0198 – Ce jour-là, il y avait banane …

Je me mets à la place de ceux qui avaient reçu comme instruction, avant de partir en colo, d’écrire régulièrement aux parents pour expliquer leurs activités journalières … Pour certains jours, c’était relativement facile, un évènement ou un autre avait tout à coup fait irruption dans notre quotidien … c’était l’évènement du jour, tout le monde en parlait et il semblait important de le raconter aux parents. Par contre, il y a des jours … où il ne se passait rien !

La journée s’était déroulée sans péripétie particulière. Tout ce qui avait été programmé s’était enchaîné sans incident. C’était la routine qui battait la mesure au rythme des usages immuables qui ordonnançaient chaque moment de la journée … sans qu’aucun de nos rituels habituels ne subisse le moindre dérapage. Bref, il n’y avait rien à dire !

J’imagine les malheureux « reporters » désespérés devant leur feuille blanche, mâchouillant le stylo à bille et se creusant la cervelle pour quand même écrire quelque chose … C’était d’autant plus important qu’il fallait abreuver les parents de toutes sortes de détails pour qu’ils aient le sentiment que leur progéniture non seulement ne s’ennuie pas, mais n’arrêtent pas de découvrir, d’apprendre, d’expérimenter … Nous, la douceur de la routine … l’absence d’extraordinaire, ne nous dérangeait pas … au contraire, on en redemandait.

Nous, depuis le matin, on avait déjà chanté et prié devant le drapeau, on avait eu nos trois promenades et nos quatre repas, on était partis à l’aventure sous une chaleur de plomb et on était rentré trempés sous une drache mémorable, on avait participé à la vaisselle, ramasser les « grzybki », vécu une journée ordinaire … alors quand le soir arrivait, et que nous étions enfin libres de faire ce qu’on avait envie, c’est souvent « ne rien faire de tout » qu’on choisissait.

On se laissait glisser lentement vers cette sorte de torpeur qui fait qu’on se sent vraiment en vacances. On laissait l’oisiveté nous envahir … On traînait un peu dans le parc, on se laissait aller à quelques confidences, on en profitait pour faire des papouilles au petit chat et des ronds dans l’eau de la rivière en y jetant ces petits cailloux noirs qu’on avait ramassés sur les chemins … L’Ourthe, sans doute heureuse de nous retrouver, jouait cette petite musique si agréable, si mélancolique, qui nous enveloppait d’une langueur si douce que pour rien au monde on n’aurait voulu être ailleurs … Même la lumière du jour, inspirée par notre indolence, décidait de faire relâche en nous offrant cette clarté suave si propice à la mélancolie. On s’apprêtait à aller, enfin, s’installer dans un de ces petits endroits si singuliers, qui ne prêtaient pas de mine, mais qui nous donnaient l’impression que chacun d’entre nous avait sa place … préférée.

Alors, cette fameuse lettre à écrire … cette corvée qui allait nous faire perdre quelques minutes de si précieuse paresse … il fallait trouver le moyen d’en finir ! J’imagine, en regardant la photo 1.466, à quoi elle pouvait se résumer :

« Chère maman, cher papa,

Aujourd’hui, on a eu des bananes …
Pour le reste, tout va bien, je n’ai pas le temps de vous écrire plus … on a encore plein de chose à faire avant d’aller dormir.

Alors bonne nuit !

Jean-Pierre, à Comblain-la-Tour, le 14 juillet 1972 »

1466
1.466 : COMBLAIN-LA-TOUR : Dans le réfectoire : Au premier plan : Czesiu Kucharzewski ; ( ? ) ; Georges Załobek ; Jerzy Bardo ; Léo Wattiez ; A l’arrière : Alexandre Persich ; Christian Wisła ; Pierre Front ; ( ? ).
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1.467 : COMBLAIN-LA-TOUR : Dans le réfectoire : ( ? ) ; … ; Ks Kurzawa ; … ; ( ? ) ; Dr Rudolf Wilczek ; ( ? ).
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1.468 : COMBLAIN-LA-TOUR : En promenade : Beata Kotara ; Nathalie Swiderski ; Annie Kieltyka.
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1.469 : COMBLAIN-LA-TOUR : En promenade : Sophie Swierkowicz ; Yolande Hordynska.
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1.470 : COMBLAIN-LA-TOUR : En promenade : Dominique Ogonowski ; Christine Piech ; Monique Paluszkiewicz ; ( ? ) ; ( ? ) ; Anne-Marie Kantyka.
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1.471 : COMBLAIN-LA-TOUR : A la vaisselle : ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ) ; ( ? ).
1472
1.472 : COMBLAIN-LA-TOUR : Devant le perron : Dominique Ogonowski ; Alexis Łagocki ; Marek Bujanowski.
1473
1.473 : COMBLAIN-LA-TOUR : Au bord de l’Ourthe : Hélène Piech.
1474_1976
1.474 : COMBLAIN-LA-TOUR – 1976 : A sa place préférée, en attendant le prince charmant : Dominique Ogonowski.

 

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