Comblain-la-Tour, ce n’était pas seulement les colonies…
Pour que les enfants, qui venaient en colonie, puissent avoir un encadrement de qualité, Polska Macierz Szkolna a décidé d’organiser des cours pour les futurs moniteurs et monitrices.
Ce type de cours a été organisé à plusieurs reprises.
Son but, former les adolescents que nous étions à toutes les facettes du métier.
Ces formations se déroulaient durant les vacances de Pâques.
Pour nous, qui ne connaissions Comblain-la-Tour que durant les vacances de juillet / août, et avec tous les enfants, se retrouver à la sortie de l’hiver en petit comité, c’était une expérience nouvelle.
Notre première impression a été : « Mais il fait froid à Comblain… ». C’était presque comme-ci dans notre inconscient, ce n’était pas possible. Comme-ci l’hiver ou le printemps n’avait des effets que chez nous, à la maison, mais pas à Comblain !
Une fois cette donnée nouvelle assimilée, nous avons pris possession de l’espace. Quand on est si peu nombreux, la maison et le parc semblent encore plus vastes.
Mais assez vite, les cours ont commencé. Les professeurs se succédaient avec un programme intéressant.
Il y avait différentes matières : l’apprentissage des chants polonais, la préparation de sketches pour animer les feux de camp, des conseils pour capter l’attention des plus jeunes, mais aussi un peu d’histoire polonaise et de littérature.
Même si nous n’étions pas toujours aussi attentifs qu’il aurait fallu, ce qui nous a été enseigné alors est resté gravé dans nos mémoires. J’en veux pour preuve ce petit poème de Mickiewicz qu’il a fallu apprendre par cœur et qu’il m’arrive encore aujourd’hui – 40 ans plus tard – de réciter : « Litwo, ojczyzno moja. Ty jesteś jak zdrowie. Ile cię trzeba cenić, ten tylko się dowie, kto cię stracił ». Les cerveaux des jeunes sont ainsi faits, ils captent, enregistrent, conservent, et sont capables de ne jamais oublier ce qui les a touchés.
Personnellement, ce qui m’a le plus touché durant ces premiers cours, c’est Mr Léon Czak.
Sa présence parmi nous était tellement naturelle que plus personne ne faisait attention à lui. Il faisait partie des « équipements » de Comblain ; comme Pan Jan et Mr Bardo. Il était omniprésent et toujours occupé à réparer ceci, à entretenir cela. D’ailleurs, son apparence et ses tenues de travail prouvaient que l’homme était indispensable aux fonctionnements de la maison polonaise. J’ajoute que sa bonne humeur et sa disponibilité le rendaient infiniment sympathique.
Et puis un beau jour – alors que le matin il avait encore travaillé à réparer je ne sais quoi – nous l’avons vu redescendre de sa chambre propre comme un sou neuf… dans une tenue impeccable… légèrement parfumé…
Il s’est présenté à nous comme notre formateur de premiers soins ! Nous étions… ébahis.
Il nous a expliqué être membre bénévole de la croix rouge et parfaitement habilité à transmettre ses connaissances. Et le cours a commencé. J’en garde un souvenir délicieux. Mr Czak nous a captivés.
Ses explications étaient lumineuses. Quand le moment est venu d’apprendre les gestes qui sauvent, il a usé d’une délicatesse exceptionnelle ; plaçant des mouchoirs entre ses mains et les torses des volontaires ; simulant les bouches à bouches avec tellement de tact et de circonspection qu’on aurait dit un papillon sur une fleur fragile.
Depuis ce jour-là, mon regard sur Mr Léon Czak a changé. Pour moi, il est resté… un grand Monsieur.
15/02/2016 – Jean-Pierre Dziewiacien




