Nous avons déjà évoqué les cours qui étaient organisés à Comblain-la-Tour …
Car outre, les cours de moniteurs organisés à de maintes reprises, les cours de danse, merveilleux souvenirs de l’année1972, et les cours de Loreto, qui étaient le prolongement de Comblain, les cours qui y étaient dispensés, ont été pour nous, une mine de connaissances et de ressources en tous genres dans lesquelles nous avons pu puiser en bien des circonstances ! Il faut dire que c’est le but premier de la Macierz Szkolna, propriétaire du site et garante de l’éducation polonaise en Belgique.
Je précise – pour ceux qui ne maîtrisent pas totalement la langue de Mickiewicz – que « Szkolna » est l’adjectif dérivé du mot « école » que l’on peut traduire par « scolaire » et que le mot « Macierz » signifie littéralement « matrice ». Le terme peut paraître surprenant, mais il convient de l’aborder sous l’angle de la définition qu’en donne Wikipédia : « Une matrice ( du latin matrix ( matricis ), lui-même dérivé de mater, qui signifie « mère » ) est un élément qui fournit un appui ou une structure, et qui sert à entourer, à reproduire ou à construire ». C’est donc bien la transmission du savoir, l’apprentissage, l’éducation qui sont au cœur du projet et de l’ambition de cette structure.
Ce serait utopique de vouloir dresser une liste exhaustive de tous les savoirs que nous avons acquis – ou perfectionné – à Comblain. Mais comment ne pas souligner que, derrière l’organisation des colonies de vacances, c’est la transmission d’une multitude d’apprentissages qui était visée. Je n’en citerais que quelques-uns : l’amélioration de la langue polonaise, l’éveil à la culture, les chansons traditionnelles, les danses folkloriques, les habitudes culinaires, les usages et autres traditions, sans compter l’art du « vivre ensemble » et du respect de l’autre. Le tout en s’amusant ! Comment ne pas apprendre dans de telles conditions ?
Je suis sûr que si vous vous posez la question individuellement vous trouverez, vous aussi, des tas de domaines que Comblain a contribué à impacter positivement … des domaines ou des aspects plus personnels où vous avez pu progresser, comme la timidité des uns, la fragilité des autres, …
Les photos d’aujourd’hui me donnent l’occasion de mettre l’accent sur un de ces apprentissages « collatéral » qui s’est avéré bien utile ! Nous étions tous membres d’organisations de jeunesse et tous, nous collaborions activement aux développements et à l’essor de ces organisations. À ce titre, nous participions énergiquement aux multiples tâches que nécessitait l’organisation des festivals, des bals, des soirées dansantes, et autres « surboums », … Il nous fallait donc, non seulement danser sur scène, mais aussi nous acquitter d’un certain nombre de tâches qui, même si elles étaient moins prestigieuses que le spectacle donné, étaient toutes aussi fondamentales et devaient être réalisées. D’autant plus que l’apport financier de ces manifestations n’était pas négligeable pour l’achat de nouveaux costumes et accessoires.
Alors, le « kaftan » à peine remisé sur le cintre, le jupon à peine détaché, nous nous activions déjà parmi le public … les uns s’occupant des commandes … les autres ramassant les verres vides. Il nous fallait, non seulement savoir manipuler la « cuipaga », mais aussi le plateau à verres remplis de bières ou de vodka … les deux demandant adresse et concentration. Dans des salles pleines à craquer ( c’était un temps où les normes de sécurité paraissaient aussi souples et élastiques que nos sauts sur scène et comme ceux-ci, elles se sont un peu raidies depuis lors ), il en fallait des contorsions pour réussir à servir tous ces consommateurs avides d’étancher une soif qu’ils nous accusaient d’avoir provoquée par la poussière de nos enthousiasmes scéniques. Quelques minutes plus tôt, nous étions sur scène, nous étions, en toute modestie, les « vedettes » et on nous applaudissait … là, dans la salle, on râlait parce que le service n’allait pas assez vite !
L’idée de nous préparer pour affronter ces moments de grande agitation et de stress n’était donc pas si saugrenue : apprendre à apporter le plateau à bon port, sans renverser, et quelle que soit la difficulté du parcours … en voilà une formation bien utile pour laquelle on peut dire merci à ceux qui y ont pensé !
En regardant les photos en annexe, vous verrez que tous les participants s’y sont prêtés avec tout le sérieux nécessaire … comme toujours à Comblain-la-Tour ! Et même si tout ça était orchestré sous forme de jeux … la finalité n’était pas la compétition mais l’apprentissage et la recherche d’une certaine excellence …
Bien sûr, à ces jeux de rôles, où on était alternativement le serveur et / ou le buveur … il y avait souvent des lendemains difficiles. D’ailleurs, sur la dernière photo, celle des trois comparses qui devaient avoir largement contribué à l’élaboration de ce stage, on devine que les verres étaient remplis quand ils arrivaient à destination mais qu’ensuite, ils ont dû se faire un devoir de les vider … car oui, c’était un devoir !
Mais quand on croit à ce qu’on fait … on le fait à fond et j’ajoute que les polonais sont des gens de conviction quand il s’agit de sacrifier son foie … à sa foi !
13/05/2019 – JP Dz
Complément d’information apporté par André Karasiński :
Le mot « Macierz » peut être abordé sous un autre angle :
Dans la langue polonaise, le substantif « macierz » a plusieurs significations :
- la Patrie ;
- le tableau comprenant m lignes et n colonnes ;
- la mère, la maman ( anciennement, plus usité actuellement ).
On trouve également dans les dictionnaires polonais : « Mot figurant dans les noms d’anciennes associations éducatives polonaises » ou « Le nom d’associations éducatives polonaises actives à partir de la fin du 19ème siècle ». On n’est pas plus avancés avec ces explications !
En cherchant l’origine de « Macierz szkolna », j’ai découvert ceci : « Macierz Polska, créée en 1882 à Lwów à l’initiative de J.I. Kraszewski, dirigeait l’activité d’éducation et d’édition destinée aux couches populaires … »
En parcourant Internet, on se rend compte que les Américains et les Anglais ( ou les Polonais des E-U et de GB ? ), quand ils parlent de Polska Macierz Szkolna, précisent « polish Alma Mater » ou « in english Alma Mater ».
Mon explication :
« Alma Mater Studiorum » est la devise de la plus ancienne université du monde occidental, l’Université de Bologne, fondée en 1088. L’usage de cette expression s’est ensuite progressivement propagé dans les autres universités européennes. Plus tard, Rabelais a utilisé cette expression pour désigner l’université dans laquelle une personne a suivi ses études. Le terme est essentiellement employé dans le monde de l’enseignement supérieur comme en Amérique latine, en Belgique, en Suisse, au Canada. Dans les pays anglophones, est aussi utilisé pour un « college ou un lycée. »
Je pense donc qu’en créant une association chargée de l’éducation des couches populaires, les fondateurs ont transposé le Alma Mater Studiorum – mère nourricière des étudiants – en Macierz szkolna, utilisant le nom donné encore un peu à l’époque à maman, Macierz et lui ont accolé l’adjectif szkolna, scolaire, dans le sens « qui a trait à l’école, qui concerne l’école ».
Mon explication tient-elle la route ? Quelqu’un peut-il confirmer ou infirmer ( et justifier ) ?
André Karasiński
Merci André … tu es notre scientifique.









