La date du 3 mai approchant, et pour formaliser la réponse à une question que l’on me pose régulièrement sur la date de la fête nationale polonaise, je vous propose les quelques lignes qui suivent. En Pologne, la notion de « fête nationale » est plus complexe que celle que nous connaissons en Belgique ou en France.
Les Polonais distinguent d’ailleurs « Święto Narodowe » – de naród, nation – et « Święto Państwowe » – de państwo, état – que l’on traduit pourtant, dans les deux cas, par « Fête nationale ». De plus il existe aussi un certain nombre de « Dzień Narodowy » – Jour national – qui ont été déclarés « Święto Państwowe ».
Pour être complet, signalons que Fête nationale ne rime pas nécessairement avec jour férié. On compte 11 jours fériés dans l’année dont seulement 3 Fêtes nationales alors qu’on dénombre au total 12 jours de Fête nationale.
Deux jours sont appelés « Święto Narodowe » et on peut les considérer comme les deux jours de Fête nationale, au sens où nous l’entendons chez nous :
Le 3 mai, les Polonais commémorent la Constitution du 3 mai 1791 – Święto Narodowe Trzeciego Maja. Cette Constitution polonaise est le premier acte juridique de ce type en Europe et le deuxième au monde ( après la Constitution américaine de 1789 ).
Après la renaissance de l’État polonais en 1918, l’anniversaire de la Constitution du 3 mai a été officiellement reconnu comme Fête nationale en 1919. Après la Seconde Guerre mondiale, il a été célébré en 1946 et a donné lieu, dans de nombreuses villes, à des manifestations étudiantes. Suite à ces manifestations, les autorités communistes en ont interdit la célébration publique. Le 3 mai a été officiellement retiré en 1951 de la liste des jours fériés. La Fête nationale du 3 mai a été rétablie en 1990. Ce jour-là est un jour férié.
Le 11 novembre est la Fête nationale de l’indépendance – Narodowe Święto Niepodległości. Elle est célébrée pour commémorer le retour à l’indépendance de la Pologne en 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, 123 ans après le dernier partage du territoire national en 1795. Le terme « Partages de la Pologne » – « Rozbiory Polski » – désigne les trois annexions successives ( 1772, 1793 et 1795 ) du territoire de la Pologne-Lituanie par l’Empire de Russie, le Royaume de Prusse et l’Empire d’Autriche-Hongrie.
Entre 1920 et 1936, les célébrations de la reconquête de l’indépendance se déroulaient exclusivement à Varsovie – le plus souvent le dimanche qui suivait le 11 novembre – et avaient un caractère strictement militaire. Le statut de jour férié n’a été accordé au jour de l’indépendance qu’en 1937.
En 1945, a été instituée la Journée nationale de la renaissance polonaise, célébrée le 22 juillet. En même temps, la Fête nationale de l’indépendance a été abolie.
Le 22 juillet 1944, a été publié le Manifeste du Comité polonais de libération nationale. En fait, ce document a été signé et approuvé par Staline le 20 juillet 1944 à Moscou, où il a été ensuite publié. Le Comité polonais de libération nationale – PKWN, Polski Komitet Wyzwolenia Narodowego – était un organe fantoche, créé à Moscou, à l’initiative des communistes polonais et d’une délégation du Parti ouvrier polonais. Il opérait sous le contrôle politique de Joseph Staline qui a pris la décision finale sur sa création, son nom, son statut et sa composition.
La célébration du 22 juillet a été abolie en 1990.
La Fête nationale de l’indépendance du 11 novembre a été rétablie en 1989 et est, évidemment, un jour férié.
NB : Le troisième jour de fête nationale férié est le 1er mai, jour de Święto Państwowe, officieusement appelé Fête du travail et instauré en 1950.
23/04/2020 : André Karasiński