0130 – Revisitons Comblain ( 10 ) : Les cigares du Pharaon

Nous venons de traverser ensemble le camping. Nous voici revenu sur la Route de Fairon. Mais avant de prendre à droite pour rejoindre le pont … prenez la peine de vous attarder sur la villa qui est située juste à gauche … la Villa Adeline. Elle ne vous rappelle rien ? Si … allez … remuez votre mémoire … ça remonte très loin, je sais, mais vous ne pouvez pas avoir oublié !

Quand nous étions enfants et que nos moniteurs ou monitrices nous entraînaient dans cette promenade qui nous amenait à Fairon – en longeant l’Ourthe pour l’aller et en suivant la route pour revenir – nous nous arrêtions toujours devant cette villa. On grimpait alors sur le petit muret et on s’agrippait aux grilles pour essayer de mieux voir le bâtiment et d’en apprendre un peu plus sur le mystère qu’il cachait. Il y avait forcément quelque chose de mystérieux. C’était sûr … sinon pourquoi auraient-ils pris la peine de placer dans les grilles de la clôture autant de symboles ? Pour nous, ça ressemblait tellement aux cigares du Pharaon … que ça ne pouvait qu’attiser notre imagination.

On restait là un long moment, accroché à la grille, en échafaudant des théories … plus folles les unes que les autres. On rêvait. Et notre imagination nous entraînait dans toutes sortes d’aventures. C’était à celui qui aurait la thèse la plus plausible ou la solution la moins rationnelle. Les moniteurs se prenaient au jeu et nous suggéraient des pistes qui nous entraînaient encore plus loin … Finalement, quand il fallait repartir, le moniteur devait absolument utiliser son sifflet pour nous faire lâcher prise et nous ramener sur terre. Mais sur le chemin du retour, on continuait à partager des hypothèses … à créer notre propre légende … la légende de la Villa des cigares du Pharaon.

Rien d’étonnant que là, à Comblain-la-Tour, nos imaginations d’enfants s’emballaient. Le reste du temps, nous vivions, presque tous, dans des cités minières, dans des corons, où chaque maison ressemblait à sa voisine … où l’uniformité était la règle … où la sobriété l’emportait sur tous les autres qualificatifs. On avait aussi nos montagnes, mais elles étaient le résultat d’un mélange de charbon et de la sueur de nos papas. Et même si ces cités transpiraient de joie de vivre et de convivialité, elles ne nous inspiraient, tout au plus, que des rêves « raisonnables » … des avenirs modestes … des destins effacés.

À Comblain, l’autre chez nous, tout était différent ! Ici, l’espace respirait la liberté. Il n’y avait plus de limite à nos imaginations. Des manoirs et des splendides villas parsemaient un décor qui n’attendait qu’à être peuplés par les héros qui sortaient directement de nos rêves d’enfant. Il ne fallait pas grand-chose pour enflammer nos jeunes esprits. Quelques volutes de métal sur une barrière trop austère et nous, on plongeait dans de nouvelles intrigues.

Quant à la Villa Adeline, sans doute que nos fantaisies ont participé à gonfler une légende improbable.

Il n’empêche que cette superbe bâtisse n’a pas manqué d’avoir sa propre petite histoire. Elle a été construite par Louis Dister, qui sera le mayeur du village entre 1921 et 1939. Durant la seconde guerre mondiale, elle a été le refuge d’un diamantaire anversois, le juif Herz Frankiel. Mais déjà, lors de la première guerre, elle a été occupée – tout comme notre Centre Millennium – par les armées allemandes qui semblaient apprécier le charme de Comblain-la-Tour ( voir les photos 857 et 858 ).

Peut-être même que la quiétude des lieux leur avait été transmise depuis bien plus longtemps … En effet, en 1815 déjà, lors des préparatifs militaires pour les combats qui finiront par la bataille de Waterloo, la commune de Comblain a dû loger des soldats prussiens qui étaient en route vers la grande bataille. Pour ces hébergements de soldats, d’officiers, de sous-officiers et de docteurs, des indemnités « auraient été allouées ».

Aujourd’hui, grâce aux Anciens de Comblain, nous pouvons mettre des noms sur les lieux qui nous faisaient fantasmer. On peut y associer de l’histoire et des anecdotes authentiques. Bien sûr, nous avons perdu notre faculté à créer nous-même ces histoires … Mais une question s’impose : « Et si toutes ces recherches d’aujourd’hui n’étaient que les réponses à toutes nos questions d’avant-hier ? ».

07/08/2017 – JP Dz

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0854 : COMBLAIN-LA-TOUR : Notre Villa des cigares du Pharaon : Villa Adeline, aujourd’hui.
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0855 : COMBLAIN-LA-TOUR : Notre Villa des cigares du Pharaon : Quelques volutes de métal sur une barrière trop austère et …
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0856 : COMBLAIN-LA-TOUR : La Villa des cigares du Pharaon : Villa Adeline, il y a quelques décennies.
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0857 : COMBLAIN-LA-TOUR : La Villa Adeline : Sous l’occupation.
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0858 : COMBLAIN-LA-TOUR : La Villa Adeline : Sous l’occupation.
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0859 : COMBLAIN-LA-TOUR : La Villa Adeline : Villa Adeline.
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0860 : COMBLAIN-LA-TOUR : La Villa Adeline : Villa Adeline.
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0861 : COMBLAIN-LA-TOUR : La Villa Adeline : Villa Adeline.

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