Aujourd’hui c’est, pour moi, un jour un peu spécial …
Je m’excuse déjà de me mettre ainsi à la lumière et de prendre … toute la place dans le lit.
Je serai, sans doute, encore plus nostalgique que d’habitude …
Pardonnez-moi … mais aujourd’hui c’est, pour moi, un jour un peu spécial …
Hier ( avant-hier ? ), c’était le temps de l’enfance ( photos 65 ; 90 ).
Je courrais encore en culotte courte dans le parc de Comblain. Je m’y vois encore.
Mais je revois aussi – déjà – Ks Kurzawa qui m’appelle et qui m’explique qu’il a un énorme problème avec le groupe des petits allemands. Le moniteur est seul et débordé. Il n’en sort plus … « Et toi, Janek, tu n’as pas encore l’âge d’être sous-moniteur, mais tu fais preuve de tellement de maturité … j’ai tout de suite pensé à toi pour … blablabla ».
Je me suis fait avoir comme un enfant de chœur ( que j’étais par ailleurs ). J’ai laissé mes copains continuer à s’amuser et j’ai assumé. C’était la fin de l’enfance. Le début de la vanité ?
Les quinze derniers jours de la colonie, je les ai passés à balader des « un-peu-plus-jeunes-que-moi » avec qui je n’avais que 5 mots en allemand à échanger. Mais ce n’était pas le pire. Le pire, c’était cette odeur d’urine dans laquelle ma nouvelle chambre baignait ; j’ai mis très longtemps à me débarrasser de cette odeur. Merci encore pour la promotion …
Hier encore, c’était le temps de l’adolescence.
C’était loin d’être désagréable. J’avais l’impression d’être pris au sérieux, d’être mieux considéré.
J’montais des échelons … j’prenais du grade … j’pouvais enfin dire « Maintenant … je sais ».
Et pourtant, je ne savais rien … et même si c’était énervant de voir si souvent Ks Kurzawa … juste derrière … au moindre petit évènement … finalement … quel soulagement ! ( 106 ; 364 ).
Hier encore, c’était le temps de la jeunesse ( 365, 366, 367 ).
La mienne fut polonaise, colorée, folklorique, virevoltante, responsable et passionnante.
La vôtre aussi. Nous nous sommes rencontrés souvent.
C’était le temps du « góralski » et de la souplesse, le temps des « kaftan » et des plumes de paon, le temps des bottes rouges et des applaudissements.
C’était le temps des traditionnelles Majówka à Comblain-la-Tour. Moi, j’attendais fébrilement ces fins d’années scolaires qui se terminaient si bien, avec tous les autres KSMP, à Comblain.
Hier encore, c’était le temps des premiers émois … de l’Amour que j’ai rencontré dans le parc, le long de l’Ourthe, un jour de juillet.
C’était le temps des petits baisers qu’on s’échangeait furtivement dans l’arbre aux singes ou dans le petit bosquet du côté du chemin de fer. Et puis, on rentrait au réfectoire, main dans la main, en pensant que jamais rien ne pourrait jamais nous arriver … et en essayant d’être discret …juste assez que pour être sûr que tout le monde nous voyait.
Et quand j’avais envie de lui voler – par surprise – un dernier « petit bisou », alors qu’elle était déjà remontée dans sa chambre, je m’assurais que la voie était libre, que personne ne nous avait épié, que Ks Kurzawa était assez loin, que je pouvais enfin m’élancer dans la cage d’escalier … mais – malgré toutes mes précautions – à chaque fois, à chaque fois … à chaque fois, j’étais à peine sur la deuxième marche qu’une main s’abattait sur mon avant-bras !
Avant même de me retourner, je savais déjà à qui appartenait cette main. Pourtant je l’avais vu, à peine quelques minutes plus tôt, dans le fond du réfectoire. Comment faisait-il ? Je me retournais lentement en suivant la main … la soutane …l’épaule … et Ks Kurzawa qui me regardait … même pas fâché … même pas en colère. On aurait dit comme de la lassitude dans son regard.
Au bout d’un moment, il disait : « Janek, Janek, où tu vas encore ? ». Il n’attendait pas de réponse. Il savait bien vers où je tentais de m’élancer. Pour faire bonne figure, je baragouinais une réponse du genre « J’ai prêté mon pull hier soir, et j’en ai besoin ». Mais aucun de nous deux n’y croyait … surtout qu’il faisait 30° dehors. Alors, je repartais dans le parc, tout seul et désespéré, en ruminant contre cette main si castratrice.
C’est à ça que je pensais – ce 28 juin 80 – quand j’ai vu, encore une fois, cette main se lever devant moi … Cette main qui m’avait si souvent freiné dans mon élan. Mais heureusement … cette fois-ci, elle s’élevait seulement pour nous bénir. J’ai eu envie de crier à Ks Kurzawa « Alors, mon vieux, c’est lequel de nous deux qui a gagné maintenant, hein ? ». Mais je savais déjà que c’était « tous les deux qu’on avait gagné » ( 368 ; 369 ).
Excusez-moi encore d’avoir été si long … si personnel … si mélancolique …
J’avais envie de me retourner un peu et de sourire à tout ça. Et pas seulement de sourire.
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que vous êtes très courageux. Bravo, je vous félicite … et merci.
Aujourd’hui, c’était pour moi un jour un peu spécial. Aujourd’hui … 6 juin … j’ai 60 ans.
Upływa szybko życie,
Jak potok płynie czas,
Za rok, za dzień, za chwilę,
Razem nie będzie nas.
I nasze młode lata,
Popłyną szybko w dal,
A w sercu pozostanie
Tęsknota, smutek, żal …
06/06/2016 – Jean-Pierre Dziewiacien









Salut Jean Pierre
Bon anniversaire.
Alexandre
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