On avait beau être sous la protection de la Vierge du Rocher, il arrivait quand même parfois qu’à force de faire des bêtises … on se fasse mal ! Dans l’immense majorité des cas, ce n’était pas bien grave. C’était l’occasion d’aller à l’infirmerie pour se faire placer un bout de sparadrap sur trois gouttes de mercurochrome. En ressortant de là, on arborait le pansement comme si c’était une décoration.
La petite infirmerie était installée juste à gauche en rentrant dans le réfectoire, à l’emplacement de l’actuel escalier. C’était une sorte de couloir aménagé avec un lit, une petite table et la pharmacie. En temps normal, on ne pouvait pas y pénétrer … sauf l’infirmière … bien sûr. Car nous avions toujours une infirmière.
Elles se sont succédé, d’année en année, avec des profils divers … plus ou moins douces, et plus ou moins agréables ! La palme dans cette dernière catégorie revenant – à l’unanimité – à cette très jolie infirmière venue de Pologne qui aimait prendre des bains de soleil dans des endroits improbables pour échapper aux regards. La pauvre !
Elle ignorait sans doute que « retrouver l’endroit où l’infirmière s’allonge pour bronzer » était devenu le passe-temps préféré des garçons. Dès que le nouvel endroit était connu, l’information circulait à la vitesse du son. Pourtant, on n’avait pas encore de smartphone ! Et très vite, on décidait d’inventer des activités qui « comme par hasard » n’étaient pas trop éloignées du site de bronzage. Mais n’allez pas imaginer une quelconque intention déplacée … non, non ! Nous, on voulait juste être sûr que s’il nous arrivait quelque chose, l’infirmière ne serait pas loin pour nous secourir. Si, si.
Je crois qu’elle se doutait quand même de l’intérêt qu’elle suscitait. Finalement, pour nous échapper, elle essayait de trouver des endroits hors d’atteinte … comme le toit du réfectoire !
Mais assez de digressions, revenons à nos « bobos ». L’infirmerie n’était pas l’endroit le plus surpeuplé, ni le plus couru, de la colonie. Elle servait peu. Mais il y a quand même eu quelques épisodes stressants. Piotr Rozenski nous a déjà raconté l’accident de la friterie où Erik ou Eddy ( décidément, on ne saura jamais ! ) s’était sérieusement coupé.
Parfois, on arrivait à Comblain déjà blessé. Hélène Piech, par exemple, s’était fait mordre par un chien quelques jours avant les colonies. Sa blessure nécessitait des soins quotidiens et pour qu’elle puisse participer à la colo, ses parents ont voulu être sûrs qu’une infirmière serait là pour s’en occuper. C’est d’ailleurs Eveline Ogonowski qui était de service cette année-là. C’est la première chose qu’Hélène et Eveline ont évoqué quand elles se sont retrouvées … 40 ans plus tard.
D’autres, accidents sont arrivés, comme c’est souvent le cas, de manière fortuite et … fort improbable. Véronique Swiderski avait été choisie pour participer à un gag présenté lors d’un ognisko. En résumé, elle avait les yeux bandés et on lui faisait croire qu’elle était en hauteur … alors qu’elle n’était à peine qu’à 10 cm de sol. Quand elle a sauté, elle s’est cassé le pied ! Après un passage à l’hôpital et un plâtre, la suite de son séjour à Comblain a été plus … compliquée.
Mais l’incident le plus grave qui m’a été rapporté, reste la chute d’un enfant sur les rails du chemin de fer. Il faut dire que cette année-là, le groupe venu d’Allemagne était particulièrement « animé ». Parmi eux, il y avait un garnement qui se distinguait particulièrement par ses « pitreries ». Lors d’une escalade du rocher de la Vierge, qui faisait partie des incontournables de Comblain, il a tant fait le zouave qu’il a fini par décrocher et tomber, d’une hauteur considérable, sur … les rails du chemin de fer !
Malgré des blessures et un état de choc qu’on peut aisément imaginer, il a néanmoins été suffisamment conscient pour entendre qu’un train arrivait alors qu’il gisait sur les rails. Dans un geste salvateur, quasi miraculeux, il s’est laissé rouler hors des rails. Le train est alors passé à quelques centimètres de lui …
Je suis convaincu qu’il faut voir là une intervention de la Vierge du Rocher. Sans cela, comment expliquer que l’enfant s’en est tiré uniquement avec de multiples contusions, mais vivant ! Ce jour-là, nous avons frôlé le pire.
Après une visite à l’hôpital et un contrôle général, le « miraculé » est rentré au Centre pour terminer sa colonie, alité, dans une chambre du deuxième étage. Durant les jours qui ont suivi, c’est un autre ange qui a veillé sur lui et qui n’a pas ménagé sa peine pour rendre la fin de son séjour à Comblain le plus agréable possible ; cet ange c’était Christine Piech.
01/01/2018 – JP Dz







