Du haut de son rocher, la vierge de Comblain a essuyé, ce dimanche, quelques larmes d’émotion… ses enfants sont revenus.
Elle les avait connus dans les années 60, 70 et 80 et les avait tant aimés.
Elle les revoit encore courir dans le parc, patauger dans l’Ourthe ou chanter, à la tombée de la nuit, autour d’un feu de camp.
Elle se souvient de chacun d’eux avec tendresse.
Et quand ils décidaient de monter vers elle – malgré le danger – elle veillait sur eux comme une louve sur ses petits.
En ce dimanche de juin 2015, ils étaient de retour. Enfin.
On se serait cru quarante ans plus tôt, quand les « majowka » d’alors donnaient l’occasion à toutes les communautés polonaises de Belgique de montrer ce qu’elles avaient de plus pétillants. Sous le grand chapiteau, tous les KSMP étaient réunis pour chanter, danser et partager leur plaisir d’être ensemble.
Cette année-ci, ils étaient moins nombreux, évidemment, mais c’était les premières retrouvailles depuis si longtemps.
Les premières, mais pas les dernières. Promis. Juré. L’année prochaine, ils seront encore là… mais beaucoup plus nombreux.
Bien sûr, ils ont vieilli. La vierge n’a pas pu s’empêcher de sourire en les revoyant. Les petits garçons espiègles, qu’elle avait connus, sont devenus chauves et… bedonnants. Les petites filles, qu’elle trouvait si mignonnes, sont devenues des mamans. Et même, pour certaines, des grands-mères. Aujourd’hui, elles ne courent plus vers le fond du parc pour se cacher sous l’arbre aux singes.
D’ailleurs, l’arbre aux singes aussi a bien changé…
Bien sûr, elle le sait bien la vierge, plus aucun d’entre eux ne montera sur le rocher pour l’enlacer. Ce n’est plus de leur âge.
Quand ils étaient des enfants, puis des adolescents, rien ne pouvait les retenir. Ils débordaient d’énergie et de passions.
Dans le parc, ils grimpaient aux arbres et taillaient, dans les écorces, leurs initiales et celles de la fille qui faisait battre leur cœur.
Elles étaient toutes plus belles les unes que les autres. Ils étaient tous tellement amoureux.
Quelques arbres s’en souviennent encore… d’autres ont disparu.
Mais en se penchant un peu plus, la vierge n’a pas eu de mal à les reconnaître.
Du KSMP de Charleroi, elle a tout de suite reconnu les sœurs PIECH, Christine et Hélène et leur maris Latkowski Janusz et André Warchulinski, ainsi que Stanisław Malek et sa compagne. Michel Pietka de Charleroi était là aussi avec son épouse Betty Nowicki du KSMP d’Heusden/Zolder. Le grand frère de Betty, Jozek est passé aussi.
Du KSMP de Liège, elle a reconnu Francine Zalobek, Patricia Jakobowski, Monique Kieltyka, Béatrice Laffut et Michel Pająk.
Le KSMP de Ressaix était représenté par Casimir Nowicki, les deux sœurs Dominique et Eveline Ogonowski, Irek Mrzyglod, Régine Fabjanczyk et son mari, un certain… Alexandre Kozłowski.
De Bruxelles, il y avait Véronique Milczanowski avec toute sa petite famille.
Du KSMP de Mons, pas de doute il y avait là, Zdzislaw Blazka, André Karazinski avec leurs épouses. De Mons toujours, Kazimierz Miksiewicz. Et puis, il y avait aussi les « transfuges » comme Jean-Pierre Dziewiacien qui avait commencé à Mons et fini à Ressaix, et Pierre Front surtout qui avait débuté à Mons mais qui est aujourd’hui le chef d’orchestre du groupe « Spotkanie ».
Le groupe limbourgeois « Wisła » était là pour présenter son spectacle. Bravo à eux, et félicitation à Robert – 62 ans – qui a gardé toute sa jeunesse et tout son souffle. Et puis tant d’autres encore du Limbourg et d’ailleurs.
Mais Comblain-l’amour a toujours eu l’art de faire disparaître les frontières et les différences ; tous ceux qui étaient présents-là sont les enfants de Comblain. Et tous ressentaient profondément qu’ils étaient là, chez eux.
Comme autrefois, ils ont un peu chanté, un peu bu, se sont promenés dans le parc, ont été jusqu’à la source et boire un verre à côté du pont ( aujourd’hui, ce n’est plus chez « Tintin » mais chez Mr et Mme Wen ). En partant, ils se sont promis de se revoir très vite.
Dans le fond, rien n’a vraiment changé, à peine quelques rides en plus et quelques illusions en moins.
Ça la rassuré, la vierge, de voir qu’ils étaient toujours là, prêts à réveiller leurs souvenirs et à repartir sur les chemins de Comblain.
Parfois, même les statues peuvent se laisser aller à leurs émotions.
Merci Dominique.
Jean-Pierre Dziewiacien

[…] Rien d’étonnant, si c’est elle qui a pris la parole, la première pour se réjouir de notre retour sur les lieux de notre enfance, voir : article_0001_du 21_06_2015. […]