Je voudrais aujourd’hui évoquer avec vous un personnage et une réalité …
Le personnage, c’est Andreï Makarow … ce nom ne vous dit rien ? C’est normal … c’est une des personnes les plus modestes qui soit et qui ait fréquenté assidûment Comblain-la-Tour. Mais regardez les photos en annexe et son visage familier vous rappellera forcément quelqu’un que vous avez – forcément – croisé.
Andreï Makarow mérite amplement l’hommage que nous souhaitons lui rendre … et si du haut du ciel, où il se trouve aujourd’hui, ces quelques mots pouvaient le faire frissonner de plaisir … ce ne serait que justice et reconnaissance.
À Comblain, il a sacrifié énormément de temps et d’énergie. Cantonné aux tâches « ingrates », il n’a jamais économisé ses forces pour l’intérêt général … sans vraiment être remercié par les ingrats que nous étions. Il faut dire qu’entrer en communication avec lui n’était pas chose aisée …
Andreï Makarow, comme son nom l’indique n’était pas polonais ; il était russe. Ce qui ne nuisait en rien à sa bonté et à sa générosité naturelle. Par contre, sa manière très particulière de mélanger la langue de Tolstoï et celle de Mickiewicz avait quelque chose de poétique, mais de difficilement audible. Il fallait tendre l’oreille et s’accrocher. Ceux qui le fréquentaient régulièrement parvenaient à déchiffrer.
Dans la vie ordinaire – je veux dire en dehors de Comblain – Andreï habitait dans la région du Centre, et plus exactement à Ressaix, Rue Defuisseaux, surnommée la Rue des Diables avec ses comparses Tadek Szymczak, Józiu Młynarczyk et Mr Kiełtyka. Pour compléter la joyeuse « clique », il y avait encore Adam Ogonowski ( le papa d’Eveline et de Dominique ) et Michal Miklusiak. Des inséparables.
Même si toute cette bande de lurons s’amusait régulièrement à taquiner leur « russe », leur amitié était indéfectible. Il faut dire qu’Andreï était toujours disponible … et pas seulement à Comblain. Il a participé à de nombreux travaux, tant à l’école polonaise qu’à la construction de l’église. Il avait d’ailleurs habité antérieurement « aux baraques » ( appelé aussi le Camp Roland … c’est là que se situe aujourd’hui le Foyer du Père Kolbe, l’école, l’église polonaise et la cure ), comme beaucoup d’autres familles après la guerre. Et comme tous ces congénères il avait travaillé au charbonnage. Et comme tous les autres … il ne crachait pas sur une petite goutte ou sur une grosse pinte.
Pour compléter le tableau, je me dois d’ajouter qu’Andreï était le Dżadek de Notre Marilyne Desmet.
Par reconnaissance pour tous les services qu’il avait rendus pour le Millénium de Comblain, une délégation de responsables du Centre, emmenée par Stefania Ludwikowski, lui a rendu hommage en participant à ses funérailles au cimetière de Péronnes.
La réalité, c’est le fait que tous les bienfaiteurs de Comblain n’étaient pas … loin de là … des polonais.
Si Andreï était russe, ma maman, qui a travaillé pendant de nombreuses années aux cuisines, était ukrainienne, d’autres encore étaient lituaniens, biélorusses, … Personne n’y a jamais vu l’ombre d’un problème. C’était naturel.
Il faut dire qu’après la guerre, il y avait eu un tel mélange de population … il y avait eu tant de souffrances … qui ont débouché sur une telle envie de vivre, un tel enthousiasme, une telle solidarité que c’est l’Humanité qui prévalait sur toutes les autres considérations. Alors, qu’ils soient russes, ukrainien, ou d’autres origines, toutes les bonnes volontés étaient bonnes à prendre … tous les enthousiasmes … étaient les bienvenus.
La semaine dernière, j’avais mis l’accent sur nos amis « autres que polonais » qui étaient des membres à part entière de nos KSMP – et qui méritaient amplement de l’être – aujourd’hui, je veux rendre un vibrant hommage aux « non polonais » qui ont largement contribué à la réussite de Comblain-la-Tour.
17/06/2019 – JP Dz








