« Allez, en route … mauvaise troupe ! », c’est par ces mots que les moniteurs et les monitrices donnaient souvent le coup d’envoi de nos périples à travers les campagnes tout autour de Comblain-la-Tour. Ça n’avait rien de péjoratif … évidemment. C’était juste une façon de démarrer la randonnée, une manière d’encourager les marcheurs et d’inscrire ces premiers pas dans un itinéraire qu’on savait déjà long et fatiguant. Et les troupes étaient même excellentes … parce que des kilomètres … on en a fait !
Les occasions de quitter, en rang d’oignons, notre camp de base – la maison polonaise – ne manquaient pas. Il y avait évidemment nos trois sorties quotidiennes, le matin, l’après-midi après la sieste et entre le goûter et le souper, mais pas seulement. Le trajet du jeudi matin, vers le marché de Comblain-au-Pont, était justifié par la nécessité de faire quelques emplettes. Le dimanche matin, c’est toute la colonie qui se transportait, en procession, pour assister à la messe dans la petite église … comme sur les deux premières photos d’aujourd’hui. Parfois, le même déplacement était organisé le samedi pour répéter les chants qu’on allait entonner le lendemain. Ça c’était la routine …
À d’autres moments, des marches de nuit ont été organisées. Je n’ai aucun souvenir de ce genre d’aventures pendant les colonies proprement dites. Je pense que Ks Kurzawa avait trop peur de « perdre » quelques participants dans l’obscurité. Pour lui, la nuit, c’était fait pour dormir. Mais en dehors des colonies, les scouts, particulièrement friands de ce genre d’exercices nocturnes, orchestraient parfois des balades inoubliables. Elles étaient ouvertes à tous les volontaires présents, scouts ou pas, et ont laissé des souvenirs teintés de bonne humeur et de franche rigolade. Parce que – faut-il le préciser ? – l’alcool accompagnait les randonneurs … et plus si affinité … Je ne trahirai pas ceux qui m’ont raconté leur retour mouvementé … et leur gueule de bois sur fond de marche de nuit. Dommage qu’il n’y a pas de photos …
C’est dans cette même catégorie, qu’on pourrait classer les « escapades non-autorisées » … virées nocturnes pour aller boire au café des sports … évasions groupées pour assister aux concerts du festival de jazz, ou pour faire la fiesta à la ducasse de la Place du Wez … pour ne citer que les disparitions les plus convenables.
Par contre, il y a eu aussi des odyssées beaucoup plus sages, voire même des moments quasi-mystiques … comme ceux que raconte Mr Rzemieniewski dans son article intitulé : « Wiadomości z Belgii – Z pobytu grupy ministrantów i KSMP z Eisden w Comblain-la-Tour » ( document n° 2.859 ). On peut y lire qu’en cette dernière semaine du mois d’août, l’« Ośrodek Macierz » de Comblain-la-Tour accueillait un groupe des jeunes du KSMP d’Eisden. Voici la traduction d’un extrait de cet article :
« Il y avait donc de nombreuses possibilités de jeux en plein air et de sorties nocturnes sous la direction du père Adamski. Ces balades nocturnes, entre forêts et collines, resteront probablement plus longtemps dans la mémoire des jeunes. Pendant ces promenades, ils ont chanté et écouté des histoires passionnantes du Père Adamski, dont les paroles, dans l’atmosphère de la nuit, avaient un son spécial, plus attrayant pour l’imagination des jeunes.
Mais qu’est-ce qui se disait au cours de ces promenades ? Quelle atmosphère régnait-il là ? Le mieux, c’est de l’expliquer par l’exemple suivant : Les jeunes marchent sur un chemin de terre. Il fait sombre. Quelqu’un a une lampe de poche et éclaire de temps en temps la route. À un moment donné, en bordure de la route, apparaît, à la lumière de la torche, une petite chapelle avec la Vierge.
Une des filles se tourne vers le père Adamski : « Mon père, ne serait-il pas juste de prier ensemble devant cette chapelle ? ». Et au milieu du silence de la nuit, quelque part au milieu des buissons ardennais, sur un chemin de montagne perdu, résonnent des paroles de prière polonaises et de chant à Marie qu’entonnent des jeunes … De temps en temps, la lumière de la petite lampe illumine le visage de Marie, la reine de Pologne.
Des tableaux comme celui-là ont été nombreux et il n’est pas nécessaire d’ajouter que les jeunes qui en ont été témoins, et acteurs principaux, ressentaient bien que ces émotions-là auront un impact sur leur vie quotidienne.
Si cela est mentionné ici, c’est peut-être parce que, ces jeunes ont été confiés entre de bonnes mains.
Et en conclusion, il faut ajouter que dans ce cas, ks. Adamski n’a pas joué un rôle moyen ».
Mais la palme du courage et de la dévotion revient certainement à une autre épopée : les marches nocturnes de Comblain-la-Tour à Banneux ! À l’initiative des deux frères Perzyna – Janek et Gieniu – une petite troupe de courageux marcheurs s’est donnée comme objectif de parcourir les 25 km qui séparent la maison polonaise de Comblain au sanctuaire de Banneux … de nuit … et ce pour être présents là, le lendemain matin, au traditionnel pèlerinage du 1er dimanche d’octobre ! Il faut savoir que cette performance s’est répétée, tous les ans, pendant plus de 20 ans … et par tous les temps …
Si la première année ils n’étaient que 4 personnes à tenter l’aventure, très vite la troupe s’est agrandie. Les épouses de Janek et Gieniu, la sœur, les beaux-frères, et finalement tout un groupe du KSMP de Ressaix s’est structuré pour faire de cette balade nocturne une tradition qui va perdurer durant les années 70 et 80.
L’organisation était relativement simple. Ils arrivaient, dès le samedi soir, en plusieurs voitures à Comblain, attendaient l’heure du départ dans le réfectoire, en compagnie de Mr Bardo, et allaient conduire 2 ou 3 autos à Banneux pour le retour du lendemain. Car évidemment, il fallait bien rentrer … le retour se faisant en voiture après la messe de Banneux. Inutile de vous dire combien cette « promenade » était épuisante. « Mais l’avantage » explique Gieniu « c’est que nous étions les premiers à revenir vers la maison polonaise – avant tous les autocars – et donc les premiers à être servi de cette délicieuse choucroute que Madame Kołodziej et ses coéquipières avaient préparée pour tous les pèlerins ». Et ils l’avaient bien mérité.
01/03/2021 – JP Dz








Commentaires :
Zdzisław Blaszka : Je me souviens de 2 sorties de nuit pendant les colonies avec les frères Adamski et Mietek, mais je ne me souviens plus en quelle année … plus ou moins 1965.