J’aimerais revenir aujourd’hui sur la légende des Rochers de la Vierge. J’avais déjà évoqué cette légende en 2015 ( le 31/08/2015 plus exactement, dans l’article n° 21 ). Je vous disais alors que cette histoire avait eu pour cadre le « Tourniquet » ( aussi appelé « Trou Lucas » ), c’est-à-dire ce tronçon où l’Ourthe est la plus étroite, mais aussi la plus tumultueuse … derrière les chalets en bois, en face de ce que nous appelions « la source » !
Pour les bateliers de jadis ( les oût’lîs ), la circulation aux abords des rochers de la Vierge s’avérait périlleuse, surtout en période de crue : turbulences, gouffres, remous. Pour conjurer leurs peurs, ils y invoquaient la Vierge afin d’être protégés du danger.
Voici donc la légende telle que les « Échos de Comblain » la publiaient, en août 1947 ( et encore un énorme merci aux Échos de Comblain, et à tous leurs auteurs, pour être une « source » intarissable sur l’histoire de Comblain-la-Tour ) : Légende des Rochers de la Vierge – les cloches de Saint-Laurent :
« C’était en l’année 1.429.
Enguerrand de la Tourelle, seigneur de Comblain à la Tour, cherchait souvent querelle aux seigneurs des environs ; mais un jour, il fut fait prisonnier par le seigneur de Harzé. Sa dame, Lydwine de la Tourelle, montée au-dessus de la tour, attendait en vain le retour de son mari. Après des jours et des nuits passés dans les pleurs et les prières, elle se décide à aller, avec sa servante Herlinde, implorer le seigneur de Harzé. Près d’Awan, elle rencontre celui-ci qui s’en revenait de la chasse ; de bonne humeur, il accorde la grâce demandée.
Pour le remercier, dame lydwine lui promet de lui faire envoyer les cloches de Saint-Laurent qui se trouvaient à l’abbaye d’Anthisnes ; ces cloches avaient le pouvoir miraculeux de préserver de la foudre toute la région où on pouvait les entendre.
Le transport devait se faire le jour avant Noël. Comme il n’y avait pas de pont pour la traversée de l’Ourthe, on avait décidé de faire un radeau entre Chirmont et le Rocher de la Vierge, parce qu’en cet endroit les deux rives de l’Ourthe étaient fort rapprochées : seulement, c’était un gouffre dont on ne voyait pas le fond et le passage était si dangereux que les oût’lîs n’avaient garde de le franchir sans implorer la Vierge qu’ils avaient placée dans le rocher.
Les seigneurs, les prêtres et les manants attendaient avec impatience l’arrivée du chariot. Celui-ci aurait dû arriver vers 6 heures mais, à cause de la neige qui avait rendu les chemins impraticables, l’arrivée se fit seulement vers 11 heures du soir.
Materne Ninane, qui avait été chargé de construire le radeau, était connu comme mécréant. On disait qu’un jour, il avait été danser avec sa fiancée Herlinde, la servante du château, dans le cimetière de Xhignesse, avec les sorciers et les sorcières. Il était furieux du retard, car il devait se trouver à minuit près de sa fiancée.
Enfin, vers 11 h 30, tout était prêt pour le passage des cloches ; tous les assistants se mirent à genoux et le prieur de Bernardfagne donna la bénédiction. Quand Materne donna le premier coup de perche pour faire démarrer le radeau, il s’écria dans un juron qu’il voudrait que les cloches s’en aillent au fond du gouffre ; à ce moment précis, éclata un orage comme on n’en voit jamais à cette saison ; les éclairs sillonnèrent le ciel, les corbeaux, par centaines, sortirent du rocher en croassant, les loups hurlèrent dans la « Heid de Stritchou » et un violent coup de tonnerre fit trembler le rocher sur ses bases. Dans un éclair, on put voir le radeau s’engloutir au milieu de l’Ourthe avec les cloches et Materne Ninane.
À la même heure, Herlinde était tuée par la foudre dans la chapelle du Château. Ainsi, ceux qui avaient profané le cimetière de Xhignesse, avaient été punis comme ils l’avaient mérité.
Depuis ce jour, les bons chrétiens qui ont vraiment la foi, peuvent entendre, chaque année au milieu de la nuit de Noël, les cloches de Saint-Laurent résonner tristement au fond de l’Ourthe, au pied du Rocher de la Vierge ».
( Tiré d’un « Patriote Illustré » de la fin du XIXe siècle ) et publié par – Les Échos de Comblain – Août 1947 – 2è année – n° 8)
Comme vous pouvez le voir sur la photo 1.957 … Eveline continue à chercher les cloches de Saint-Laurent … mon épouse ne renonce jamais !!!
28/10/2019 – JP Dz












