Si certains venaient à Comblain en train, d’autres arrivaient en autocar ; ceux-là, venaient de loin, parfois de très loin … d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas. Du coup, chaque fois qu’un autocar ( on ne disait pas encore « car » à l’époque ) franchissait la grille d’entrée du Centre Millennium, il générait toutes sortes d’émotions et forcément, des attroupements s’organisaient, comme sur les photos en annexe.
Quand le véhicule amenait de nouveaux « vacanciers », c’était surtout la curiosité qui prédominait : « Qui sont les nouveaux arrivants ? À quoi ressemblent-ils ? Est-ce que ceux de l’année passée sont revenus ? Allons-nous nous entendre avec eux ? Sont-ils aussi sympas que ceux de la dernière fois ? ». Cette curiosité qui nous animait était cependant teintée d’un brin d’inquiétude, il faut bien l’avouer : « Ils ont l’air nombreux, aurons-nous assez de place pour loger tout le monde ? Ne devrons-nous pas changer de chambre et nous serrer ? Jusque-là, on avait nos aises … pourvu que ça dure ! ».
Nous tentions alors, de deviner, à travers les vitres qui étaient les enfants ou les adolescents … Ce n’est pas seulement les enfants et les ados du car qu’on essayait de deviner à travers les vitres, on essayait aussi de savoir combien d’adultes les accompagnaient. Avec l’expérience, on avait appris que si le nouveau groupe était trop bien organisé et suffisamment encadré, il finirait par nous imposer son mode de fonctionnement ; et nous, on n’avait pas trop envie qu’on nous impose d’autres habitudes. Et quand ils commençaient à descendre, on tendait l’oreille, histoire d’apprendre s’ils parlaient mieux polonais que nous.
Au bout de quelques minutes, à force de dévisager un par un chacun des arrivants, on pensait reconnaître celui-ci ou celle-là : « On dirait que c’est Hania ? Lui, il ressemble beaucoup à Andy … mais je ne suis pas sûr. ». Les premiers contacts étaient réservés, voire prudents. Il ne fallait pas brusquer les choses. Et par où commencer ?
Heureusement, les valises des filles étaient toujours là pour nous offrir une bonne occasion de créer les premiers contacts : elles étaient tellement lourdes qu’on en profitait pour proposer notre aide … c’était la meilleure façon d’établir les premiers liens et la meilleure des entrées en matière …
Le même soir, toutes les inquiétudes et tous les a priori avaient disparu ; c’était comme si on se connaissait depuis toujours.
Par contre, quand le même autocar venait rechercher nos nouveaux amis, c’est la tristesse qui prévalait. On s’en voulait de n’avoir pas suffisamment passé de temps avec eux, de n’avoir pas eu le cran d’avouer, à celle-ci, combien elle allait nous manquer et à celui-ci, les sentiments qu’il nous inspirait. Et le temps était passé tellement vite … On se prenait à rêver que le moteur refuse de redémarrer ou qu’un incident suffisamment grave empêche le départ. Juste gagner encore un jour … une soirée … quelques heures. Mais le miracle ne s’est jamais produit. Tout au plus, le car repartait avec quelques dizaines de minutes de retard par rapport l’horaire prévu. Ensuite … le parc nous semblait soudain, tellement vide …
Parfois, quand un autocar franchissait la grille, à vide, ce n’était pas pour amener ou emporter des enfants, il venait nous chercher tous pour faire une excursion ensemble quelque part dans les Ardennes. Ça n’arrivait pas chaque année. Nous embarquions alors tous, excités et curieux, pour une fois qu’on allait promener sans devoir marcher. C’est ainsi qu’on a pu découvrir quelques destinations plus ou moins insolites. Eveline et moi, nous nous souvenons d’avoir visité, avec la colonie, Coo et sa cascade, mais aussi l’entreprise de mise en bouteille de Spa.
Ce qui nous avait marqués lors de cette visite, c’était le bruit infernal des milliers de bouteilles de verre ( à l’époque, elles étaient toutes en verre ) qui s’entrechoquaient les unes contre les autres sur les immenses tapis roulants de la chaîne d’embouteillage. On se demandait comment des travailleurs pouvaient supporter pareille tintamarre ? C’était épouvantablement assourdissant et désagréable. Je me demande si ce n’est pas là que j’ai été définitivement dégoûté de … boire de l’eau ?
19/03/2018 – JP Dz






