Quand on pense au « folklore », n’est-ce pas un tourbillon de notes de musique, de chants et de couleurs qui nous envahit de prime abord ? Il y a certes bien des définitions savantes, des analyses fouillées sur ce que représentent les pratiques culturelles propres à chaque société traditionnelle mais, quand il s’agit de folklore, point besoin de dictionnaire, on peut faire confiance à notre ressenti, à la perception de nos sens et dans le folklore polonais, la richesse des costumes, leurs mille et une couleurs nous en mettent plein la vue …
Que serait en effet, notre folklore sans nos costumes ?
Et que seraient nos costumes sans nos … costumières ?
Il est grand temps de rendre hommage à ces petites fées dévouées et efficaces, ingénieuses et si discrètes …
Dans chacun de nos groupements, il y en avait une ou plusieurs. Elles s’appelaient Róża, Marie-José, ou … Madame Dudzik. Elles étaient omniprésentes, toujours souriantes, toujours prêtes. Une aiguille serrée entre les dents, un bout de fil dans une main, une épingle de nourrice dans l’autre, elles rafistolaient, réparaient, camouflaient, nous préparaient pour entrer en scène.
À force, de nous chouchouter, de nous manipuler dans tous les sens, elles connaissaient tout de nous … tous nos petits secrets, nos grandes angoisses, nos tics et nos tocs … et les respectaient. Toujours sereines et bienveillantes, elles avaient l’art de nous rassurer, de nous rendre confiance surtout quand c’était l’heure de monter sur scène et qu’on avait subitement l’impression d’avoir tout oublié sous l’effet du trac …
Nos costumes si colorés et chatoyants, c’était un peu comme la pointe émergée d’un iceberg dont la partie cachée était la somme de travail accompli par toutes nos couturières et costumières qui restaient dans l’ombre, cachées derrière le rideau …
Mais quand les spectateurs se mettaient à applaudir à notre entrée en scène, alors qu’on n’avait encore rien fait, je suis certain que c’est avant tout à nos beaux costumes qu’ils rendaient hommage !
Et je suis sûr qu’à ce moment-là, nos costumières et nos couturières devaient avoir un petit pincement au cœur car c’était leur dévouement et leur engagement sans bornes qui étaient célébrés. Elles pouvaient bien être fières ! Merci Mesdames.
Je laisse à Jean Dalgan le plaisir de vous parler de Mme Dudzik :
À nos couturières : Souvenirs de Mme Dudzik, notre couturière au KSMP de Châtelineau :
J’avais pour Mme Dudzik, le plus grand respect ! Vous l’a reconnaîtrez sur la photo 1.429, à droite, presque cachée. Il faut dire qu’elle était discrète et réservée, comme toutes les couturières qui pensaient que la gloire revenait uniquement à ceux qui étaient sur scène … alors qu’elles participaient grandement à la réussite du spectacle. Je l’ai connue, grâce à ses enfants, Henry et Christiane Dudzik. Ils étaient inscrits à l’école polonaise de Taillis-pré « Châtelineau » où mes frères et moi-même étions inscrits.
Au moment où notre association « KSMP » a été créée, nous nous sommes tous retrouvés pour nous inscrire et en faire partie … Une nouvelle aventure nous attendait. Le but de notre jeune association : prolonger notre acquis appris à l’école Polonaise, continuer à faire vivre tout notre folklore « danses, chants et théâtres » et l’histoire Polonaise des régions, que nos parents ont dû quitter.
Dès le début, nous étions à la recherche des différentes personnes qui pourraient nous apporter leur aide et leur savoir « professeur de danse, de chant, musicien, et couturière …
C’est grâce à notre aumônier, le père Paul Adamski qui officiait dans plusieurs paroisses « Châtelineau, Châtelet, Gilly, Farciennes et Pironchamps » et grâce au bouches à oreilles, que nous avons appris que Mme Dudzik, était une excellente couturière.
Avec quelques membres, et accompagné du père Adamski, nous nous sommes rendus chez elle, pour lui exposer notre démarche, et lui demander si elle accepterait de devenir notre couturière, et l’associer ainsi à notre mouvement.
Sans hésiter, sa réponse « un grand oui », c’est ainsi que tout a commencé !
Ce ne fut pas chose facile pour Mme Dudzik ! Mais son courage et sa volonté, ont brisé tous les obstacles. Quelle ne fut pas notre surprise de voir, les premières robes et costumes, qu’elle avait préparés pour nous.
Nous lui devons tout ! C’est elle qui se chargeait, d’aller au tram à Charleroi, pour acheter les différents tissus qu’elle avait besoin ; c’est elle qui passait des journées et soirées entières à coudre ! Quel courage. Elle avait le souci que tout ce travail soit prêt pour notre première fête.
C’est encore elle, lors de nos déplacements, qui préparait les valises remplies de robes et de costumes, et qui les repassait après chaque représentation chez nous, où en déplacement.
Mme Dudzik, était de tous les voyages et apportait un soin particulier, à ce que tout soit parfait, elle ne demandait jamais rien en échange, qu’un peu de chaleur et d’amour de ces jeunes qu’elle considérait comme ses enfants.
C’est chez elle, après notre réunion du samedi, que l’on se retrouvait pour lui exposer nos futurs projets, et profiter de l’excellente tasse de café qu’elle nous offrait.
Elle était notre deuxième « Maman », son sourire, sa gentillesse, sa bonne humeur, resteront gravés à tout jamais dans notre mémoire. Merci Maman pour tous ce que tu as fait pour nous, nous te remercions du fond du cœur – « Drzenkuje Mamo ».
Jean Dalgan










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