0225 – Comblain-l’amour

J’ai longtemps cru que nous étions, nous les polonais, les premiers « étrangers » qui avaient débarqué à Comblain-la-Tour et qui avaient trouvé là l’amour … Je pensais que l’expression « Comblain-l’amour » ne s’appliquait qu’à nous. Et ben non … nous n’étions pas les premiers, ni les seuls dont l’histoire mérite d’être racontée. Laissez-moi vous conter le parcours authentique de ces quatre valeureux jeunes hommes qui ont atterri un jour à Comblain-la-Tour, qui y ont trouvé l’âme sœur, et qui ne sont jamais repartis :

C’était dans les années 1860 quand à Comblain on construisait le chemin de fer.
« On comprendra aisément que ces travaux considérables nécessitaient l’emploi d’une importante main-d’œuvre, ouvriers plus ou moins qualifiés, arrivés de tous les coins du pays et même … de l’étranger.

 C’est ainsi qu’étaient parvenus à Comblain-la-Tour deux jeunes Français : Etienne Auduc et Charles Magnette, le premier originaire de Saône et Loire, l’autre du Haut-Rhin. Ils précédaient deux jeunes Luxembourgeois d’Orgéo ( Bertrix ) : les frères Auguste et Pierre Talier.

 Les étrangers s’étaient rapidement adaptés à la vie de notre région. C’étaient de joyeux drilles qui adoraient prendre « la chopine », mais qui avaient comme on dit, le gosier « assez bien en pente ».

 À leur sujet, on nous a raconté l’anecdote suivante : L’année de l’inauguration de la ligne ( 1866 ) la contrée fut éprouvée par une épidémie de choléra, maladie redoutable s’il en fut, parce que terriblement contagieuse. On déplora 37 décès pour la commune, soit plus du double des années précédentes. Or, il se fait que ces jeunes gens, experts dans l’art de « lever le coude » ne furent le moins du monde inquiétés par l’épouvantable maladie. Est-ce l’alcool absorbé en grande quantité qui les immunisait ?

 On ne le sut jamais, mais ce que l’on constata immédiatement ce fut le courage et l’abnégation dont ils firent preuve dans ces moments tragiques : corvées dangereuses pour apporter des soins aux malades, et non moins fastidieuses opérations d’aide au fossoyeur pour ensevelissement et inhumation des morts, ceux-ci devant être enterrés le jour même du décès. Inutiles d’ajouter que ces dévoués furent adoptés d’emblée par la population ; et ils le furent si bien, adoptés, qu’ils se fixèrent définitivement chez nous.

 Les Français n’avaient d’ailleurs pas laissé traîner les choses, ils n’avaient pas hésité à prendre pour compagnes de jeunes Comblinoises. Magnette avait épousé Marie-Josèphe Lejeune le 15 décembre 1864 et s’était retiré sur Lawé … Le lendemain, son compatriote Auduc se mariait avec Marie-Henriette Gillard …

 Pierre Talier, lui, n’était pas si pressé, il attendit 1874 pour unir sa destinée à celle de Marie-Catherine Lahaye. Il alla habiter à Comblinay … Quant à Auguste Talier, il convola en justes noces en 1867 avec Joséphine Jeandin. Contrairement à ses trois compagnons qui après la terminaison des travaux ferroviaires, étaient devenus ouvriers carriers, il se fit marchand de fruits et de chiffons. Il installa son commerce Rue des Écoles… ». Les Échos de Comblain – Novembre 1965 page 81 et 82

Cent ans plus tard, c’était le tour des polonais de débarquer à Comblain-la-Tour. Eux aussi, comme les quatre valeureux ci-dessus, étaient des « joyeux drilles qui adoraient prendre « la chopine », mais qui avaient comme on dit, le gosier « assez bien en pente » … eux aussi laisseront des traces de leur passage dans le village … eux aussi trouveront l’amour … parfois éphémère, parfois par intermittence, mais toujours sincère.

Combien de ces rencontres le destin a-t-il orchestré là ? Combien d’entre nous sont-ils rentrés « troublés » après les colonies ? Combien de noces trouvent-elles leurs origines dans le parc du centre Millennium ? Combien de mariages ont-ils été célébrés à la maison polonaise ? Bien sûr, le temps aussi a fait des ravages et certains couples se sont perdus … mais beaucoup d’autres résistent et Comblain-l’amour n’a pas volé sa réputation.

C’est justement ce qu’a voulu souligner Madame le Consul Paciorek lors du bal de ce 23 juin 2018 à Comblain. Elle a fait venir auprès d’elle deux couples d’Anciens de Comblain … Pour ces quatre-là, l’histoire d’amour a commencé là et se poursuit toujours. Eveline et moi, nous fêtions ce jour-là nos 48 ans de rencontre dans le parc de Comblain … pour Stephanie et Lutek, c’est encore plus …

À travers nous, Madame la Consul a voulu fêter l’amour et fêter tous ceux qui l’ont trouvé là.

Quant à cette effroyable maladie – le choléra – qui a ravagé Comblain beaucoup plus souvent qu’à son tour et qui a marqué l’histoire des comblinois, et plus particulièrement les 4 jeunes gens dont je vous ai parlé ci-dessus, nous avons eu une explication scientifique lors d’une récente visite aux grottes de Comblain-au-Pont :

Le guide nous a expliqué qu’en ces temps lointains, quand une vache ou un autre animal mourrait et qu’on n’osait pas la manger sans connaître la cause de la mort, il était fréquent qu’on se débarrasse de la carcasse en la jetant dans une fosse, un trou ou un gouffre naturel … L’animal finissait par atterrir dans les grottes de Comblain où il se décomposait. La rivière qui traverse la grotte entraînait avec elle les restes en décomposition. Et, évidemment, quand la rivière rejaillissait plus loin, on buvait l’eau ! ( Si vous voulez voir où la rivière de la grotte de Comblain-au-Pont sort de la montagne et se jette dans l’Ourthe, c’est facile, c’est juste à côté du restaurant « les roches grises » ).

C’est ainsi que le choléra naissait dans les ténèbres de la grotte et finissait par arriver en pleine lumière … Et c’est sans doute à cela que faisait référence Pan Jan quand, les jours un peu trop arrosés, il nous mettait en garde contre la « Jasna cholera » ! ! !

27/05/2019 – JP Dz

1713
1.713 : COMBLAIN-LA-TOUR : Rue des Ecoles, jadis.
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1.714 : COMBLAIN-LA-TOUR : Vers la tour, jadis.
1715
1.715 : COMBLAIN-LA-TOUR : La vie en plein air, jadis.
1716
1.716 : COMBLAIN-LA-TOUR : Rue du Parc, jadis.
1717
1.717 : COMBLAIN-LA-TOUR – 23 juin 2018 : Powitanie Lata : Madame le Consul Agnieszka Paciorek ; Barbara Wojda et son beau-fils.
1718
1.718 : COMBLAIN-LA-TOUR – 23 juin 2018 : Powitanie Lata : Stefania Ludwikowski ; Lucjan ( Lutek ) Kurek ; Jean-Pierre Dziewiacien ; Eveline Ogonowski.
1719
1.719 : COMBLAIN-LA-TOUR – 23 juin 2018 : Powitanie Lata : Stefania Ludwikowski ; Lucjan ( Lutek ) Kurek ; Jean-Pierre Dziewiacien ; Eveline Ogonowski.
1720
1.720 : COMBLAIN-LA-TOUR : Pan Jan.

 

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