 1830 et l’invention du chemin de fer mineront le projet. La construction du canal se poursuivit sans interruption jusque 1832, puis sporadiquement en 1836 et 1837 et fut finalement arrêtée, malgré l’avancement déjà important des travaux, notamment les 16 maisons éclusières qui étaient sous toit.

L’indépendance reconnue du Grand-Duché du Luxembourg en 1839 provoquera son arrêt définitif.

Quel dommage ! Imaginez comment auraient été nos vacances entre l’Ourthe et le Canal de l’Ourthe ! Le Centre Millennium et le parc auraient été une île … et nous des Robinsons.

Au lieu d’avoir ce train qui poussait des cris stridents et qui nous faisait sursauter … on aurait eu la douce quiétude des chalands qui remontaient le canal à pas lents. Au lieu de ce mur immense qui nous séparait du reste du village, on aurait eu une vue splendide sur Comblain-l’amour … et qui sait si on n’aurait pas sympathisé davantage avec des autochtones … Je suis sûr que les plus romantiques de nos filles seraient allées chiper des carottes dans le petit potager pour aller les offrir aux chevaux qui tiraient les « bètchètes ». Et je suis sûr qu’elles seraient rentrées, au centre, impressionnées et  affectées par le dur labeur de ces braves montures. Et nous … on aurait pu les réconforter …

De cette immense entreprise, il ne reste plus grand-chose … à Comblain-la-Tour : rien. Tout a été rebouché pour construire le chemin de fer. Ailleurs, d’importantes sections de ce canal sont encore visibles aujourd’hui.

Désaffecté en amont d’Esneux en 1917, le canal fut encore utilisé entre Angleur et Tilff durant la guerre 1940-1945. À Bernistap, le tunnel est encore visible ( classé monument historique en 1988 appartenant à la Région Wallonne ).

Si vous êtes du genre curieux, je vous engage à lire les quelques extraits en annexe des « Échos de Comblain » pour en savoir plus sur la navigation des « bètchètes » à Comblain.

Si vous voulez en savoir plus sur le Canal de l’Ourthe, allez voir le site :

http://meuse-moselle1830.be/cmm.index.html.

Mais si vous êtes, comme moi, plutôt rêveur … laissez-vous entraîner par votre imagination, embarquez avec moi, sur une de ces « bètchètes », laissons-nous « haler » et rêver à ce décor qui aurait été tellement différent …

18/12/2017 – JP Dz

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1.019 : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Plan d’un parcours tout en relief.
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1.020 : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Présentation du chantier le plus grandiose de l’époque.
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1.021 : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Carte ancienne.
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1.022 : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Carte ancienne.
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1.023 a : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Les bètchètes qui naviguaient sur l’Ourthe. Extrait des Echos de Comblain.
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1.023 b : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Les bètchètes qui naviguaient sur l’Ourthe. Extrait des Echos de Comblain.
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1.013 c : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Les bètchètes qui naviguaient sur l’Ourthe. Extrait des Echos de Comblain.
1023d
1.023 d : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Les bètchètes qui naviguaient sur l’Ourthe. Extrait des Echos de Comblain.
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1.023 e : COMBLAIN-LA-TOUR : Le Canal de l’Ourthe : Les bètchètes qui naviguaient sur l’Ourthe. Extrait des Echos de Comblain.

 

0148 – Le monopole des bêtises

Nous n’avions pas, nous les jeunes, le monopole des bêtises à Comblain … loin de là ! Les adultes s’amusaient aussi énormément. Sans doute que le climat s’y prêtait, et tant mieux.

La photo 1.013 illustre une de ces grandes farces qui a fait beaucoup rire. On peut y voir deux cuisinières, Martha Sladecka ( Madame Dziewiacien ) et sa meilleure amie Anne Konska ( Madame Dudziak ) en mode « vamp » au pied de l’arbre aux singes, dans le fond du parc. Cette mise en scène, soigneusement préparée, avait pour but de faire croire aux deux maris – Jean Dziewiacien et Stefan Dudziak – restés chez eux à Bernissart – qu’il se passait des choses louches à Comblain-la-Tour !

J’ignore où elles avaient dégoté de pareilles tenues ? Mais c’est la première fois ( et la seule fois d’ailleurs ) que je voyais ma maman et ma marraine en short ! Rien n’avait été laissé au hasard … chapeau, casquette et postures équivoques. Pas de doute, elles cherchaient à provoquer … ou du moins à séduire.

La photo a été très vite développée au petit magasin de souvenirs de la Place du Wez, et envoyée promptement, chez les maris respectifs.

Vous pouvez aisément imaginer l’émoi que cette photo a suscité dès sa réception !

Stephan et Jean n’en revenaient pas d’une pareille trahison. Ils grognaient et vociféraient, à qui voulait les entendre, que « ça ne se passera pas comme ça ». Ah, non ! L’expédition punitive a été programmée dès le lendemain matin. Ils ramèneraient leurs femmes à la maison sur le champ et sans discussions possible. C’est dit.

Évidemment, à Comblain, tous les adultes étaient au courant de la farce. Tout le monde connaissait les deux malheureux ( mâles heureux ), tous imaginaient la réaction épidermique que cette photo allait engendrer. Tout le monde attendait l’arrivée imminente des maris abusés. On riait déjà à l’avance.

Comme prévu, Jean et Stefan, les mines graves et les visages fermés, ont débarqué sur le gravier de l’entrée du parc dans un crissement de pneus qui en disait long sur leur détermination. Mais dès le premier contact, dès les premiers sourires qu’ils ont croisés, ils ont compris que ce n’était qu’une blague, et qu’elle avait pour but de les faire enrager … et que c’était réussi. Très vite, c’est tout le staff qui était autour d’eux pour les embrasser et les rassurer. Ils n’avaient rien à craindre … tout était normal à Comblain-la-Tour ; aucune dérive, aucun écart à la moralité, rien que des adultes qui trouvent un peu de temps pour s’amuser malgré la masse de travail.

Jean et Stefan sont quand même restés la journée entière à Comblain … pour être sûr ! Et finalement, après quelques verres et beaucoup de rires, ils sont repartis chez eux rassurés … enfin presque. Mais connaissant mon papa et mon parrain, je ne doute pas que le trajet de retour, fut l’occasion de « râler sec » ! L’histoire ne s’est pas terminée avec la fin des colonies. Cette photo a encore été évoquée souvent. Anna et Martha n’hésitaient pas à l’utiliser pour semer régulièrement le doute dans la tête des deux maris.

J’aimerais beaucoup profiter de cette anecdote pour rendre un vibrant hommage à Mr et Mme Dudziak.
Ce couple exemplaire détient un record qui sera difficile de battre. En effet, parents d’une famille nombreuse ( ce qui à l’époque était plus courant qu’aujourd’hui ), ils ont élevé 10 enfants dont 8 ont été membres du KSMP de Mons. Ce qui fait d’eux, les plus grands contributeurs au potentiel humain de cette formation.

La plupart des enfants du couple sont passés par Comblain-la-Tour, soit en colonie, soit lors des Majówki, soit pour venir assister leurs parents qui n’ont jamais pris pour prétexte d’avoir beaucoup d’enfants pour ne pas contribuer à l’effort commun. Au contraire, ils étaient présents, disponibles et efficaces aux cuisines et partout où on avait besoin d’eux. Les photos en annexe en témoignent.

Quant à la « tribu » … tout le monde se souvient de Maria, Eva, Każa, Anna, Janek, Thérèse, Jeanine et Patricia avec qui nous avons passé de si bons moments. Pas mal pour une seule famille …

À titre plus personnel, je leur dois beaucoup. Ils ont été Ma famille.

Quant aux photos 1.017 et 1.018, qui pourrait nous expliquer à quelle farce ou à quelle plaisanterie elles se rattachent ?

11/12/2017 – JP Dz

1013
1.013 : COMBLAIN-LA-TOUR : Dans le fond du parc : Madame Martha Sladecka ( épouse de Jean Dziewiacien ), ma maman ; Madame Anna Konska ( épouse de Stefan Dudziak ), ma marraine.
1014
1.014 : COMBLAIN-LA-TOUR : Devant la cuisine : Monsieur Stefan Dudziak ; Madame Anna Konska, son épouse ; Madame Maryska Młynarski ; Thérèse Dudziak ; Patricia Młynarski.
1015
1.015 : COMBLAIN-LA-TOUR : Sur le quai de la gare : Devant : Jeanine Dudziak ; Patricia Dudziak ; Thérèse Dudziak ; Derrière : Madame Dudziak ; Madame Bardo ; ( ? ) ; Madame Dziewiacien.
1016
1.016 : COMBLAIN-LA-TOUR : Dans la cuisine : Monsieur Stefan Dudziak ; Madame Veronica Załobek ; ( ? ) ; ( ? ) ; Madame Bernadette Rozlack ( épouse d’Adam Ogonowski ) la maman d’Eveline et de Dominique ; Monsieur Léon Czak ; ( ? ) ; ( ? ) ; Madame Bardo.
1017
1.017 : COMBLAIN-LA-TOUR : Dans une chambre : Monsieur Szczepanski.
1018
1.018 : COMBLAIN-LA-TOUR : Devant l’Ourthe : Pan Jan ; ( ? ).

 

0147 – 1959 – Jazz à Comblain-la-Tour

J’imagine aisément ce que l’annonce de l’organisation d’un festival international de Jazz dans le petit village de Comblain-la-Tour a dû produire comme effet sur les comblinois. Je suppose que l’enthousiasme des uns devait le disputer au scepticisme des autres. Que dire quand ils ont appris que « Le bénéfice sera réparti entre l’église et les différentes œuvres et sociétés de Comblain-la-Tour » ?

Qui plus est, les noms des participants commençant à filtrer, il s’est vite avéré que c’était la fine fleur du jazz international qui serait représentée là. J’ignore si cela a vraiment été le cas, mais le journal local « Les Échos de Comblain » affirmait, dès le mois de mai 1959 que : « Tous les artistes se produiront gratuitement » ! ( document « Echos_Comblain_1959_05_mai » ).

Les doutes n’ont pas eu beaucoup de temps pour s’installer. Une organisation à l’américaine, menée rondement par Joe Napoli, a vite fait de définir les détails de l’évènement : ce sera donc le 2 août 1959 de 11 h du matin à 11 h du soir sur le terrain de football !

Pour bien affirmer le caractère international de ce festival, 10 pays y seront représentés : les USA, la Colombie, l’Italie, la France, l’Allemagne, l’Égypte, la Jamaïque, la Grande-Bretagne, la Belgique ( évidemment ) et … la Pologne ( déjà ! ). Les artistes seront très nombreux et parmi les plus connus d’entre eux, on peut citer : Chet Baker ; Romano Mussolini ( fils du Duce ) avec sa fiancée la chanteuse, Anna Maria Scicolone, qui n’est autre que la sœur de Sophia Loren ; Ricardo Castro ; le Hot-club de Varsovie ; un orchestre de soldats américains casernés en Allemagne ; les compagnons du Jourdain ; …

La Belgique sera brillamment représentée par Jacques Pelzer ; Benoit Quersin ; Fats Sali ; Jean Saint-Paul ; etc … Et pour ajouter une touche de folklore local, une élection de « Miss Festival de jazz » sera organisée. La soirée se terminera en apothéose par un grand feu d’artifice et un bal de nuit. Le tout pour 50 francs Belges ! ( Pour les plus jeunes d’entre nous, 50 francs = 1,24 euros ).

Citons également quelques autres artistes qui étaient présents sur scène : Robert Jeanne ; Milou Struvay ; Félix Simtaine ; Sadi ; Christian Kellens ; Philip Catherine ; Janine Michel ; Marcel Van Snik ; Bent Jaedig ; Geo Steen ; Lilian Terry ; Jump College Band ; et Léo Souris et son orchestre qui jouera un concerto écrit pour Comblain.

Malheureusement, une invitée surprise – et qui n’était franchement pas la bienvenue – s’est conviée à la fête … la pluie ! Ce jour-là, il va tomber 12 litres d’eau au m² … mais les festivaliers résisteront. Ils seront 8.000 pour une seule journée. Quant à la pluie, elle deviendra presque une attraction de Comblain ; on dira : « Comblain sans pluie n’est pas Comblain ». Et tant pis si le terrain de football est devenu très vite un véritable bourbier.

 Malgré tout, le coup d’essai s’est transformé en coup de maître. Tous les commentaires qui ont suivi cette journée exceptionnelle vont aller dans le même sens, « Encore » « Bravo » et « Merci » ( voir documents : Echos_Comblain_1959_09a_septembre et Echos_Comblain_1959_09b_septembre ). Joe Napoli, lui, sera triplement remercié et fêté. Le comité du Festival et le Conseil de Fabrique lui offriront chacun un cadeau, quant à l’Administration communale, elle lui conférera, par la bouche de son Bourgmestre, le titre de « Citoyen d’Honneur ».

 C’était le premier festival de jazz de Comblain-la-Tour … c’était 2 ans avant que la communauté polonaise achète l’Hôtel du Parc pour en faire une colonie de vacances pour ses enfants.

 Si vous voulez vous mettre dans l’ambiance, je vous encourage à écouter les 2 extraits ci-dessous :

 https://www.youtube.com/watch?v=z4PKzz81m5c&index=3&list=RD2Ynn3mzC2E4 = Chet Baker

https://www.youtube.com/watch?v=xTL0I-X8j6w = Lilian Terry

 04/12/2017 – JP Dz

1005_jazz_1959
1005 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Le terrain de football envahi par les festivaliers.
1006_jazz_1959
1006 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Joe Napoli en route vers Comblain.
1007_jazz_1959
1007 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Quelques-uns des artistes présents au festival – recto.
1008_jazz_1959
1008 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Quelques-uns des artistes présents au festival – verso.
1009_jazz_1959_Chet_Baker
1009 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Chet Baker.
1010_jazz_1959_Lilian_Terry _Jacques_Pelzer
1010 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Lilian Terry.
1011_jazz_1959_Léo_Souris
1011 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Léo Souris.
1012_jazz_1959_Léo_Souris_2
1012 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1959 : Jazz à Comblain-la-Tour : Pochette de disque.
Echos_Comblain_1959_05_mai
Extrait des Echos de Comblain : Mai 1959.
Echos_Comblain_1959_07_juillet
Extrait des Echos de Comblain : Juillet 1959.
Echos_Comblain_1959_09a_septembre
Extrait des Echos de Comblain : Septembre 1959.
Echos_Comblain_1959_09b_septembre
Extrait des Echos de Comblain : Septembre 1959.

 

0146 – 1.000

Aujourd’hui, nous allons franchir un cap significatif… celui de la millième photo.

Depuis juin 2015, notre album de souvenirs commun s’est épaissi. Dans cet album, il y a déjà énormément de photos de nous, enfants et adolescents, gambadant dans le parc à Comblain, ou nous livrant aux milles et unes activités qui nous occupaient alors. Il y a aussi des photos plus anciennes de Comblain-la-Tour, histoire de redécouvrir les lieux, et enfin des photos plus récentes qui prouvent que nous avons retrouvé le chemin du Centre Millennium.

Mais j’avais envie que la millième photo soit « spéciale » … que ce soit le genre de document qui marque les esprits … qu’on n’oublie pas facilement. J’ai beaucoup hésité. J’ai souvent changé d’avis. Le choix est difficile.

Il faut dire que toutes les photos qui sont déjà parues sont chargées d’émotions. Elles sont toutes « spéciales » et témoignent toutes du formidable enthousiasme qui a prévalu durant tant d’années pour faire naître et vivre ce projet. Finalement, j’ai choisi celle-ci : photo 1.000.

On peut y voir un groupe de bénévoles occupé à construire « le bâtiment rouge ». Vous ne direz : « Pourquoi cette photo-là et pas une autre ? ».

À la fin du mois de septembre 2017, une grande cérémonie protocolaire s’est déroulée à Comblain-la-Tour. Le comité qui gère la maison – la Macierz Szkolna – fêtait ses 65 ans. C’est en effet en 1952 que quelques passionnés ont entrepris de mettre sur pied un organisme pour chapeauter toutes les initiatives qui s’étaient données pour but de valoriser la langue et la culture polonaise en Belgique. La plus grande réussite de ce comité a été de rassembler toutes les forces possibles, à travers le pays, et canaliser toute cette énergie positive pour en faire quelque chose de pérenne et d’unique en Europe … un centre de vacances pour les petits polonais vivant hors de Pologne. Les premières colonies à Comblain verront le jour 9 ans plus tard.

Pour célébrer cet anniversaire, de très nombreux invités sont venus écouter les discours des autorités polonaises qui avaient fait le déplacement. Il y avait du beau monde, des petits plats et des bulles. Le réfectoire a rarement été aussi rempli. Tous se sont réjoui que l’initiative, qui paraissait folle au début des années soixante, ait pu perdurer et tous se sont félicité que dorénavant, grâce à l’aide de l’Ambassade, plus rien ne risquait de freiner l’essor du Centre Millennium. Bravo. Nous aussi, nous sommes très heureux. Nous nous associons au concert de félicitations et de congratulations. Madame Wojda, et toutes celles et ceux qui l’entourent méritent vraiment que nous leur chantions un « Sto lat » sincère et tonitruant. Grâce à cette petite équipe de bénévoles, le Centre Millennium est assuré d’avoir un avenir.

La fête a été une grande réussite, mais je n’ai pu m’empêcher d’éprouver comme un sentiment de nostalgie teintée de tristesse en pensant à tous ceux qui n’étaient plus là pour faire la fête, mais surtout pour voir à quel point leur contribution a été essentielle dans l’existence et la survie du centre Millennium jusqu’à nos jours.

La photo 1.000, et celles qui suivent, sont là pour rappeler que tout ça ne s’est pas fait tout seul.

Il a fallu que des dizaines de bénévoles, venus de Liège, du Limbourg, de Charleroi, du Centre, du Borinage et d’ailleurs, viennent se fatiguer pour construire, jour après jour, brique après brique, cet ensemble unique.

Pour tous ceux qui se sont investis sans compter, qui n’ont pas ménagé leur peine, qui ont donné de leur temps et de leur énergie pour Comblain, hier, avant-hier et aujourd’hui, nous avons la plus grande admiration.

J’ai une pensée émue pour Monsieur Franek Bujanowski, Monsieur Casimir Swiderski, Monsieur Léon Czak, Pan Jan, Monsieur Léon Warchulski, Monsieur Kazik Michalski, Monsieur Zbigniew Matusiewicz, Monsieur Walek Chmielecki, Monsieur Jean Dziewiacien, Madame Zalobek, Madame Kołodziejka et tous ceux qui sont sur ces quelques photos. Eux … ils se sont fatigués pour Comblain … c’est sûr ! À travers eux, je veux rendre hommage à toute cette génération de bénévoles venus des quatre coins de la Belgique ; ils ont apporté, en toute modestie, leurs contributions à l’œuvre commune, sans compter, et sans rien attendre en retour.

C’était facile de les reconnaître, on les voyait le plus souvent en salopette, en bottes ou en tablier. C’est bien dommage qu’ils ne soient pas plus souvent sur les photos … ils étaient sans doute plus préoccupés par leurs tâches que par le souci d’immortaliser ces moments, au service de la communauté. Je sais qu’ils préféraient rester dans l’ombre, mais je suis heureux de les avoir mis … un peu … dans la lumière. Puissions-nous ne jamais les oublier.

Quant à nous, les Anciens de Comblain, c’est MISSION ACCOMPLIE.

Nous n’avions que deux objectifs : prendre du plaisir à nous revoir sur les lieux de notre enfance et rendre au Centre Millennium un peu de sa mémoire. Les 1.000 photos qui sont à présent déposées en « Notre maison polonaise » prouvent que les deux objectifs sont atteints. Et c’était bien là notre seul souhait, notre seule ambition …

27/11/2017 – JP Dz

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1.000 : COMBLAIN-LA-TOUR : Construction du bâtiment rouge : Mr Zbigniew Matusiewicz ; Pan Jan ; Mr Léon Warchulski ; Mr Walek Chmielecki ; Mr Baron d’Hensies ; ( ? ) ; Mme Veronika Załobek ; ( ? ) ; Mr Franek Bujanowski ; Mr Kazik Michalski ; Mr Léon Czak. ( collection Zdzisław Blaszka ).
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1.001 : COMBLAIN-LA-TOUR : Construction du bâtiment rouge : ( ? ) ; Mr Jean Dziewiacien ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; Mr Léon Czak ; ( ? ) ; ( ? ) ; Mme Veronika Załobek. ( collection Zdzisław Blaszka ).
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1.002 : COMBLAIN-LA-TOUR : Construction du bâtiment rouge : ( ? ) ; Jurek Stoj ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; Janek Perzyna ; ( ? ). ( collection Zdzisław Blaszka ).
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1.003 : COMBLAIN-LA-TOUR : Devant la grille : ( ? ) ; Mr Franek Bujanowski ; Mr Kazik Michalski ; … ; Janek Perzyna ; Mr Casimir Swiderski ; Ks Kurzawa ; … ; Mr Léon Czak ; … ; Jurek Stoj ; … ; Mme Veronika Załobek ; … ; Ks Kiek.
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1.004 : COMBLAIN-LA-TOUR : Devant la grille : ( ? ) ; Mr Franek Bujanowski ; Mr Kazik Michalski ; … ; Janek Perzyna ; Mr Casimir Swiderski ; Ks Kurzawa ; … ; Mr Léon Czak ; … ; Jurek Stoj ; … ; Mme Veronika Załobek ; … ; Ks Kiek.

 

0145 – « Driiiiiiiiing ! »

Vous souvenez-vous de ce son strident qui nous faisait sursauter quand nous étions à table dans le réfectoire ?

C’était le gros téléphone noir à cadran qui était installé dans le bureau de Ks Kurzawa. Sa tonalité était tellement intense que même dans nos chambres, même dans l’autre bâtiment, pendant la sieste on l’entendait. Et à chaque fois, Ks Kurzawa se précipitait pour décrocher. C’était une époque où un coup de téléphone était encore un évènement !

Nous, quelque part, on rêvait que c’était nous qui serions appelés pour répondre. Ça arrivait parfois que le prêtre ressortait du bureau pour venir chercher un tel ou une telle … mais c’était rare. Personnellement, je n’ai jamais été appelé… Qui voulez-vous qui m’appelle ? Ma mère était systématiquement cuisinière à Comblain, je n’avais ni frère ni sœur, et tous mes amis étaient déjà autour de moi. C’est comme pour le courrier.

Car, rappelez-vous, nous avions notre propre système de distribution du courrier à la colonie. Bien sûr, le facteur « officiel » apportait les lettres jusqu’au Centre, mais ensuite, c’est Betty qui prenait la relève. Betty Nowicki faisait ça très bien. Elle s’appliquait avec beaucoup de sérieux. Profitant que nous étions attablés pour le repas du midi, elle se harnachait du gros sac des correspondances ( presque trop gros pour elle ) pour lire tout haut et citer, un à un, les noms des heureux bénéficiaires d’une lettre ou d’une carte postale. Chaque bénéficiaire devenait une sorte de héros … il avait reçu des nouvelles du reste du monde.

On a du mal à s’imaginer aujourd’hui, dans notre monde ultra-connecté, ce que pouvait représenter, pour nous, un courrier reçu alors que nous étions en « vacances ». Betty c’était le lien entre l’univers de Comblain et tout le reste. C’est à ce point vrai que, il y a quelques années, quand le nouveau logo B-Post est apparu en Belgique, j’ai cru tout un temps que ça voulait dire « Betty-Post » … je me suis dit : « Tiens, Betty a repris du service ».

Perso, et pour les mêmes raisons que pour le téléphone, je n’ai jamais rien reçu. Pourtant, je me souviens d’avoir écrit beaucoup … mais à qui ? D’ailleurs, je pense qu’il y a plus de lettres qui sont parties de Comblain que l’inverse. Ce serait intéressant d’en trouver traces.

Voici quelques années, alors que je commençais à m’intéresser aux cartes postales anciennes de Comblain, je suis tombé par hasard, au marché aux puces de Temploux, sur une carte postale écrite par Francine Zalobek ! J’ai été très surpris de la voir en vente sur ce marché de l’occasion ( je parle de la carte, pas de Francine ) et je l’ai achetée. C’est amusant de voir comment notre histoire a pu voyager dans le temps et dans l’espace. Je vous engage à l’avenir à être vigilant … si ça tombe, les marchés aux puces sont inondés des témoignages de notre passé … il suffirait peut-être de prendre le temps de fouiller dans tout ce fourbi … ce serait bête de rater une « occasion ».

20/11/2017 – JP Dz ( merci à Jef Rozenski pour m’avoir soufflé l’idée du thème ).

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0995 : Betty Nowicki.
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0996 : COMBLAIN-LA-TOUR : Dans le parc : Richard Konarski ; Betty Nowicki.
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0997 : COMBLAIN-LA-TOUR : Dans le parc : Monsieur Nowicki ; Annie Nowicki ; Daniel Pietka ; Erik Nowicki ; Jean-Pierre Dziewiacien ; Betty Nowicki ; Eddy Nowicki.
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0998 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1972 : Carte postale : Envoyée par Francine et Georges Załobek.
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0999 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1978 : Carte postale : Envoyée par Olivier ( ? ).

 

Kubiak 2017

Quelle belle photo de famille !

Merci à tous ceux qui sont venus … parfois de très loin.
Merci aux organisateurs et spécialement à Raymond Mielcarek.
Merci à Henryk Tomczak pour la splendide photo.

J’espère qu’on donnera envie à tous les autres Anciens de Comblain de nous rejoindre l’année prochaine.

JP Dz

Kubiak_2017_Anciens_de_Comblain
Les Anciens de Comblain au bal Kubiak 2017.

0144 – Revisitons Comblain ( 13 ) : La gare et le chemin de fer

Il n’avait pas tort, notre brave Joseph ( Joseph Huberty, le conteur wallon de Comblain-la-Tour ) quand il disait : « Le chemin de fer balafre « noss vièdge ». C’est vrai, cette ligne de chemin de fer … en plein milieu du village … c’est comme une cicatrice, comme une blessure qui sépare le village en deux. D’un côté, la Rue du Parc, la Place du Wez et notre Centre polonais, coincés entre le rail et l’Ourthe, de l’autre côté, la Rue du Vicinal et le reste de la bourgade.

Cette impression est d’autant plus forte que la ligne ferroviaire a été construite largement en remblai. Le mur de soutènement est massif, imposant et monumental. Saviez-vous qu’à l’origine, il n’existait que deux moyens de passer d’un côté à l’autre du remblai : le petit pont au niveau de la Place du Wez et le « viaduc » construit juste en face de l’entrée du Centre Millennium. La Place du Wez était d’ailleurs beaucoup plus grande avant tous ces travaux ; elle partait de la rivière jusqu’aux pieds des maisons de l’actuelle Rue du Vicinal. La construction du chemin de fer a réduit cette jolie place aux proportions que nous connaissons aujourd’hui.

Autre constat, la Rue du Parc est légèrement en pente ; le point bas est justement la maison polonaise. Du coup, le passage sous le chemin de fer au « viaduc » était fréquemment noyé lors des crues de l’Ourthe. Des travaux furent entrepris pour rehausser le sol de l’ouvrage d’art … pas le plafond. Ce qui explique pourquoi ce pont nous a toujours semblé si bas. Souvenez-vous, nous nous amusions, à l’époque, à toucher la voûte en montant sur l’accotement en pierre. Mais après ces aménagements, l’ouvrage ne permettait plus le passage des camions ou des charrettes chargées. Ce qui imposa la construction d’un passage à niveau dans le prolongement du pont ( érigé en 1873 ). C’était au départ, un passage à niveau occasionnel muni d’une simple barrière pivotante, ouverte à la demande par le personnel de la gare. En 1930, on la remplaça par une barrière roulante actionnée par une manivelle, puis en 1970 par des bras articulés qui furent automatisés en 1977.

Mais revenons au chemin de fer, c’est en 1866 que fut inaugurée la ligne de chemin de fer Liège / Jemelle.

C’était le point final d’un travail colossal. En effet, il fallut tout d’abord combler en 1864 le canal (1) dont la construction avait été stoppée en 1830 et percer le tunnel Keppenne (2) de 393 m. Ce qui exigea la force de travail de 200 ouvriers dont de nombreux étrangers … déjà ! Comme les comblinoises étaient particulièrement charmantes, certains d’entre eux n’hésitèrent pas à convoler avec les belles villageoises. Certains ouvriers étaient venus avec leur famille, la population scolaire s’en trouva ainsi quasi doublée.

La construction du chemin de fer causa la fin des si pittoresques « bètchètes » qui naviguaient sur l’Ourthe : le minerai de fer venu de Lorraine, par chemin de fer, revenait désormais moins cher que celui des filons de la vallée. La 2ème voie du chemin de fer fut construite en 1907. Elle aida puissamment à l’exploitation des carrières (3). Les digues hollandaises rompues par les violentes marées de l’hiver 1953, furent comblées grâce aux pierres des Hayires ( c’est cette carrière à côté de laquelle nous passions pour aller au camp des Gitans ).

Derrière la gare, on peut voir le monticule « Tiér des Pourcês » (4), appelé aussi la « Roche conique » au pied duquel passait un vicinal à vapeur (5) qui amenait les troncs d’arbres que l’on transbordait, à la force des bras, sur les wagons du train. Une vaste aire de manœuvre servait au transbordement des marchandises, du bois et des pierres d’un wagon à l’autre, car aucun de ces wagons que ce soit ceux de la carrière, ceux du vicinal ou du chemin de fer n’avaient le même écartement !

Quant à la gare, elle connut plusieurs « looks » différents. Celle d’origine, fut remise en état en 1949, puis démolie en septembre 1976 et remplacée par un simple abri.

Le personnel de la gare vers 1910, comprenait : le chef et le sous-chef de gare, l’employé délivrant les coupons et bordereaux d’expédition, le chargeur, les manutentionnaires dont le desservant du château d’eau, ainsi que le machiniste qui répartissait les wagons sur les différentes voies. Tous ces emplois ont progressivement disparu. Les temps ont bien changé …

Une dernière chose encore … la Vierge du Rocher, qui protégeait les marins des « bètchètes » contre les remous dangereux au pied des Tartines, disparut en 1866 lors de la construction du chemin de fer. En effet, le passage de la voie ferrée obligea les ouvriers à tailler dans la roche. Ce n’est qu’en 1949 que l’abbé Gielen la fit remplacer par la Vierge que nous avons connue et … tant fréquenté.

13/11/2017 – JP Dz

NB : Le canal (1) ; le tunnel Keppenne (2) ; les carrières (3) ; le « Tiér des Pourcês » (4) et le vicinal à vapeur (5), feront l’objet d’un prochain article. Nous n’avons pas fini de revisiter Comblain …

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0984 : COMBLAIN-LA-TOUR : Le quartier de la gare : Aujourd’hui.
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0985 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0986 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0986 b : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0987 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0988 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Mme Rosine Dujardin, la garde barrière.
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0989 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0990 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0991 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0991 b : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0992 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
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0993 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Le personnel de la gare.
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0994 : COMBLAIN-LA-TOUR : Sous le « viaduc » : JP Dz.