0144 – Revisitons Comblain ( 13 ) : La gare et le chemin de fer

Il n’avait pas tort, notre brave Joseph ( Joseph Huberty, le conteur wallon de Comblain-la-Tour ) quand il disait : « Le chemin de fer balafre « noss vièdge ». C’est vrai, cette ligne de chemin de fer … en plein milieu du village … c’est comme une cicatrice, comme une blessure qui sépare le village en deux. D’un côté, la Rue du Parc, la Place du Wez et notre Centre polonais, coincés entre le rail et l’Ourthe, de l’autre côté, la Rue du Vicinal et le reste de la bourgade.

Cette impression est d’autant plus forte que la ligne ferroviaire a été construite largement en remblai. Le mur de soutènement est massif, imposant et monumental. Saviez-vous qu’à l’origine, il n’existait que deux moyens de passer d’un côté à l’autre du remblai : le petit pont au niveau de la Place du Wez et le « viaduc » construit juste en face de l’entrée du Centre Millennium. La Place du Wez était d’ailleurs beaucoup plus grande avant tous ces travaux ; elle partait de la rivière jusqu’aux pieds des maisons de l’actuelle Rue du Vicinal. La construction du chemin de fer a réduit cette jolie place aux proportions que nous connaissons aujourd’hui.

Autre constat, la Rue du Parc est légèrement en pente ; le point bas est justement la maison polonaise. Du coup, le passage sous le chemin de fer au « viaduc » était fréquemment noyé lors des crues de l’Ourthe. Des travaux furent entrepris pour rehausser le sol de l’ouvrage d’art … pas le plafond. Ce qui explique pourquoi ce pont nous a toujours semblé si bas. Souvenez-vous, nous nous amusions, à l’époque, à toucher la voûte en montant sur l’accotement en pierre. Mais après ces aménagements, l’ouvrage ne permettait plus le passage des camions ou des charrettes chargées. Ce qui imposa la construction d’un passage à niveau dans le prolongement du pont ( érigé en 1873 ). C’était au départ, un passage à niveau occasionnel muni d’une simple barrière pivotante, ouverte à la demande par le personnel de la gare. En 1930, on la remplaça par une barrière roulante actionnée par une manivelle, puis en 1970 par des bras articulés qui furent automatisés en 1977.

Mais revenons au chemin de fer, c’est en 1866 que fut inaugurée la ligne de chemin de fer Liège / Jemelle.

C’était le point final d’un travail colossal. En effet, il fallut tout d’abord combler en 1864 le canal (1) dont la construction avait été stoppée en 1830 et percer le tunnel Keppenne (2) de 393 m. Ce qui exigea la force de travail de 200 ouvriers dont de nombreux étrangers … déjà ! Comme les comblinoises étaient particulièrement charmantes, certains d’entre eux n’hésitèrent pas à convoler avec les belles villageoises. Certains ouvriers étaient venus avec leur famille, la population scolaire s’en trouva ainsi quasi doublée.

La construction du chemin de fer causa la fin des si pittoresques « bètchètes » qui naviguaient sur l’Ourthe : le minerai de fer venu de Lorraine, par chemin de fer, revenait désormais moins cher que celui des filons de la vallée. La 2ème voie du chemin de fer fut construite en 1907. Elle aida puissamment à l’exploitation des carrières (3). Les digues hollandaises rompues par les violentes marées de l’hiver 1953, furent comblées grâce aux pierres des Hayires ( c’est cette carrière à côté de laquelle nous passions pour aller au camp des Gitans ).

Derrière la gare, on peut voir le monticule « Tiér des Pourcês » (4), appelé aussi la « Roche conique » au pied duquel passait un vicinal à vapeur (5) qui amenait les troncs d’arbres que l’on transbordait, à la force des bras, sur les wagons du train. Une vaste aire de manœuvre servait au transbordement des marchandises, du bois et des pierres d’un wagon à l’autre, car aucun de ces wagons que ce soit ceux de la carrière, ceux du vicinal ou du chemin de fer n’avaient le même écartement !

Quant à la gare, elle connut plusieurs « looks » différents. Celle d’origine, fut remise en état en 1949, puis démolie en septembre 1976 et remplacée par un simple abri.

Le personnel de la gare vers 1910, comprenait : le chef et le sous-chef de gare, l’employé délivrant les coupons et bordereaux d’expédition, le chargeur, les manutentionnaires dont le desservant du château d’eau, ainsi que le machiniste qui répartissait les wagons sur les différentes voies. Tous ces emplois ont progressivement disparu. Les temps ont bien changé …

Une dernière chose encore … la Vierge du Rocher, qui protégeait les marins des « bètchètes » contre les remous dangereux au pied des Tartines, disparut en 1866 lors de la construction du chemin de fer. En effet, le passage de la voie ferrée obligea les ouvriers à tailler dans la roche. Ce n’est qu’en 1949 que l’abbé Gielen la fit remplacer par la Vierge que nous avons connue et … tant fréquenté.

13/11/2017 – JP Dz

NB : Le canal (1) ; le tunnel Keppenne (2) ; les carrières (3) ; le « Tiér des Pourcês » (4) et le vicinal à vapeur (5), feront l’objet d’un prochain article. Nous n’avons pas fini de revisiter Comblain …

0984
0984 : COMBLAIN-LA-TOUR : Le quartier de la gare : Aujourd’hui.
0985
0985 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0986
0986 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0986_b
0986 b : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0987
0987 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0988_Rosine_Dujardin_garde_barrière
0988 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Mme Rosine Dujardin, la garde barrière.
0989
0989 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0990
0990 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0991
0991 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0991_b
0991 b : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0992
0992 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Jadis.
0993
0993 : COMBLAIN-LA-TOUR : La gare : Le personnel de la gare.
0994
0994 : COMBLAIN-LA-TOUR : Sous le « viaduc » : JP Dz.

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s