Cette carte postale ( photo 201 ), en noir et blanc, est bien connue. Elle faisait partie des cartes postales qu’il était possible de se procurer chez Mr Bardo.
Écrire à ses parents pour les rassurer, c’était presque une obligation.
À cette époque-là, les GSM et autres gadgets technologiques n’existaient évidemment pas.
Très peu de parents étaient raccordés au téléphone ; alors pour communiquer, nous n’avions que ça … les cartes postales … et de temps en temps une petite lettre.
Du coup, les photos reprises sur ces cartes, on s’en rappelle très bien. Elles font partie de notre mémoire.
Le rocher de la vierge est un grand classique.
Il faut dire que cette falaise a toujours réveillé en nous des émotions multiples :
– le danger d’abord ; tous ceux qui l’ont gravie connaissent l’extrême difficulté de l’ascension.
– le courage ( ou l’inconscience ? ) ensuite ; braver le danger, monter malgré tout, faire fi de la difficulté, n’est-ce pas la définition de l’adolescence ?
– l’orgueil d’avoir vaincu la montagne.
– le plaisir de la transgression : « c’était interdit, mais nous l’avons fait ».
– le défi de raconter ses exploits à des adultes en insistant bien sur le danger …
Rien d’étonnant que cette image a eu du succès. « Regarde maman, on est monté tout en haut … ».
Rétrospectivement … j’ai des sueurs froides en pensant à tout ce qui aurait pu arriver. Quand on en reparle entre Anciens de Comblain, tout le monde s’accorde à dire que notre inconscience était infinie.
Combien de fois n’avons-nous pas fait escalader ces pentes abruptes à des enfants très jeunes. Je les vois encore s’agripper là à une touffe d’herbe, là à un buisson, là à un caillou … et arrivés, près de la vierge, se coller contre la paroi tellement le passage était étroit.
À ma connaissance, aucun accident n’est jamais arrivé. Sans doute que la Vierge veillait sur nous.
Je sais que ce n’est pas une bonne excuse, mais … tous les enfants qui ont gravi cette falaise en gardent un souvenir impérissable.
Personnellement, je suis monté là-haut pour la dernière fois en février 1989 ( j’avais 33 ans ) lors d’un week-end prolongé que nous avons passé, avec un groupe d’amis, à la maison polonaise de Comblain-la-Tour.
J’y suis allé seul. C’était comme un pèlerinage. L’ascension m’a paru encore plus dangereuse.
Mais arrivé au sommet, quel bonheur ! C’est de là que la vue sur la maison et le parc est la plus incroyable.
Je savais déjà que c’était la dernière fois que je montais ; que plus jamais je n’aurais l’occasion de contempler ce panorama si cher à mon cœur. J’ai mis longtemps avant de redescendre. En descendant, je me suis fait peur et j’ai pesté contre mon imprudence. Je me suis juré de ne plus remonter … et je suis devenu… « vieux ».
Le meilleur moment pour déplacer les montagnes, c’est l’adolescence.
07/12/2015 – Jean-Pierre Dziewiacien







