Ces cours ont été organisés plusieurs années de suite. Malheureusement, il n’existe que très peu de photos pour témoigner du succès de ces formations. Beaucoup de jeunes y ont participé et en gardent des anecdotes cocasses.
Par exemple, un soir, nous avions décidé de faire le mur.
Pendant les colonies, la vigilance était de rigueur. On nous confiait des enfants, leur sécurité et leur bien-être dépendaient de notre sérieux. Aucun d’entre nous n’aurait abandonné son poste. Mais là … pendant les cours de moniteur … il n’y avait aucun enfant … à part nous. Se laisser aller à quelques enfantillages devenait séduisant. Et si de surcroît on pouvait un peu provoquer l’autorité, cela devenait franchement excitant.
Donc, nous avons organisé notre fuite en ne négligeant aucun détail.
Le soir venu, nous nous sommes rassemblés – dans le plus grand silence – au pied de l’escalier. De là, nous avons rejoint, à pas de loup, une fenêtre que nous avions pris soin de laisser ouverte. Toujours dans le plus grand silence, nous avons escaladé la fenêtre. Une fois sur le gravier, avec d’infinies précautions, nous nous sommes dirigés vers le parc.
Quand nous avons échangé nos premiers mots – tout bas – nous étions déjà loin de la maison. La suite du plan consistait à passer au-dessus de la clôture, rejoindre le sentier qui longeait le parc et la ligne de chemin de fer, ensuite se diriger vers le village. À l’approche de la grille d’entrée, le silence s’est imposé à nouveau. Nous marchions comme des voleurs …
Quelle ne fut pas notre stupéfaction quand nous avons vu que la grille était … grande ouverte ! ! !
Un peu décontenancé, on a quand même été boire un verre au café des Sports. C’était le but de l’escapade.
Mais en rentrant, une heure plus tard, certain d’entre nous imaginait le pire : « Et si c’était un piège ? ». « Et si un comité d’accueil nous attendait déjà pour nous prendre la main dans le sac ? ». Malgré tout, la décision fut prise d’affronter l’ennemi. Nous sommes rentrés … par la grille. Puis, quelqu’un a essayé d’ouvrir la porte d’entrée : elle était ouverte aussi … Etrange. Les plus pessimistes imaginaient déjà la punition du lendemain. Le piège allait se refermer sur nous … Nous sommes rentrés …. Personne. Nous sommes remontés dans nos chambres … Personne. On a même fait du bruit …. Rien … C’était presque vexant.
Le lendemain au déjeuner, nous avons été jusqu’à évoquer – à demi-mot – notre aventure nocturne. Personne n’y a prêté attention.
En fait, l’autorité savait faire la part des choses. Ce qui aurait été intolérable avec des enfants, devenait bénin en autre temps. Nous étions donc libres d’envisager d’autres escapades. Mais bizarrement … les nuits suivantes … nous ne sommes plus sortis.
14/11/2016 – Jean-Pierre Dziewiacien





