À peine sorti de la « Maison rouge », c’est une autre partie de l’histoire locale qui s’écrit jusque sur les murs.
Premier indice : deux maisons plus loin et toujours sur votre droite, l’inscription « BASIN ST. » ( pour Basin Street ) est encore fixée sur le pignon ( voir photo 710 ). Cette plaque discrète – devant laquelle nous sommes passés des centaines de fois et qui existe toujours – rappelle qu’en 1959, cette portion de la Rue de Fairon était nommée comme ça … à cause du fameux Festival de Jazz.
Basin Street ( ou Rue Bassin, en français ) est, en réalité, une rue de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane.
Basin Street a été rendu célèbre, dans le monde entier, par la chanson « Basin Street Blues » publié par Spencer Williams, en 1926, et enregistrés par Louis Armstrong en 1929 ; des centaines d’enregistrements de ce « standard de jazz » existent depuis. En gros, les paroles sont :
« Voulez-vous venir avec moi,
Descendre le Mississippi ;
Nous allons prendre un bateau pour les pays des rêves,
Un vapeur descendant le fleuve jusqu’à la Nouvelle Orléans.
La bande est là pour nous accueillir,
Les vieux amis vont nous rencontrer,
Où tous les gens aiment se rencontrer
Le paradis sur terre, ils l’appellent : Basin Street … ».
Version de Louis Armstrong : https://www.youtube.com/watch?v=qRjT4h7F_jw
Version d’Ella Fitzgerald : https://www.youtube.com/watch?v=-xoe8r1xtcs
Deuxième indice : Encore quelques mètres plus loin, et nous voici devant un petit square charmant : « le Square Joe Napoli » ( photo 711 ). Ce petit coin bucolique rend hommage à l’initiateur du très célèbre Festival de jazz. Nous l’avons déjà évoqué dans l’article n° 47 … mais qui était-il et pourquoi à Comblain-la-Tour ?
Joe Napoli est un ancien GI de l’armée américaine. Né en 1922, il a à peine 18 ans quand la seconde guerre éclate. Durant la bataille des Ardennes – entre le 16 décembre 1944 et le 30 janvier 1945 – lors de l’offensive Von Runstedt, des GI’s américains sont accueillis dans les petits villages de Xhoris et Comblain-la-Tour.
Joe Napoli est l’un d’entre eux. C’est là qu’il se lie d’amitié avec les familles Pirotton et Distrée de Comblain-la-Tour.
Après la seconde guerre mondiale, Joe Napoli devint manager de groupes de jazz. En 1955, il revient à Comblain-la-Tour pour remercier les habitants de leur hospitalité. C’est là qu’il entend que la commune ( dont il est tombé amoureux ) a besoin d’argent pour rénover son église … il décide alors de s’investir personnellement pour participer à la restauration de l’église en organisant un … festival de jazz.
Joe est un professionnel – il est l’imprésario de Chet Baker – et connaît énormément de gens du milieu. Un projet à l’américaine est mis sur pied. Il s’entoure de l’équipe de « Jazz pour tous », l’émission radio de Nicolas Dor et Jean-Marie Peterken, de Raymond Arets et de Willy Henroteaux du journal « La Meuse ». Ceux qu’on surnommera dorénavant « les 5 de Comblain » organiseront là, le 1er grand Festival Européen de jazz. Comblain deviendra, durant 8 années consécutives de 1959 à 1966, « la capitale européenne du Jazz ».
Plus de doute : nous approchons de l’endroit mythique qui a rassemblé tant de gens, mobilisé tant d’énergie et connu tant de gloire : le Festival de Jazz de Comblain-la-Tour.
Sur la photo 716, vous reconnaîtrez « les 5 de Comblain », adossés à une barrière devant l’Ourthe : de gauche à droite, Nicolas Dor, Willy Henroteaux, Joe Napoli, Raymond Arets, Jean-Marie Peterken.
27/03/2017 – JP Dz






