Sous les ponts de Comblain-la-Tour
Coulent l’Ourthe et nos amours …
Je suis sûr qu’Apollinaire ne m’en voudra pas de paraphraser son célèbre poème pour commencer cette petite évocation. Saviez-vous qu’Apollinaire – qui est largement considéré comme l’un des poètes français les plus importants du début du xxe siècle – était polonais ? Moi, je l’ignorais. Je l’ai appris récemment en lisant un texte très intéressant écrit sur lui par Anne-Marie Gilson, Ancienne de Comblain, et historienne à ses heures. Je vous encourage à lire ses textes sur le blog du SPK Mons-Borinage.
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’ai débuté ces quelques lignes par « Sous les ponts de Comblain-la-Tour … » alors que tout le monde sait qu’il n’y a, à Comblain-la-Tour, qu’un seul pont ? Vous vous dites peut-être que JP a abusé de ces substances qui avaient déjà inspiré Apollinaire au point que le poème dont il est question aujourd’hui est tiré d’un recueil intitulé « Alcools ». Rassurez-vous … je n’ai pas pris l’apéro ! Si j’ai volontairement parlé « des » ponts, c’est que je pense profondément qu’à Comblain d’autres ponts existent.
Nous, les Anciens de Comblain, nous sommes un de ces ponts !
À l’heure où, un peu partout, on s’est mis à construire, à reconstruire des murs, des clôtures, à installer des cadenas et des barbelés …, où certains se sentent à l’abri dans des tranchées d’un autre âge …, d’autres continuent inlassablement à entretenir des ponts. L’actualité récente a montré, une fois de plus, ce qui pouvait arriver comme tragédie quand on néglige cet entretien. Non seulement les ponts s’effondrent, mais rives ne sont plus reliées … elles s’écartent … elles s’isolent … se retranchent sur elles-mêmes … s’appauvrissent.
Alors oui, nous sommes un pont ! Un pont entre le passé et le présent … une passerelle entre deux générations … un viaduc même entre deux mondes, entre plusieurs manières de regarder notre histoire et d’envisager notre futur … un ouvrage d’art fait de tolérance, de patience et d’espoir. Voilà pourquoi c’est tellement important de continuer à venir à Comblain. Pour entretenir ce pont-là.
Ce week-end, nous y étions, évidemment. Et nous reviendrons infatigablement.
Comme tous les ponts du monde, nous avons nos fondations. Elles sont profondes, solides, durables. Elles sont à Comblain, mais aussi ailleurs. Comme tous les ponts du monde, nous avons nos piliers, et nous prenons plaisir à rafraîchir régulièrement le souvenir du rôle qu’ils ont joué et qu’ils jouent toujours. Comme tous les ponts du monde, nous avons nos ancrages, nos contraintes et nos fragilités. Mais, malgré les difficultés, nous essaierons toujours de maintenir cette libre circulation des courants et des idées, sans tabou, sans exclure, sans interdire et sans péage.
N’en déplaise à certains qui voudraient nous faire croire que le Polonais est unique, qu’il est prêt, le doigt sur la couture, à attendre l’ordre et l’interprétation qu’on s’apprête à lui dicter, nous, sur notre pont, on encourage la mobilité des différences, la mixité des sentiments, des émotions … la liberté d’expression … la légèreté du ton.
Alors, n’hésitez plus à nous rejoindre. Et n’ayez crainte … notre pont à nous est résistant.
Que vienne la nuit … que sonne l’heure,
Les jours s’en vont, les Anciens de Comblain demeurent.
24/09/2018 – JP Dz









